The Binding of Isaac
Fan de Super Meat Boy, Gish, Spewer, finalement du style graphique bien barré de l'énergumène, j'avais accueilli l'annonce de son nouveau projet avec beaucoup d'enthousiasme mais je fus rapidement refroidi par les premières vidéos annonçant certes un jeu bien barré mais peu engageant d'un point de vue gameplay. Pourtant en grattant la surface, le jeu se révèle beaucoup plus profond qu'il n'y paraît.
Parlez-moi de votre mère...
Isaac est petit, Isaac est innocent, Isaac est le soufre-douleur de tout le monde. Isaac a une mère bigote et schizophrène décidée à le tuer à coup de couteau pour le salut de son âme parce que la voix du seigneur est pénétrante... Isaac s'enfuit par une trappe et se retrouve coincé dans les sous-sols lugubres de la demeure familiale.
Voilà où s'arrête le pitchcomplètement farfelu mis en scène dans une cinématique simpliste mais appuyée par le style d'Edmund - imaginez un gosse dans un hôpital psychiatrique qui dessinerait avec toute la naïveté et l'innocence de son age les pires atrocités qu'il ai pu connaître - et l'excellente musique de Danny Baranowsky (déjà à l’œuvre sur Super Meat Boy) qui vous suivra tout au long du jeu. Encore une fois elle prouve toute l'importance de la partition sonore d'un jeu, tant celle-ci participe à l'immersion et va jusqu'à changer la perception des graphismes.
Voilà où commence votre périple qui pourra s'achever aussi bien abruptement à la première salle, que lors de l’inéluctable rencontre finale avec votre génitrice au sixième niveau. Comme dans tout bon roguelike vous mourrez très souvent et vous apprendrez de vos échecs, comme dans tout bon roguelike chaque partie ne sera jamais exactement pareille...
Vous dirigez le pauvre enfant avec ZQSD, vous tirez dans les 4 directions avec les flèches (ou vice-versa pour les gauchers), SHIFT sert à déposer une bombe, A à activer un objet spécial et ESPACE à utiliser une arme secondaire. Limiter les tirs sur deux axes est déroutant et frustrant au début mais on s'y fait, même si cela rend la tâche ardue face à certains ennemis disposant d'attaques à effet de zone. Les déplacements d'Isaac permettent cependant d'influer légèrement la trajectoire des larmes.
Les sous-sols de la peur
Les niveaux prennent leur base de construction sur les donjons d'un Zeldaavec une série de salle interconnectées sur le sacro-saint principe du triptyque porte/monstre/trésor, chaque partie sera unique car tout est généré aléatoirement à la volée, le nombre de salles dans le niveau, leur architecture, les ennemis, les objets trouvables, avec deux/trois constantes : une salle avec un objet bonus, un magasin et la salle du boss de fin de niveau. Plus vous descendrez le long des 6 niveaux, plus ceux-ci deviendront complexes, piégés et infestés de monstres de plus en plus dangereux.
A cela se rajouteront des salles secrètes, des rencontres avec des mini-boss, versions améliorées des ennemis piochés dans le bestiaire hétéroclite du jeu composé de plus de 50 monstres standards et 20 bosses, tout autant d'abominations issues des précédentes portées de la mère infanticide que de clins d’œils vidéoludiques comme Gishou Bomberman.
Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort
Au départ, Isaac n'est armé que de son instinct de survie, une bombe et sa paire de... glandes lacrymales. Oui votre arme c'est vos larmes que vous enverrez à la tronche de vos ennemis. Nettoyez une salle de toute menace et quelques objets apparaîtront peut-être : des coffres, des clés pour les ouvrir, des cœurs ou pièces de monnaie en passant par des cartes de tarot et des pilules aux effets plus ou moins imprévisibles, jusqu'à des objets transformant votre apparence et améliorant les caractéristiques de votre personnage (vie, vitesse, cadence de tir, portée, dégâts).
Je vous laisse la surprise de ce qui vous attend, mais imaginez votre Isaac se coller un cintre dans le crâne pour pleurer plus vite, se faire pousser un troisième œil pour des tirs multiples, s'adjoindre les services d'un fœtus qui gravitera comme un drone de R-Type, hériter des neuf vies d'un chat en contrepartie de l'abandon de tous ses cœurs, utiliser la serviette hygiénique de mômanpour repousser les ennemis, et j'en passe... Plus de 100 objets aux propriétés qu'il vous faudra découvrir par vous-même sont disséminés mais vous ne les trouverez pas tous en une seule partie.
On prend un plaisir fou à découvrir la prochaine horreur, les caractéristiques du prochain objet WTF, on prend le réflexe de mémoriser les patternsdes monstres pour réagir au quart de tour à chaque début de salle, on détruit consciencieusement tous les feux de bois, les tas de crotte, à la recherche de pièces, ou de bombes qui nous permettront de casser les rochers qui bloquaient un coffre plus tôt ou de trouver un passage secret...
Un playthrough, si tant est que vous arriviez jusqu'à mômanet que vous parveniez à la terrasser, ne vous prendra au maximum qu'une heure, mais la rejouabilité est au rendez-vous de part tous ces mécanismes, le fait que tuer môman débloque un nouveau chapitre et de nouveaux monstres et bosses. Même ses succès ne se contentent pas d'être de simples lignes activées sur votre compte Steamselon votre progression mais débloqueront pour certains des nouveaux objets, de nouveaux personnages jouables avec leurs propres spécificités. On précisera également qu'un DLC spécial Halloween est à venir apportant son lot de nouveautés grotesques. Les parties étant rapides, riches en découvertes, on se prend à revenir régulièrement sur le jeu.