Halo 2
Rejoignez la résistance, qu'ils disaient...
Halo 2 reprend l’histoire là où le précédent opus l’avait laissée. Peu après la destruction de l’anneau sacré, le Master Chief rejoint ses pairs à bord d’une station spatiale en orbite autours de la Terre. Tout fringuant dans sa nouvelle combinaison top moumoute, le super-major fraîchement débarqué n’a pas le temps de se siffler une piñacolada qu’une flotte Covenant vient jouer les trouble-fêtes, menaçant de tout faire péter à bord, et accessoirement d’envahir la Terre. Vous appelez ça une vie, vous ?
Les habitués de la série ne prendront pas deux minutes pour retrouver leurs marques. La pesanteur si particulière du premier Halo est toujours présente et, passé l’émerveillement des premiers instants, on ne tarde pas à faire parler la poudre. Il est difficile d’expliquer en quoi les gunfights de Halo sont différents des autres jeux du genre, mais il est clair que depuis le premier épisode, aucun FPS n’avait proposé de combats aussi fun. Le jeu est même bien plus nerveux qu’avant, et l’on prend un plaisir fou à dézinguer la vermine extraterrestre à tout va. Les coups de feu fusent, les grenades plasma volent et les cris de guerre des marines couvrent le vacarme des explosions, tandis que l’on vide son chargeur sur un de ces satanés Grunts. Non vraiment, l’intensité du jeu est assez extraordinaire, et la pression ne retombe pour ainsi dire presque jamais, sans compter qu’aucun chargement ne vient jamais freiner notre emphase. Autant dire qu’à ce stade, Halo 2 sent bon la bombasse ludique.
Une des grosses inconnues de ce nouvel opus concernait le scénario. Pour ceux qui l’ignorent (ou feignent de l’ignorer), le scénario du premier Halo était étonnamment riche, servi par un univers extrêmement travaillé. Quelques temps après la sortie du jeu, trois livres sont revenus sur les origines de cet univers, laissant à penser que l’histoire d’Halo 2 serait traitée avec un soin tout particulier. Si les connexions entre les livres et le jeu sont finalement plus que relatives, impossible de ne pas être admiratif devant la puissance narrative du jeu. C’est bien simple, la seule cinématique d’intro suffit à scotcher le joueur à l’écran tant l’histoire se révèle prenante et complexe. Contrairement au premier épisode, le script d’Halo 2 s’intéresse autant au camp du Master Chief qu’aux Covenants, allant même jusqu’à influer sur le gameplay d’une manière assez géniale. Impossible toutefois d’en dire plus sans gâcher les nombreuses surprises que le jeu vous réserve, alors je la ferme. Sachez néanmoins que si vous pensiez tout savoir sur Halo 2, vous êtes probablement très loin du compte. Rarement un jeu ne se sera révélé si prenant dans son histoire et son déroulement scénaristique.
My tailor is Reach
Au-delà de son scénario irréprochable, la campagne solo est également l’occasion de constater que Bungie a entendu les hurlements de ses fans et s’est appliqué à ne pas refaire les mêmes erreurs que sur Halo premier du nom. Alors j'en entend déjà qui s'insurgent contre la durée de vie un peu juste du titre, estimée à une douzaine d'heures de jeu en mode normal, mais laissez moi vous dire une chose. Vous avez des sueurs froides rien qu’en repensant au niveau de la Bibliothèque, immonde copié-collé de salles identiques à perte de vue ? Et bien prenez un Valium et calmez vos nerfs, ces séquences interminablement chiantes ont bel et bien disparu. Alors certes la campagne n'est pas extrêmement longue, mais une des qualités les plus remarquables de Halo 2 tient dans ce sens aigue du rythme que lui ont insufflé ses développeurs, et tant mieux si l'on peux éviter de se taper des niveaux mal fichus et inutiles dans le seul but de rallonger artificiellement la durée de vie. Loin d’un Medal of Honor scripté des couilles aux oreilles, Halo 2 mêle avec génie liberté d’action et mise en scène chiadée, laissant toujours au joueur le choix de faire ce que bon lui semble tout en maintenant une activité constante. De même, et contrairement à la plupart des autres shoots, les phases de tir et de conduite sont en réelle symbiose, permettant de faire respirer le gameplay tout en tirant partie de la taille respectable des maps.
