Prince of Persia : L'âme du guerrier
Le Parc du Prince
A la fin de l'opus précédent, le Prince parvenait à rétablir l'ordre et à faire en sorte que les sables ne soient jamais libérés. Un ordre finalement assez précaire puisqu'il a modifié le cours du temps et par conséquent son destin. Il est alors traqué par une créature légendaire et mythique, le Dahaka, être invulnérable censé rétablir le cours des choses. Le Prince, traqué par le vilain pour avoir altéré passé, présent et futur, décide de se rendre sur l'île de l'Impératrice du Temps, créatrice des sables, afin de trouver un moyen d'échapper au Dahaka et détruire les fameux sables. Tel est le point de départ de Prince of Persia : L'âme du guerrier.
Ce nouvel épisode des aventures du Prince se veut résolument plus sérieux et mature. Là ou les répliques amusantes envers Farah dans Les sables du temps pouvaient prêter à sourire, ici le Prince file sans relâche dans une course désespérée pour tenter de changer son destin, qu'on lui a dit écrit et immuable. Ce changement se ressent de prime abord par le design, qui se dédouble grâce aux phases de voyages temporels, tantôt sombre et terne, tantôt poussiéreux et mystérieux à la manière des Sables du temps, mais en moins éclairé. Même si le level design est clairement moins inspiré que dans Les sables du temps, la conception des parcours est toujours aussi ingénieuse.
Le jeu prend toujours la même forme, à savoir une vue à la troisième personne animée d'une caméra que l'on pourra orienter à sa guise, mis à part les passages en des plans fixes qui seront là soit pour corser un peu le challenge, soit au contraire pour faciliter la tâche ou guider le joueur. Tout comme dans son aîné, L'âme du guerrier se compose de deux principales phases de jeux : plateforme et combat. Cependant, un aspect de recherche intervient de temps en temps mais j'y reviendrai. Le Prince se manie toujours aussi aisément et répond au doigt et à l'oeil.
Haute voltige
Course sur les murs, verticalement ou horizontalement, avec divers appuis, sauts et corniches, la panoplie de mouvements reste globalement la même. Les mécanismes et les parcours à franchir restent malheureusement assez similaires à ceux rencontrés dans Les sables du temps et pour les joueurs qui auront déjà joué ce dernier, le challenge offert par L'âme du guerrier ne sera pas très élevé. Les rebords, les échelles, les colonnes et autres mats seront le lot commun malgré des petits nouveaux tels que les cordes et des draperies, les premières servant à s'élancer en courant le long des murs, les secondes à faire des descentes plus ou moins contrôlées en rappel façon film de pirate. Redoutable. Il y a toutefois des passages assez corsés où il faudra composer avec un timing serré et des décors toujours en mouvement, user de ses réflexes et des pouvoirs des sables du temps pour triompher.
Les sables du temps, parlons en. Même si la dague a tiré sa révérence, les sables n'ont pas pour autant disparu. Présent en quantité sur l'île, autant sur les ennemis que planqués dans le décors, ils serviront toujours autant à faire machine arrière afin de réparer un saut mal effectué ou un sale coup par derrière d'un ennemi un peu trop fourbe. Le mode ralenti servira aussi beaucoup, mais pas forcément lors des passages de haute voltige. Un nouveau venu, le pouvoir du Destin. Décliné en plusieurs puissances à acquérir tout au long du jeu, il permet de repousser les ennemis présents tout autour du Prince, les faisant simplement chuter ou les pulvérisant totalement, selon l'amplitude de l'attaque. Même s'il aurait été préférable de trouver plus de nouveautés dans les passages plateformes de L'âme du guerrier, comme par exemple plusieurs chemins (il n'y a toujours qu'une et une seule possibilité pour les passages plateforme), on retrouve finalement avec plaisir les mécanismes et les pièges des Sables du temps.
