TEST
Star Fox Zero
Plus de 10 ans après le dernier épisode (hors spin-off), la série du renard de l’espace revient sur Wii U après un développement semé d’embuches. Aidé par PlatinumGames Inc., Nintendo met enfin en orbite Star Fox Zero, porté par un gameplay asymétrique poussé par Shigeru Miyamoto. Vrai renouveau pour l’équipe de Fox McCloud ou déception galactique ?
Star Fox 64 U
Autant le dire tout de suite, Star Fox Zero est une grosse réinterprétation de Lylat Wars / Star Fox 64. Episode qui, soit dit en passant, est le plus apprécié de la série par ses fans, tant par sa difficulté, sa faculté à nous faire revenir pour repartir dans l’espace, ses différents parcours que l’on peut faire en une après-midi, que pour ses personnages attachants alors que le scénario n’est clairement pas une priorité pour la série.D’ailleurs, on ne joue pas à Star Fox pour son scénario. C’est un fait et on retrouve vite ses marques dans ce Star Fox Zero. Une fois de plus, l’empereur Andross déclare la guerre au système de Lylat, l’univers de la série, et espère bien dominer le monde une bonne fois pour toutes, tout en se focalisant sur la planète Corneria contre qui il a une dent.
Le général Pepper, encore et toujours aux commandes de l’armée de Corneria, fait appel à l’équipe Star Fox, puisqu’il a encore une défense en mousse. On se retrouve une fois de plus dans la peau de Fox McCloud, accessoirement fils de James McCloud, l’ancien chef de la Star Fox il y a de nombreuses années, afin de partir à l’aventure et sauver le monde en blastant à tout va. Le reste de l’équipe n’a pas changé, avec Falco Lombardi l’as du pilotage, Slippy Toad faisant office de mécanicien et enfin, le vieux lapin Peppy Hare qui ne compte plus ses heures de vol.
La suite de l’histoire est déjà écrite depuis le premier épisode datant de 1993, et ce n’est pas l’ajout de Katt Monroe qui fait passer la pilule. En clair, il s’agit là d’une petite déception même si Nintendo est un habitué du genre. Raconter encore et toujours les mêmes histoires, avec quelques différences scénaristiques, c’est un peu sa marque de fabrique. Et heureusement, tout cela est vite oublié lorsque l’on prend les commandes d’un vaisseau Arwing.
Deux écrans, deux cerveaux
Nintendo et PlatinumGames auraient pu faire simple en développant un Star Fox bête et méchant en reprenant le gameplay des anciens épisodes, le tout agrémenté de jolies textures HD pour faire plaisir au grand public. Mais il n’en est rien. Lorsque l’on connait le fonctionnement de Shigeru Miyamoto, on sait très bien que le monsieur n’aime pas spécialement ressortir ses vieilles séries juste comme ça, pour le fun, sans apporter un vent de fraicheur. D’ailleurs, on attend toujours le retour de F-Zero, non ?La principale idée de gameplay tient bien évidemment dans le fait d’utiliser ce pourquoi la Wii U était initialement sur le marché : le gameplay asymétrique. Derrière ce nom un peu barbare se cache pourtant l’une des idées les plus cool de Nintendo et pour Star Fox Zero cela se matérialise assez facilement. Sur l’écran de TV, nous retrouvons la configuration classique, à savoir notre vaisseau traversant un niveau en 3D comme dans un rail shooter, le tout avec des ennemis un peu partout et quelques bonus savamment placés. Il est donc de notre devoir de pilote d’Arwing de dézinguer tout ce qui passe à l’écran à l’aide de notre canon laser T&B-H1 et autres bombes, tout en faisant quelques petits loopings et barrel rolls qui vont bien afin de se défaire d’un ennemi un peu trop collant.
Et justement, certains ennemis sont bien plus habiles qu’habituellement, n’hésitant pas à user et abuser de virages secs et loopings. C’est à partir de ce moment, celui où on galère à l’atteindre avec nos lasers, que nos yeux se focalisent sur l’écran du Wii U Gamepad. Ce dernier affiche la vue cockpit et donc, une vision bien plus précise puisque plus rapprochée. En plus de cela, la visée peut être ajustée à l’aide du gyroscope du pad, comme dans un certain Splatoon, qui a su faire ses preuves. Evidemment, le fait de jongler entre l’écran de TV et l’écran du pad n’est pas simple, mais à moins d’avoir un problème physique, ce n’est pas une chose insurmontable. C’est d’ailleurs assez surprenant de se retrouver à stresser sur ses manœuvres et bien souvent, réussir à se sortir d’une situation assez compliquée est vraiment gratifiant.
