TEST
[Test à la bourre] Hatoful Boyfriend
J'aurais dû me sentir sale. J'aurais dû me dire, « pourquoi achèterais-je un dating-sim bien niais où ils ont juste remplacé les protagonistes par des piafs, ça va être marrant 5 minutes puis je vais désinstaller ? ». J'aurais pu aussi passer à côté d'une des prods japonaises les plus débiles et intéressantes de ces dernières années.
Bienvenue à l'institut St. Pigeonation, où, selon la devise, « The most splendid and greatest academy of the pigeon, by the pigeon and for the pigeon ». Vous jouez le rôle d'Hiyoko, la seule humaine de l'établissement, mais également chasseuse-cueilleuse qui vit dans une grotte et qui va, au fil du scénario et des choix, tomber amoureuse d'un des protagonistes. Sera-ce Ryouta, le meilleur ami, pigeon à la constitution faible qui passe son temps à l'infirmerie ? Sera-ce Nanaki, le professeur, caille narcoleptique ? Sera-ce Sakuya, le collègue de classe, pigeon queue-de-paon hautain fraîchement débarqué de France ? Ou encore l'un des nombreux autres personnages à la personnalité bien distincte mais tout aussi débile ?Remarque : le Japon est un pays extrêmement strict sur la drogue. On se demande bien pourquoi.
Vous allez donc passer plusieurs semestres à l'institut, découvrant un à un les personnages et faisant des choix qui vont déterminer avec qui vous allez finir. Vous avez régulièrement le choix entre trois types de cours qui vont augmenter l'une de vos trois stats (l'héroïne, qui est un peu conne et niaise comme dans tout manga jap qui se respecte, commence avec plus de vitalité que de charisme et d'intelligence) et peser dans le résultat final. Un dating-sim classique en quelque sorte, mais qui fait la part belle à la parodie. Chaque personnage est au final un cliché de manga jap' et il faut avoir une affinité avec les manga ou les rpg japonais pour en saisir toute la saveur. Ou être un ex-fan de truc japoniais repenti comme votre serviteur (être élevé avec le Club Dorothée et FF7, ça laisse des séquelles).
Hatoful Boyfriend est somme toute un jeu complètement con qui fera sourire les gens le temps d'une partie. Parce qu'il y a 14, oui, 14 fins, et je vous le demande, qui se taperait les 14 fins d'un dating-sim, fût-il parodique ? C'est bien légitime. Si toutefois vous étiez un otaku sociopathe, un bouton d'avance rapide est présent et deviendra vite votre meilleur ami.
Vous avez continué à lire en dessous de cette conclusion ? Félicitations ! Maintenant on passe aux choses sérieuses, enfin aussi sérieux qu'un jeu japonais puisse être. Le mec qui a développé ce jeu a introduit un bonus caché dans le jeu, et quand je dis bonus, je ne vous parle pas d'un easter egg genre « coucou, merci d'avoir acheté mon jeu, tiens, un concept-art moisi en cadeau ». Non, un bonus du genre « tiens, et si je rendais la moitié de mon jeu inaccessible aux gens qui s'arrêtent aux premières impressions » ?
De prime abord, le scénario de Hatoful Boyfriend est complètement débile, avec des éléments de scénario par-ci par-là qui semblent complètement aléatoires et mis là juste pour contribuer à l'ambiance parodique. Pourtant, il ne faut pas creuser bien loin pour avoir des trames scénaristiques avec un accent étrangement glauque. Pas totalement niaises, pas totalement parodiques, pas totalement sérieuses ; on a vite fait de mettre ces éléments sur le compte du « Cherche pas, c'est japonais », à tort. De même, chaque fin débloque dans un menu un extrait d'une archive de l'institut, dont certains font référence à des choses dont on a aucune idée et qui ne semblent n'avoir rien à voir avec le jeu.
Je me refuse ici d'en révéler plus, pour laisser aux joueurs la surprise de la nature du bonus et de comment y arriver. Sachez simplement que presque tout dans ce jeu a en fait une raison (à part quelques trames qui sont, pour le coup, 100 % à l'ouest).
Pour peu qu'on s'acharne un peu, Hatoful Boyfriend se révèle être un jeu qui zigzague avec brio sur la frontière entre parodie et premier degré, mais toujours avec l'excentricité (la débilité ?) dont seuls les Japonais sont capables. Ce qui en fait un des jeux nippons les plus intrigants de ces dernières années et, à vrai dire, probablement l'un des plus intéressants aussi, pour peu qu'on ait été un jour réceptif aux scénarios de JRPG. Définitivement fâché, croyais-je, avec les japonais depuis cette bouse de FF13 et ses personnages tellement niais et clichés qu'ils en devenaient irritants, il a fallu un dating-sim avec des pigeons pour me réconcilier. Bon, je vous laisse, j'ai rendez-vous avec mon psy. Ouais il est chiant, en ce moment il veut me voir toutes les demi-heures.