TEST
What The Golf? : Tigre Bois Débilos tour 2019
Ah, le golf ! Avant d’être en compétition avec le polo dans la catégorie du « vrai sport de riche », c’est au départ une idée magique : Celle de rentrer une balle dans un trou. C’est cette petite règle simple qui a très vite intéressé les développeurs. Le golf a toujours eu une place particulière dans le jeu vidéo, et ce depuis Computer Golf! sur Magnavox en 1978. Grâce à un petit ensemble de codes qui sont maintenant bien établis (jauge de frappe, science du timing etc…), chaque joueur a pu ressentir à moindre frais le frisson d’un Fer 7 taper une balle. Mais ça, c’était avant. Avec What the Golf?, la petite équipe danoise de Triband (éditée par Fig) a décidé de tout faire imploser.
Premier parcours.
On a notre balle, le trou à viser. On maintient le clic et on tire dans le sens opposé pour jauger la puissance. On relâche. La balle part dans le trou. Victoire.
Deuxième parcours, on a notre balle, le club placé derrière. On prépare notre tir, on relâche… Et le club s’envole et touche le drapeau. Victoire.
Dix-hutième parcours. On s’accroche avec notre balle armée d’un grappin à travers un niveau de plate-forme.
C’est ce qu’est What the Golf? : Un laboratoire d’idées et de concepts autour de la mécanique vieille comme le monde d’envoyer une balle dans un trou. Le « hub », dans lequel on déplace une balle à coup de « putt » vers les différents niveaux, est rempli de carrelages blancs, de fioles, d’ordinateurs, avec un style clinique qui contraste bien avec le jeu en lui-même.
Les différents environnements utilisent beaucoup les teintes pastels et des textures en aplats de couleurs (Un peu comme une oie mesquine…). Le tout est très mignon et les pistes musicales (avec beaucoup de vocalises et de choeurs) contribuent à créer une atmosphère de fanfare de l’absurde.
Chaque parcours est un « experiment », qui promet au joueur une nouvelle manière d’exploiter cette mécanique. Parfois on joue en vue de côté, souvent en vue aérienne. On ira donc jouer au foot, faire des swings dans l’espace, diriger des balles-roquettes. Les gens de goût (ou non) pourront y retrouver des références bien digérées à des licences comme Mario, Portal, Flappy Bird, Angry Birds et bien d’autres. On se gardera bien de trop en raconter sur les différents « experiments », tant leur découverte est une partie cruciale du fun. Sachez simplement qu’il y a de quoi faire, sans jamais se lasser jusqu’à la fin de l’aventure, qui reste assez courte : la blague durera entre quatre et six heures.
Dans ce grand n’importe quoi qui porte très bien son nom, la difficulté est aux abonnés absents. Chaque petit niveau comporte trois parcours tournant autour d’un même concept, chacun étant plus complexe que le précédent. Mais Tribute a bien compris que le cœur de son jeu n’est pas dans la difficulté. Il n’y a pas de nombre de vies, pas de game over. Le jeu ne calcule même pas en combien de coups on parvient au drapeau, ce qui est quand même un comble pour un jeu de golf !
What the Golf? fait un peu figure d’ovni, de pendant débile et assumé à un sport de président des U.S.A. vieillissant. Le tour de force du jeu est d’avoir toujours une petite idée, un petit twist qui relance l’interêt du joueur. Alors oui, le tout a des allures de monument absurde et les musiques sont des odes à la débilité. Mais surtout, il a cette assurance folle, presque naïve d’être sûr de toujours réussir à se renouveler. Sa sortie au sein de l’Apple Arcade est une vraie bonne idée : la maniabilité ultra-simple du jeu et ses courtes sessions se prêtent parfaitement à une consommation nomade. Ne vous étonnez pas si on vous regarde pouffer dans le métro.