Par contre, là ou les précédentes péripéties du Prince se limitaient à aller d'un point A à un point B, L'âme du guerrier innove et tente de faire oublier cette linéarité. Grâce au voyage dans le temps, il sera possible de travers des lieux dans les deux époques. La difficulté à un moment sera due au fait que les pièges sont nombreux et fonctionnels, et à un autre, où les décors en ruine masqueront les moyens d'avancer parmi les décombres et les rebords branlants. Il faudra également souvent revenir sur ses pas dans une époque ou dans l'autre et il arrivera même qu'on avance dans la direction opposée sans même s'en rendre compte. Cependant, parmi ces allées et venues, il sera possible de partir à la recherche de items cachés qui donneront accès à des artworks dans les bonus du jeu. Mais ce ne sera pas le plus intéressant à rechercher. Il faudra parfois quitter la route ou découvrir des mécanismes bien planqués pour trouver l'eau de source de vie, qui augmentera l'énergie du Prince. De plus, une surprise attendra les joueurs qui auront eu le mérite de trouver les neufs sources cachées tout au long du jeu.
Malheureusement, mais grâce à d'habiles et intéressantes pirouettes scénaristiques, le Prince devra traverser bien trop souvent les mêmes endroits et cette tentative de rompre la linéarité du jeu se soldera par une monotonie due au fait que lorsqu'on traverse une salle pour la quatrième ou cinquième fois, on commence à en avoir un peu marre. De plus, la superficie totale du jeu, si l'on fait fi des slaloms de l'histoire, se révèle au final nettement moins grande que dans Les sables du temps, un comble.
Doubles lames pas rasoirs
Pour ce qui est des combats, et c'est là que le précédent opus péchait à cause de sa monotonie, ça devient toute de suite plus sérieux. Précédemment, les coups mis à notre disposition se comptaient sur les doigts de la main : appuis sur un mur pour sauter, diverses roulades, saut par dessus les ennemis, coups basique à l'épée et diverses attaques au moyen de la dague du temps. Cette dernière disparaît au profit d'un médaillon offert par Farah qui absorbera automatiquement le sable à la place du joueur. Fort de sa main gauche libre, le Prince n'en profitera pas pour palier l'absence de Farah, bien au contraire : celle ci va servir à l'une des principales nouveautés de L'âme du guerrier, le combat à deux épées. Ajoutons à cela une multitude de mouvements en plein combat et les possibilités offertes sont alors nettement plus nombreuses. Strangulations, décapitations, parades, contre attaques, il devient alors intéressant de combattre toutes les créatures des sables qui, une fois suffisamment touchées, deviennent vulnérables à des attaques létales que l'on se fera un malin plaisir de réaliser pour le plaisir des yeux, ces dernières étant souvent accompagnées d'un petit ralenti.
Toutes ces nouvelles attaques seront d'ailleurs les bienvenues car les ennemis n'hésitent pas à attaquer tous ensembles, de directions opposées. C'est suffisamment rare pour être souligné. La panoplie d'ennemis qu'on rencontrera tout au long du jeu est assez variée et les méchants deviendront de plus en plus coriaces au fur et à mesure de l'avancement du jeu. L'armement évoluera en conséquence puisqu'on dégote de nouvelles épées, comme dans Les sables du temps. Mais ce ne sera valable que pour l'arme principale, la seconde que l'on pourra manier est à ramasser soit parmi les décombres des ennemis que l'on vient de pulvériser, soit dans des caisses d'armes. Plusieurs types d'armes secondaires sont disponibles selon le type d'ennemi par exemple, et chacune aura des capacités propres, en terme de vitesse, de résistance et dégâts, caractéristiques à découvrir parmi les appendices du jeu, accessibles à partir du menu principal. C'est ce genre de petit détail qui peut rendre le challenge offert par les combats intéressant, pour peu qu'on prenne la peine de jouer le jeu.
Certains ennemis seront plus vulnérables à des attaques à deux épées et il sera également possible d'utiliser des éléments du décor afin de pourfendre les méchants. Si le Prince n'utilise pas de deuxième arme, il pourra se servir de sa main libre pour saisir ses ennemis pour par exemple les balancer dans le vide, les étrangler ou saisir leur arme et leur trancher la tête pour en finir. Toutes ces nouvelles possibilités ouvriront des possibilités et une variété qui faisaient défaut dans Les sables du temps. Il devient alors intéressant d'adapter sa manière de découper les ennemis en rondelles selon leur type, allant de la petite vermine au Golem énorme qu'il faudra escalader afin de s'en débarrasser.
