Shadow Hearts : Covenant
Un cadre surprenant
Prenant le contre-pied de tous ses collègues jeux de rôle, Shadow Hearts : Covenant ne verse pas dans l’intemporalité et l’imaginaire, mais bel et bien dans un univers bien connu de nous tous, la Première Guerre Mondiale. Le jeu se déroule donc principalement dans une Europe version champ de bataille, et nous mènera également au Japon en passant par l’Union Soviétique de l’époque. Attention toutefois, si le cadre historique est globalement réel, ce n’est pas pour ça que l’on échappera aux sempiternels héros efféminés, démons et monstres de ce genre de jeu ; les développeurs ayant modifié légèrement l’histoire pour parfaire une ambiance assez unique en son genre.
La communauté de la roue
Après un petit prologue jouable qui permettra de lancer l’excellent scénario du jeu, on incarnera Yuri, déjà héros du premier opus sorti sur PS2. Ses pouvoirs d’Harmonizer lui permettent de se transformer en différentes créatures après avoir absorbé leurs âmes. Chacune de ces créatures a des capacités bien précises, à piocher dans les habituelles oppositions Lumière/Ténèbres, Eau/Feu et Air/Terre. Yuri ne sera toutefois pas seul dans son aventure, et c’est flanqué de sept compagnons parmi lesquels Karin, une ex-officier de l’armée allemande, Gepetto, un marionnettiste (sic !), Blanca le loup ou encore un vampire catcheur du nom de Joachim Valentine. Oui, c’est assez éclectique, parfois étrange même, mais ces personnages se révèlent au final si travaillés scéniquement que l’on s’y attache forcément.
Terrain connu ?
On pourrait croire au premier abord qu’en terme de gameplay, Shadow Hearts : Covenant fait dans le déjà vu en proposant une alternance entre longues cinématiques, phases de recherches et combats au tour par tour. Si fondamentalement, il ne casse pas ce schéma là, le jeu des japonais de Nautilus se distingue par ses nouveautés dans la phase cruciale et redondante des combats. En effet, déjà présente dans le précédent opus, la Roue de Jugement est reconduite ici, avec quelques améliorations notoires. Cet anneau de combat apporte un dynamisme incroyable à ces combats où le joueur est habituellement plus spectateur qu’acteur, en introduisant la notion de skill. Cette roue, différente à chaque action, présente plusieurs zones : la zone vide ou le joueur passera son tour, les zones de frappe ou le joueur produira un coup classique et enfin les zones critiques dans laquelle le joueur effectuera un super coup. Une sorte d’aiguille parcourt ce disque et c’est au joueur d’appuyer dans les bonnes zones, à la manière d’un dance game, pour effectuer un coup correct. Mieux même, on peut regrouper jusqu’à quatre personnages (soit la totalité de son équipe active) pour effectuer des attaques combinées qui durent tant que le joueur ne se trompe pas. S’il se plante en revanche, les tours de ses quatre persos sont perdus et la situation devient délicate. Cela a en tous cas le mérite de tenir le joueur en haleine, et d’apporter encore plus de stratégie lors des affrontements contre les boss notamment. Toutefois, c’est bien là la seule innovation, puisque l’on retrouve tristement le sacro-saint triumvirat sans surprise des RPG au tour par tour : Combats, recherche et cinématiques, ces dernières étant d’ailleurs d’une qualité irréprochable.
A la ramasse
Et c’est d’ailleurs dans ces cinématiques que réside la seule réussite technique du jeu, puisque le reste fait hélas honneur à la PS2 : aliasing et scintillement à outrance viennent gâcher des décors pourtant très inspirés. Pire même, les personnages assez anguleux se permettent de s’afficher avec moult bugs graphiques ou de collision. Certes le jeu date de plus d’un an, mais tout de même, un certain Final Fantasy X est passé par là et a établi une certaine exigence graphique. Enfin, la bande son n’est pas la meilleure que l’on ait entendue, malgré quelques thèmes de combat bien inspirés et une doublage anglais assez correct. Signalons enfin que le jeu est sous-titré en français, détail important pour les anglophobes.