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Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii, le capitaine Crochet du droit

Développeur / Editeur : SEGA Ryu ga Gotoku Studio
J'aime beaucoup Like a Dragon, qui est ma série contemporaine préférée. J'ai joué à moult épisodes, acheté des consoles exprès pour et renommé mon Steam Deck en Yakuza Deck tellement la console de Valve est idéale pour suivre les pérégrinations d’Ichiban et compagnie. Malgré les longueurs, les bilans techniques passables, les chocs culturels (pour le dire poliment) et les gameplay approximatifs, l'environnement réaliste et la sincérité se dégageant des différents opus l'ont toujours emporté. Et l'on s'en rend d'autant plus compte quand le jeu décide de tout balancer par dessus bord pour partir directement sur un océan délirant dans cette suite direct de Like a Dragon: Infinite Wealth.
Pirate Yakuza nous conte les aventures de Majima Goro, héros de Yakuza 0 et figure burlesque de la série, se réveillant amnésique sur une plage et se convertissant dans la piraterie car c'est visiblement devenu à la mode dans le Pacifique. Il est accompagné de Noah, garçonnet l’ayant trouvé au bord de l’eau ainsi que de son père et d’autres figures cocasses. De là découle un jeu recyclant au maximum les environnements et les assets d’Infinite Wealth en les remixant sauce piraterie, inventant de nouvelles mécaniques et ressortant de la cave le système de bagarre en temps réel que la série principale a abandonné depuis l’arrivée d’Ichiban.Il vous sera donc demandé de combattre avec deux styles différents sur de petites îles, à Honolulu et lors des abordages, ainsi que de conduire un bateau pirate qui se traîne la poupe. Ajoutez à cela d'autres mini-jeux et vous obtenez un épisode entièrement tourné vers les blagues, l'absurde et la légèreté en sacrifiant le scénario et les émotions. Si cela permet de faire une pause dans la dramaturgie de la série principale, c’est aussi le cocktail parfait pour souligner les défauts de la série.

Ys et eau
Le début du jeu est donc une purge de deux-trois heures nous présentant les nouveaux personnages, globalement peu intéressants et aux motivations absurdes, ainsi que les nouvelles mécaniques, comme la navigation. En effet, Majima s'empare d'un rafiot en début de jeu, qu'il renomme aussitôt le Goromaru. Les phases en bateau nous demandent d’explorer des couloirs maritimes en suivant les courants et en combattant les navires ennemis. Le jeu nous propose de temps en temps de débarquer pour de petits donjons débouchant sur un trésor et de la bagarre. Pirate Yakuza a globalement pillé ce pauvre Ys X: Nordics qui n’avait rien demandé pour en copier ses mécaniques en moins bien. Les combats navals finissent d’ailleurs par être au centre du scénario car l’un des objectifs est de devenir le champion de l'arène des bateaux pirates. Le tout est entrecoupé de phases de discussion et de tutoriaux et j’ai failli lâcher l’affaire assez vite. L’empilement de mécaniques bancales fonctionne quand un récit prenant lie le tout, ce qui n’est malheureusement pas le cas au début de l'aventure.
Le titre finit malgré tout par trouver un équilibre lors de l’arrivée à Madlantis, le tout nouvel environnement de 5m² et surtout lors de notre retour dans un Honolulu rempli ras la gueule d’activités annexes, de malandrins à tabasser et de marins à recruter. Les quêtes annexes signatures reviennent, sont toujours aussi drôles et touchantes et permettent de retrouver des visages connus. En outre, l’humour du jeu commence à prendre car le décalage entre la piraterie et la modernité urbaine amène de nombreuses situations délicieusement rigolotes. Il est de plus possible d’y customiser notre Majima (une première dans la série, j’ai l’impression) et de cuisiner à divers endroits. Les combats en temps réel font le taf, apportent des nouveautés, comme le fait de pouvoir comboter en l’air, mais ils manquent globalement de punch et de précision comme ils l’ont toujours été avant que la série ne se tourne vers le tour par tour.

En ai-je Majimarre ?
Si le scénario est en retrait, reste alors l'ambiance pirate-débile avec chansons intégrées, le plaisir de retrouver des personnages et des lieux connus, mais le manque d'implication émotionnelle plombe un peu l'affaire. Cela vient du scénario mais peut être aussi du personnage de Majima. Si Yakuza 0 lui avait donné de la profondeur, le reste de la série l'a surtout érigé en bouffon peu crédible et dont les agissement ont finalement assez peu de conséquences sur la trame des épisodes dans lesquels il apparaît. Je me sens assez peu connecté avec ce personnage, au contraire de son anikii Saejima dans Yakuza 4 et 5. Pirate Yakuza se vit donc comme une grosse compilation de mini-jeux avec moult jauges à remplir plutôt que comme un drama agrémenté de plaisants à-côtés. J'ai detesté au début et puis, à force de blagues, d'activités rigolotes et d'habillages visuels et sonores over the top, je me suis laissé séduire. Je n'ai pas adoré mais j'ai passé un bon moment au final.
Si la série ne sortait des nouveautés que de temps en temps, ça serait moins gênant mais avec quasiment plus d’une sortie par an, le rythme commence à devenir intenable. Je suis la série depuis longtemps mais il me reste à faire Yakuza 3 et 6, Ishin et les deux Judgment. Ce nouvel épisode-distraction me semble alors un peu étrange, d’autant plus qu’il ne se destine qu’aux joueurs ayant terminé Infinite Wealth, un jeu demandant une solide culture Yakuzesque.

Vous voulez du rab du déjà trop gargantuesque Infinite Wealth ? Alors, Pirate Yakuza est là pour vous satisfaire et vous n’êtes a priori pas des tonnes. Mais elle est peut être là la beauté de la série : elle fait ce qu'elle veut, en dépit du bon sens pour amuser la galerie en utilisant et recyclant tous les outils à sa disposition. Même si nous sommes en face d’un épisode mineur ayant peinturluré sa façade en mode piraterie parce que c’est tout ce qu’ils ont trouvé, le pouvoir d’attraction de la série finit toujours par percer.