DEFCON
Pour faire la guerre, faut l’amour
DEFCON est le troisième essai des reclus d’Introversion, qui se sont déjà fait connaître pour le simulateur de hacking Uplink et le simulateur de nostalgie informatique sous LSD Darwinia. Ici, les développeurs reviennent à un style « uplinkien » : le jeu n'est qu'une interface, en l'occurrence, une carte du monde. Du menu de démarrage à l’interface de jeu, le style est sobre et épuré, et rappelle par bien des aspects le film Wargames (un vieux film que toi, jeune, ne peux pas connaître). La musique, froide et au ton très bas, correspond parfaitement et donne au jeu un côté insensible, voire inhumain. Il faut bien ça quand on s'apprête à atomiser tout un continent.
The nuke is on the block
De fait, DEFCON tient plus du jeu de société que du jeu vidéo. Vous avez en début de partie 4 types d’unités à placer sur votre portion de continent :
*les radars, qui vous permettent de voir missiles, avions et bateaux entrant dans votre périmètre,
*les silos, qui sont par défaut en mode antimissile mais qui peuvent également lancer des ogives nucléaires,
*les bases aériennes, qui peuvent soit lancer des chasseurs (utiles pour la reconnaissance ou l’attaque de bombardiers) ou des bombardiers qui portent chacun une ogive,
*une flotte de bateaux : sous marins (qui tirent des ogives), porte-avions (même rôle qu’une base aérienne mais avec un mode anti-sous marin), frégates de combat.
Ces unités doivent être placées pendant DEFCON 5 et 4. Une fois arrivé à DEFCON 3, vous perdez celles que vous n'avez pas placées. Les ogives, elles, ne pourront être tirées avant DEFCON 1, et c’est là où la partie commence réellement.
Wargames et mourir
Arrivés à DEFCON 1, l’équilibre de la terreur s’instaure. Si vous tirez toutes vos ogives en un coup, vous pouvez être sûr que vous toucherez votre cible. Mais soyez aussi sûr que tous vos concurrents ne tarderont pas à vous annihiler, car les sites (sous-marins et silos) tirant des ogives sont automatiquement signalées sur la carte, même si on ne voit pas la trajectoire des missiles. Un sous-marin ou un silo faisant feu ne peut se défendre.
Il faut être constamment sur ses gardes et jouer de façon subtile pour finir premier. C’est un jeu de stratégie pure qui ne repose en rien sur la chance (sauf si plusieurs personnes vous attaquent en même temps, mais il faut alors compter sur les alliances pour minimiser les risques). Même le placement des silos a une incidence sur leur efficacité de tir face à un missile nucléaire, en fonction de sa trajectoire. Attention cependant, les alliances sont possibles, mais quand une alliance se constitue, tout le monde en est avisé.
Par contre, et c’est ce que beaucoup de monde oublie en jeu, détruire les silos adverses est une chose, mais le but du jeu reste d’atomiser les villes. C’est ce qui fournit des points, et c’est la raison pour laquelle on croise des bons joueurs qui finissent derniers. Et c’est aussi ça qui fait plaisir finalement, entendre des cris de terreur et des toussotements de gens agonisants.
Terriblement efficace ?
Concrètement, de par sa « simplicité », DEFCON n’a pas vraiment de défauts. On regrettera que l'Europe, de par sa superficie, et la Russie, de par son isolement, soient légèrement plus faciles à jouer que les autres. On aurait pu également apprécier une possibilité de rachat d'unités pour faire durer le plaisir. De même, les modes de jeu annexes, s'ils ont le mérite d'être présents, ne modifient que très peu l'expérience de jeu. Jugez par vous mêmes : partie en 15 minutes chrono, partie en temps réel (pour jouer au bureau), monde deux fois plus gros...c'est sympa mais au final ce sont plus des "options de jeu" que des modes à proprement parler. Mis à part ça, c’est du tout bon, et vous feriez une erreur en passant à côté.
Je tiens à signaler tout de même que la version démo est énervante en ce sens qu’on ne goûte pas à toute la saveur du jeu. Une partie de DEFCON est bien plus drôle à 6 qu’à 2 joueurs.