Par contre, cela ne se fait pas sans mal. Si dans les phases de jeu classique, le réticule de visée suit bien les mouvements de l'Arwing, que ce soit en vue TV ou vue cockpit, il arrive très fréquemment que celui-ci soit totalement à la ramasse lors de l'entrée dans une arène en mode de combat ciblé. C’est d’ailleurs dans ce genre de phase de jeu, utilisée dès que l’on affronte un boss de niveau, que l’on se sert le plus régulièrement du tir concentré à mini-tête chercheuse permettant de locker un ennemi et de lui envoyer une charge d’énergie. Malheureusement, c’est moins puissant que le tir simple, mais au moins, ça dépanne le temps de recentrer la visée en appuyant une fois sur le stick gauche. Et même là, c’est compliqué, puisque si par malheur, vous ne tenez pas correctement votre manette, la visée sera ajustée via cette même inclinaison. Une vraie galère, surtout que les boss ne sont pas du genre à nous laisser du repos.
En plus de cela, pour certains boss, la visée au gyroscope est une chose qu’il faut absolument utiliser. Concrètement, les modes de jeu dans les arènes libres sont entre le plaisir et la prise de tête. Il faut contrôler nos trajectoires sur l’écran de TV, se focaliser sur l’écran du gamepad pour mieux viser, tout en réajustant ce fichu viseur qui part en live à chaque virage, sans oublier de se repérer dans les niveaux. Un vrai casse-tête pour certains joueurs et un plaisir qui tombe à l’eau.
Star Fox Transformers
La seconde bonne idée de gameplay est le fait de pouvoir transformer son vaisseau à n’importe quel moment. L’idée est dans les cartons depuis un Star Fox 2 annulé, mais il est enfin possible de passer de l’Arwing, le vaisseau emblématique de la série, au format Walker, un petit engin bipède ressemblant comme deux gouttes d’eau à un vélociraptor mécanique. Une mission peut commencer par un combat aérien en Arwing, volant dans les airs en esquivant les tirs, puis continuer en Walker d’une simple pression sur un bouton afin de réussir un objectif précis, puis repartir dans les airs aussitôt, le tout dans une fluidité assez incroyable pour ne pas péter le rythme.Se transformer en Walker peut aussi changer le cours des choses. Certains chemins alternatifs ne s’activent qu’en passant à certains endroits accessibles uniquement en Walker. Et certains boss peuvent être détruits de différentes manières, en Arwing ou en Walker, procurant une vraie variété au crédit de la replay value.
Outre cette transformation, on retrouve un vieil ami des zones bourrines, le tank Landmaster. Toujours aussi maniable en ligne droite, sauf dans les zones d’arène, ce char d’assaut peut lui aussi se transformer en Gravmaster, une version volante de ce gros engin mais utilisant une jauge d’énergie. De ce fait, il faudra l’utiliser avec parcimonie, notamment pour les chemins alternatifs.
Il faudra aussi compter sur le Gyrowing, un petit drone pouvant déployer un robot appelé Direct-i, rendant hommage à R.O.B le robot de la Nes, dans des missions aux objectifs plus axés sur l’infiltration. Un petit bonus sympa qui change un peu le rythme de l’aventure.
Les années 90 en 60 FPS
En revanche, s’il y a un point sur lequel Nintendo et PlatinumGames se sont plantés, c’est bien sur celui des graphismes. A trop vouloir être parfaits pour donner un affichage à 60 FPS sur la TV et le GamePad, les développeurs ont dû sabrer la technique de Star Fox Zero. Esthétiquement, le jeu n’est pas rebutant, pour peu d’aimer Star Wing et Lylat Wars, mais cela ne fait pas mouche auprès du grand public qui ne jure, bien souvent, que par le mot HD.Malgré ce désagrément, certains environnements restent très agréables à arpenter. Le premier niveau, Corneria, nous renvoie de suite dans les années 90 avec notre arrivée sur cette planète aquatique agrémentée de quelques structures ici et là entre deux montagnes. De même, Fortuna est bien loin de ce que l’on a connu sur Super Nintendo, et ici, les plantes carnivores occupent vraiment de l’espace, rendant le niveau bien prenant à parcourir. Que dire du dernier niveau, hyper speed, blindé d’astéroïdes et autres débris à éviter sous peine de se crasher en plein vol ?
