Boiling Point: Road to Hell
Le Journalisme Total, en plus de tous les avantages qu’on lui connaît, c’est de temps en temps des reportages très difficiles et dangereux à réaliser. C’est ce qui arriva par exemple à Ivan, mais aussi, et c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui, à la fille de Saul Myers qui décida d’aller enquêter sur le crime organisé en Colombie. Et ce qui devait arriver arriva : la Grand Reporter disparaît et c’est papa qui doit aller la chercher. L’occasion pour ce dernier de visiter la région et de découvrir les sympathiques rites locaux : guerre civile, corruption et trafic de drogue dans tous les sens.En théorie : GTA + Elder Scrolls = Boiling Point
La première chose à faire une fois sur place est de prendre contact avec divers PNJ afin d’en apprendre un peu plus sur la disparition de la journaliste. On en profite pour se promener dans une ville aussi laide que morte et faire connaissance avec les diverses factions présentes : gouvernement, CIA, guerilleros, mafia, … toutes sont liées entre elles à la manière d’un GTA 2, c'est-à-dire que tuer un flic par exemple vous rendra plus populaire auprès des bandits. Tout le jeu ou presque s’articule en fait autour de ce système, l’idéal étant d’arriver à être ami avec plusieurs partis afin d’avoir la paix. Une fois en bons termes avec un gang donc, il est possible d’effectuer des missions pour celui-ci afin de gagner de l’argent qui sera nécessaire à avancer dans la quête principale : retrouver sa fille. A cela s’ajoute une gestion de l’équipement propre aux jeux de rôle et une fiche de personnage avec la liste des compétences du joueur dans certains domaines. Dans la théorie, on se retrouve donc face à un GTA croisé à un RPG le tout doté d'une vue à la première personne.Boiling Point : descente aux enfers
Mais dans la théorie seulement, car en pratique Boiling Point: Road to Hell cumule énormément de défauts, à commencer par le déroulement même du jeu. Si le système de faction est intéressant sur le papier, il est bien trop limité en pratique et on se contente de devenir ami d’un gang, d’effectuer des missions pour se remplir les poches et de recommencer. Les objectifs proposés sont d’ailleurs formidablement chiants : tuer un gradé, détruire un convoi ou encore sauver des otages sont juste des prétextes pour se rendre dans une base ennemie où l’on tue tout le monde. Là, c’est encore une fois raté et tristement mou : l’IA est pathétique, les armes inéquilibrées et l’action aussi simple que répétitive. Sans faire d’effort de furtivité il est parfaitement possible de foncer dans le tas et neutraliser une vingtaine d’hommes lourdement armés sans se faire toucher. Si un réalisme poussé aurait bousillé le rythme déjà lent, un minimum de challenge aurait été bienvenu et le génocide d’une faction est plus une formalité qu’une véritable épreuve.
Par ailleurs, le gameplay souffre de trop nombreuses lourdeurs parfois issues de bonnes idées. Le fait de pouvoir améliorer ses armes et de devoir gérer l’usure de celles-ci par exemple déséquilibre en pratique beaucoup de choses : au début de la partie un coup sur trois refusera de partir mais dès qu’on aura les moyens d’investir dans un flingue neuf ces contraintes sont oubliées. Le découpage entre les différentes phases de gameplay est de plus bien mal trouvé et on perd énormément de temps à se déplacer d’un point A à un point B où l’on ne restera que cinq malheureuses minutes. S’ils étaient intéressants ça aurait à la limite pu aller, mais les routes sans surprises, les trajets trop longs et la conduite monotone font qu’on s’emmerde à conduire les différents types de véhicules proposés. Finalement, c’est juste l’occasion de savourer la superbe ambiance qui se dégage du jeu, malheureusement assez mal servie par des graphismes allant du moyen au mauvais. Au niveau sonore, c’est juste minable et aucun des bruitages présents ne parvient à convaincre.
Un autre point sur lequel on attendait Boiling Point au tournant, c'est bien sûr sa finition, qui s'avère au final digne de Söldner. Si je n’ai pas rencontré de bugs majeurs (ce qui ne semble pas être le cas de tout le monde, loin de là), la progression est fréquemment perturbée par des comportements étranges de véhicules, des coupures de son, des décors qui clignotent, des éléments de l’interface qui ne se mettent pas à jour correctement, etc. La liste est incroyablement longue et s’il est parfaitement possible de jouer c’est parfois plus pénible qu’amusant. A noter également que le moteur est particulièrement gourmand, probablement en raison de l’absence totale de chargement au cours de la partie.Ca bout, puis ça s'évapore
Mais en dépit de toutes ces lourdeurs de gameplay et problèmes techniques, il faut reconnaître que j'ai passé de bons moments, notamment au début de l'aventure. Le fait de progresser au sein d'un groupe, de se faire des ennemis et de s'identifier assez facilement au héros fait que j'avais envie de continuer, rien que pour me familiariser avec l'univers attachant et découvrir les nouveaux éléments du jeu, comme le pilotage des différents types de véhicules. Puis fatalement on se lasse face à la répétitivité des missions et de l'action, mais oublier la dizaine d'heures captivante passée à prendre en main le jeu et assimiler ses mécanismes serait négliger un aspect important de Boiling Point : le plaisir de la découverte.