Batman : Arkham City
En pleine campagne pour faire fermer ce gigantesque complexe pénitentiaire qui semble menacer la sécurité de Gotham City, Bruce va être kidnappé par le Docteur Strange et jeté parmi les centaines de malfrats qu'il a probablement tous coffrés sous les traits du Chevalier Noir. Bien sûr, comme tout super vilain qui se respecte, Strange va gentiment dévoiler les grandes lignes du plan diabolique projeté par lui et ses confrères, avant de sous-traiter l'exécution de notre héros à un petit groupe de psychopathes locaux.
Après cette courte introduction, vous êtes livré à vous même. Rocksteady donne le ton d'entrée : libre comme l'air. Si ce préambule ne vous a pas donné envie de savoir ce qui se cache derrière votre premier objectif, il est d'ores et déjà possible de visiter Arkham City et balancer quelques gnons. Il ne faudra pas longtemps pour prendre ses repères si vous avez terminé Arkham Asylum : les mécaniques du précédent opus sont conservées quasiment trait pour trait. Elles sont cependant enrichies d'une poignée de nouveautés qui offrent un Chevalier Noir encore plus polyvalent aussi bien au niveau de ses déplacements que de ses techniques de combat ou d'infiltration.
L'arsenal de Batman est ainsi élargi, et c'est désormais une quinzaine de gadgets qui seront à la disposition du joueur. Le système de combat, déjà très dynamique dans Asylum, gagne en profondeur avec de nouveaux coups spéciaux et la possibilité de parer jusqu'à trois attaques simultanément, rendant certaines situations de combat plus imprévisibles. Cela contribue aussi à améliorer les chorégraphies qui semblent moins artificielles : exit les truands se détachant un à un du groupe entourant la chauve-souris pour lui faire gouter leurs phalanges.
Petit regret cependant, les timings des combats ont été revus et sont bien plus faciles qu'avant. En maitrisant parfaitement Batman, toute menace pouvant nuire au joueur sera très vite éliminée, d'autant que de nouveaux coups permettent de détruire les armes, qui représentaient un véritable danger dans le premier épisode. Pour retrouver cette difficulté il faudra prendre les commandes d'une Catwoman bien moins polyvalente que son confrère justicier, mais ces phases s'avèrent finalement très courtes - on y reviendra plus loin.
Avec un inventaire et des mouvements boostés aux amphétamines, il fallait que le terrain de jeu évolue. L'asile divisé en petites zones linéaires laisse place à Arkham City, une mini-ville a part entière sans temps de chargement. Ce gigantesque hub gorgé de détails et de vie propose des phases de combat et d'infiltration identiques aux zones intérieures plus dirigistes, ce qui donne une agréable sensation de continuité. C'est d'ailleurs dans cette ville que devront être résolues les missions secondaires.
Rocksteady a donc étoffé le scénario, le nombre de protagonistes et la zone de jeu, mais le studio s'est également employé à rompre avec la sensation de linéarité du précédent en offrant une douzaine de missions secondaires en plus de la trame principale, sans oublier les énigmes de ce cher Edward Nigma. Les fameux points d'interrogation à détecter dans l'environnement sont de retour ainsi que les trophées qui eux deviennent de sérieux casse-tête et demanderont d'utiliser l'ensemble de vos gadgets, votre rapidité ou timing. Avec un œil de fan, il sera également possible de découvrir quelques easter eggs dissimulés ça et là dans la ville.
Ces différentes alternatives de gameplay que vous dosez à volonté donnent droit à un jeu à la limite du bac-à-sable, mais suffisamment dirigiste pour conserver une mise en scène calibrée au millimètre près. Batman : Arkham City propose une technique irréprochable, ainsi que des situations et des environnements tous plus impressionnants les uns que les autres aussi bien en intérieur qu'en extérieur.
Avant d'avoir mis les mains dessus, on pouvait bien imaginer que Catwoman allait aussi rompre la monotonie du jeu. Pourtant, si c'est bien la jolie félidée qui ouvre bal lors d'un court prélude, elle ne fera que de brèves apparitions ressemblant plus à des cartes de défi qu'à une réelle implication dans la trame principale. Il est étonnant de constater combien la communication autour du jeu a mis en avant ce personnage alors qu'il est largement sous-exploité.
Si vous avez encore faim après avoir bouclé l'histoire d'Arkham City en une vingtaine d'heures de jeu, il vous reste toujours la possibilité de récolter des médailles lors de défis de combats ou de prédateur, ou encore de campagnes étant en fait une combinaison de trois cartes de défis différentes. Toujours pas assez ? Rocksteady a écouté ses fans et débloque un "new game +" après avoir terminé le jeu une première fois : recommencer le jeu avec toutes les compétences de Batman est un réel plaisir. Arkham Asylum n'était déjà pas avare en contenu, mais cette fois, il sera impossible de terminer l'intégralité du titre sans porter le compteur de jeu à une cinquantaine d'heures.
Malheureusement c'est justement cette variété qui est un des points noirs de cet épisode. Le nombre énorme de super-vilains et les diverses intrigues s'entrecoupant font d'Arkham City une aventure beaucoup moins sombre et plus décousue que le premier. Le final est également plutôt décevant et aurait probablement mérité plus de travail, le dernier boss étant bien moins intéressant et difficile que le précédent.