Alors bon, il arrive parfois qu’un niveau soit clairement orienté autours d’un véhicule, ou que certains décors imposent une linéarité somme toute logique (qu’on le veuille ou non, un pont est un pont), mais on prend un tel plaisir à utiliser le design des niveaux pour prendre ces stupides Covenants à revers, et vas-y que je te feinte derrière la colonne et hop, une bonne grenade dans le dos… J’en frétille encore. Sans compter que pour une fois, les ennemis ne se contentent pas de jouer les cibles amorphes. Je n’irai pas jusqu’à les qualifier d’intelligents, mais l’IA est réellement surprenante. Les aliens se cachent, contournent le décor pour vous avoir par derrière… de vrais petites saloperies. Evidemment, si toutes ces joyeusetées sont possibles, c’est avant tout grâce à un level design absolument dément. C’est bien simple, où que l’on soit, il y’a toujours mille et une manière de se sortir d’une situation. On peut décider de foncer comme un bourrin ou de sniper en retrait, de se casser discretos en Warthog ou de laisser un marine conduire pour arroser l’ennemi… C’est d’autant plus génial qu’on n’a jamais l’impression d’avancer sur des rails ou de se faire forcer la main, et que c’est extrêmement motivant pour ce qui est de recommencer la campagne une fois celle-ci bouclée.
Mets-y les deux mains
Au rayon nouveautés, on ne s’attardera pas sur le désormais fameux « dual-welding », permettant de tenir deux armes dans ses grosses paluches de tueur. Sans réinventer la poudre, cette option se révèle très sympa et provoquera même quelques frissons de plaisir aux plus émotifs d’entre nous. Un magnum dans une main, un fusil plasma dans l’autre, dieu que c'est bon de se sentir puissant.
Question arsenal, Halo 2 n’est pas en reste et propose un râtelier plutôt bien rempli. L’armement Covenant, en plus des classiques fusils plasma et autres needlers, accueille désormais un snipe, une sorte de lance grenade, une carabine et, surprise, une épée plasma du plus bel effet. En revanche, rien à signaler concernant l’arsenal humain si ce n’est que certaines armes déjà présentes précédemment ont été légèrement modifiées, à l’image du magnum délesté de son petit zoom et du fusil d’assaut, aujourd’hui plus proche du Famas français du fait de ses courtes rafales et de son petit zoom. On notera également l’apparition du sympathique MP5, bien bourrin comme on l’aime.
Concernant les véhicules, c’est un peu l’orgie puisque tous les engins présents dans le jeu sont manipulables. Qu’il s’agisse du sacro-saint Warthog, du Ghost, des blindés Covenant ou du tank Scorpion, tous sont accessibles sans exception. Le genre de choses qui font plaisir... mais il y'a encore mieux. Faites péter le champagne, il est désormais possible de voler n'importe quel véhicule à son adversaire, du plus petit Ghost au Tank le plus énorme. Mais faites quand même attention, parceque si vous si vous pouvez le faire, vos ennemis le peuvent aussi...
Comme je vous sens très nerveux, attaquons sans plus attendre l’aspect de Halo 2 le plus sujet à polémiques, les graphismes. Avant toutes choses, je tiens à préciser qu’il est inutile de faire des comparaisons stériles entre Halo 2 et les derniers hits PC du moment. La Xbox est un hardware qui commence à accuser son âge, et il serait vraiment mal placé de faire des remarques douteuses à base de « les graphismes de Doom 3 il sont plus exelan » ou encore « Far Cry il p0wned Halo 2 lol ». Halo 2 tourne sur Xbox et il ne saurait être comparable à des jeux qui s’étalent sur des configurations de bourgeois. Ces choses dites, soyons clair : Halo 2 n’est peut-être pas une claque graphique au sens propre du terme, mais il est très certainement le plus beau jeu du moment, et de loin. Qu’il s’agisse de beauté formelle ou de qualités techniques, Halo 2 est bien le blockbuster tant attendu. En bref : ça tue la gueule. La taille des maps est simplement prodigieuse, pulvérisant aisément n’importe quel niveau du premier Halo, le tout sans aucun chargement, et même si les décors gardent un aspect un peu anguleux, ils sont largement rattrapé par la qualité et la diversité des textures, gavées de bump-mapping jusqu’à n’en plus pouvoir. Certes, les extérieurs s’en tirent un peu moins bien du fait de la disparition de multi-texturing, qui rendait les surfaces du premier Halo plus précises au fur et à mesure que l’on s’en approchait, mais vu l’hallucinante fluidité du jeu, on aurait tort de se plaindre, sans compter la distance de vue qui semble s’étirer à l’infini. Qu’on se le dise, ceux qui râlaient à cause du framerate capricieux du premier Halo on trouvé une bonne raison de la fermer.
En revanche, s’il est un point qui ne souffrira d’aucune polémique, c’est bien le son. Qu’il s’agisse des bruitages, de la sublime musique ou même encore des doublages français, c’est un sans faute sur toute la ligne. La qualité du son de Halo 2 recommande d’ailleurs chaudement l’usage d’une installation 5.1 tant la différence par rapport à une sortie stéréo est frappante. Une réussite éclatante, on peut le dire.