Bref, tout cela sent bon, mais est pourtant bâclé par des textures baveuses, des décors très pauvres et autres effets d’un autre temps. La visite sur Titania, la planète désertique est un bon exemple : le sable est dégueulasse, les dunes ne ressemblent à rien, les décors de fond ne sont pas terribles et les effets climatiques sont désastreux. La sanction est la même pour certains ennemis tout juste modélisés, ressemblant plus à un triangle qu’à un vrai vaisseau. Ou encore les boss, tellement grands mais tellement moches et sans âme, avec des gros réticules rouges annonçant le point faible. Même dans le dernier niveau, pourtant rapide et intéressant, la sensation d’être dans l’espace n’est pas là. Elle est loin la claque de Star Wars : Rogue Squadron II sur GameCube. Pourtant, la Wii U en a clairement bien plus dans le ventre, mais la volonté d’avoir un jeu en full 60 FPS sur les deux écrans n’a pas aidé.
Quant à la partie sonore, elle a aussi le cul entre deux chaises. Les musiques haussent très largement le niveau sur la partie sonore avec une bande son orchestrale absolument fabuleuse, rendant l’action à l’écran extrêmement agréable, que ce soit au casque ou sur un ensemble audio de qualité. Par contre, il est fortement conseillé de mettre sa Wii U en langue Anglaise, sous peine de subir un doublage français assez détestable avec par exemple Slippy Toad qui se tape ce qui semble être la voix de Luke Triton, alias le gamin dans Professeur Layton. D’ailleurs, sachez aussi que les voix ne sortent uniquement que des hauts parleurs du GamePad. Un choix assez discutable, tout comme le fait de ne pas pouvoir avoir le choix des langues dans les options de jeu.
Un Replay value au poil
Star Fox oblige, le jeu se termine très rapidement en premier run. Le système de Lylat est sauvé le temps d’un petit apéro et le grand méchant de l’histoire s’en est encore pris plein la gueule. Concrètement, si vous ne mourez pas une seule fois, ce qui est peu probable, il ne faudra pas plus de 2h pour en voir le bout. Deux heures en ligne droite, c’est peu. Sauf qu’un Star Fox ne se fait pas en ligne droite.Si le grand public adepte de Call of Duty et d’Uncharted ne connait rien d’autre qu’un grand couloir avec de beaux effets graphiques, les joueurs de Star Fox savent pertinemment que chaque niveau regorge de parcours alternatifs. C’est d’ailleurs sur ce point que les transformations de l’Arwing sont bienvenues, augmentant considérablement la durée de vie du jeu ainsi que sa difficulté. Autre point positif pour les acharnés du high score, il faudra faire preuve d’habileté et ouvrir bien grands les yeux pour trouver toutes les médailles d’or planquées ici et là dans les niveaux.
Par contre, ne cherchez pas une quelconque option online dans le jeu, qui zappe totalement cette fonction pourtant importante pour de nombreux joueurs : savoir qui a fait le plus de points sur Terre. Le mode multijoueur a lui aussi sauté, au profit d’un mode coop bien mais pas top, avec un joueur contrôlant les mouvements du véhicule, tandis que l’autre se retrouve aux commandes de tirs. Un petit plus sympa pour les joueurs un peu moins bons, mais pas fondamentalement inoubliable et jouable uniquement localement. Très franchement, un mode de combat en multi local et online n’aurait pas été de trop.
S'il fallait définir Star Fox Zero, je dirais tout simplement qu’il est le meilleur jeu Nintendo 64 de la Wii U. Un jeu rempli de nostalgie, agrémenté d’un gameplay au poil de renard, le tout avec une difficulté qui s’apprivoise au fur et à mesure de nos sorties. Malheureusement, Star Fox Zero marche sur trois pattes avec un affichage graphique ne rendant pas hommage à la série, voir même un peu honteux pour un jeu de 2016 et un gameplay asymétrique maîtrisé qu’à 50%. Les idées sont bonnes, mais la forme l’est beaucoup moins. Malgré tout, Star Fox Zero reste agréable et saura contenter les fans. Pour le reste, il vaut mieux passer son chemin et partir dans une galaxie lointaine.