Costume princier
Techniquement, le jeu sur Xbox reste très beau, plus fin que son prédécesseur. Là où ce dernier était très fluide sur la console de Microsoft, L'âme du guerrier est sujet à quelques rares baisses de framerate. Rien de grave car plutôt que de saccader, le jeu ralentit ce qui évite de se faire dérouiller entre deux saccades et empêchera le joueur un peu nerveux d'exploser le pad dans un geste vengeur. A noter qu'un mode 16/9ème est disponible, ainsi qe le son en 5.1, deux détails très appréciables qui renforcent l'immersion, pour les joueurs équipés. Sur PC, le design prend toute son ampleur, le jeu est magnifique, les graphismes sont nettement plus fins et précis (haute résolution oblige) et le framerate ne viendra jamais faillir, pour peu que la machine qui anime L'âme du guerrier soit à base de 2Ghz, 512Mo et d'une carte vidéo récente. Un gamepad avec un stick analogique sera toutefois indispensable pour ne pas s'arracher les cheveux pendant les séquences de voltige.
Là où le bât blesse, c'est au niveau des doublages français. Dans The Sands of Time, même si le comédien n'avait pas l'air totalement convaincu par les textes qu'il récitait, c'était suffisant afin de laisser paraître la naïveté et l'innocence du Prince. Dans L'âme du guerrier, non seulement la voix a changé, au profit d'une plus mûre et colérique, les intonations ne sont pas du tout à la hauteur des expressions du Prince, à un point ou on ne sait pas vraiment par l'intonation si le personnage est en colère, désespéré ou constipé. Un autre aspect contestable, les musiques. Alors que les mélodies orientales collaient bien à l'aspect mille et une nuits des Sables du temps, dans L'âme du guerrier cet univers a pratiquement totalement disparu. Afin peut être d'accentuer le coté sombre, des guitares saturées et des rythmiques bien lourdes ont pris place afin d'animer les combats. Le résultat est plutôt convaincant mais si l'on est allergique au genre, ça peut sérieusement coincer de ce coté là.
Pêcher en ligne
La partie online du jeu n'est finalement qu'une blagounette pour les gens qui s'imaginaient pouvoir affronter d'autres joueurs. A mon goût le jeu ne mérite pas vraiment le petit bandeau "Live: fonctions en ligne". En fait, c'est plus un "Live aware" comme Ninja Gaiden. Explication : la partie Xbox Live contient deux modes de jeux distincts, Attaque Temporelle et Survie Arène. Le Live ne sert qu'à uploader les scores et à les comparer avec ceux d'autres joueurs. Bien sûr, la possibilité de téléchargement de nouveaux contenus reste ouverte.
L'attaque Temporelle est une épreuve où vos seuls ennemis seront le temps, les pièges et les plateformes branlantes. Il faudra dans un laps de temps imparti franchir les niveaux. Tout sera une course ou seuls les parfaits enchaînements permettront de rallier le checkpoint suivant. Même si le temps sera votre ennemi, il sera aussi votre allié dans le sens ou les pouvoirs des sables du temps seront disponibles. Attention toutefois, ce mode de jeu ne contient que des parcelles de niveaux présents dans le jeu donc ce mode n'est à jouer qu'une fois la campagne solo terminée afin de ne pas dévoiler prématurément le jeu.
Le mode Survie Arène quant à lui peut s'avérer d'un intérêt tout autre. En effet, il consiste à zigouiller les ennemis rencontrés au cours du jeu dans un temps imparti. Il faudra donc enchaîner les combos afin de se débarrasser d'un nombre d'ennemis crossant et toujours plus coriaces. Si en soit l'intérêt de ce mode ne saute pas aux yeux, il peut s'avérer très utile si vous bataillez trop dur dans le jeu solo. Le mode Survie Arène devient alors un redoutable entraînement afin de maîtriser au mieux le Prince et ses redoutables combos et ainsi adapter les combats selon le type d'ennemi.
Il fallait oser la transformation, celle-ci est peut être trop éloignée de l'ambiance orientale qui faisait le charme des précédents jeux. Les tentatives au niveau du gameplay sont également bienvenues mais pas très judicieuses et on en vient presque à regretter la linéarité des Sables du temps qui faisait qu'on avançait, coûte que coûte. En fait, si Ubisoft nous avait pondu un jeu avec le déroulement et les passages de plateforme des Sables du temps et les combat de L'âme du guerrier, on aurait eu droit à un soft frôlant la perfection. Même si ce n'est pas encore le cas, L'âme du guerrier reste un indispensable pour les amateurs d'action et d'aventures vertigineuses.