En vert et contre tous
Une des grosses promesses de Bungie était de nous offrir un mode Live de tueur, et ils se sont bien foutus de nous. Non, je déconne.
Autant dire que si vous aviez l’habitude de passer du temps sur le Live, Halo 2 risque d’anéantir les restes de votre vie sociale. L’interface à de quoi dérouter de prime abord, mais elle ne vous prendra pas la tête bien longtemps, ce n’est qu’un coup à prendre. Première chose notable, Bungie a enfin pris l’initiative de séparer les parties Optimatch des parties entre amis. Toutes les parties jouées entre amis dans le mode groupe ne génèrent aucune statistique et ne feront pas évoluer votre rang dans le classement mondial. Pour ce faire, direction l’Optimatch. Pour éviter que de petits malins soignent leurs stats en se spécialisant sur une map ou un mode, les cartes et paramètres de jeux sont générés aléatoirement, sans aucun contrôle possible. Le seul problème actuellement détecté dans ce monde concerne les temps d’attente assez longs entre chaque parties, mais gageons que cela est dû à l’extrême affluence de joueurs sur Halo 2 et que Bungie s’équipera en conséquence. Pour le reste, c’est du tout bon. Les sept modes de jeu proposent tout ce qu’un jeu online digne de ce nom se doit d’avoir, et je ne parle même pas de la quarantaine de types de parties disponibles. Le niveau atteint est vraiment orgiaque, sans compter que la qualité de la connexion est telle que le lag n’est plus qu’un vague souvenir. Décidément, il va être sacrément difficile de faire mieux. Seul ombre au tableau, l’absence de mode coopératif en ligne. On le sait depuis un petit moment, mais c’est toujours le genre de petites choses regrettables. Bah, qu’à cela ne tienne, le mode Live est tellement monstrueux qu’on aurait tort de se formaliser pour ça.
Quant aux deux trois du fond qui se traînent avec leurs 56k, rassurez vous, tout n’est pas perdu ! Les vieux briscards de Halo : Combat Evolved le savent bien, le mode multi en écran splitté n’a rien de honteux, surtout une bonne bière à la main. Alors si vous avez des amis et que vous ne savez pas trop quoi en faire, la solution est toute trouvée.
"A suivre..."
Tout comme l’hiver succède à l’été, les reproches succèdent aux louanges. Ainsi, contrairement au mode Live, tout n’est pas rose (ou violet) dans la campagne solo de Halo 2. Parce que si le mode solo est une réussite incontestable dans l’ensemble, il faut bien avouer que les niveaux en intérieur souffrent de la comparaison avec les énormes maps à ciel ouvert, et certains passages dans les sous-sols finissent pas lasser. Rien de comparable avec le gros ras-le-bol du premier Halo, mais il est bien entendu difficile pour un couloir de rivaliser avec une plaine, et il n’est pas rare de se sentir un peu à l’étroit confiné entre quatre murs, tous bump-mappés qu’ils soient. Egalement, il est triste de voir à quel point le tank a mal été exploité dans le jeu, les quelques séquences où l’on en prend les commandes n’étant qu’un prétexte à bourriner comme un porc. Ca peut être amusant deux minutes, mais se taper toute la longueur d’un pont à blaster tout ce bouge à trois mètres devant soi, c’est d’un intérêt très relatif. Alors bon, ce ne sont que d’infimes détails face aux immenses qualités du jeu, mais quand même, merde alors.
Quant à la fin du jeu, ce n’est pas qu’elle soit foncièrement mauvaise, les fins en cliffhanger sont d’ailleurs monnaie courante au cinéma, seulement au vu du scénario extrêmement développé du jeu et après une telle débauche de moyens dans les cut-scènes, il est surprenant que le final soit torché en cinq minutes. Le plus insupportable en fait, c’est sûrement que cet épilogue nous balance une quantité non négligeable de nouvelles informations juste avant de nous retirer le pain de la bouche. Qu’on se le dise, le scénariste de Bungie est un pervers. Si vous avez son adresse, je suis preneur…
A part ça, il faut bien avouer qu’il y’a peu de choses à reprocher à Halo 2, à part peut-être le fait de n’être « que » Halo 2. Vous l’aurez compris, Halo 2 est un jeu exceptionnel mais n’a absolument rien d’une révolution, même pas l’étoffe à vrai dire. L’ambition de Bungie n’a jamais été de réinventer la roue mais simplement d’améliorer une recette de qualité. Et de ce point de vue là, c’est une réussite brillante. Halo 2 est une spectaculaire mise en avant de toutes les qualités du premier Halo, servi par un scénario dantesque et une mise en scène digne des plus gros films de S-F. Ceux qui n’aimaient déjà pas Halo ne succomberont probablement pas plus à celui là, quant aux autres… enjoy.