TEST
Lonely Mountains: Downhill
Développeur / Editeur : Megagon Industries Thunderful Publishing
Perso, j’adorerais dévaler des montagnes en VTT. Sauf que voilà, je suis aussi un gros lard qui n’a pas envie de se trimbaler son vélo sur 10 km pour ensuite se péter les dents dans une descente mal maîtrisée. Pourtant, joie du monde moderne, le marché du jeu vidéo est à présent tellement diversifié qu’il autorise toutes sortes d’aventures réalistes à portée de manette. Du coup, je peux désormais dévaler les pentes de Lonely Mountains: Downhill en balek total, au grand désarroi de mon dentiste.
Bon, je dis réaliste, au niveau du comportement surtout. Au niveau graphique, c’est épuré à la limite du générique, ce qui est compréhensible dans une certaine mesure, la lisibilité étant essentielle dans ce genre de jeu. J’irai même plus loin en disant qu’une plus grande perfection graphique serait superflue : à l’usage, on se rend compte qu’on focalise généralement sa vision sur la trajectoire du cycliste et qu’on prête assez peu attention au reste. Même l'ambiance sonore est réduite au minimum, la seule musique notable étant celle de du crissement de vos pneus sur les pistes.LMD est donc un jeu simple, très simple même ; une version peaufinée d’un gameplay qu’on aurait pu voir autrefois dans des jeux en Flash (ouais, « autrefois », ça y est, vous vous sentez vieux ?). Un point de départ, une ligne d’arrivée, une pente, des checkpoints et des obstacles. La variété du gameplay, c’est un peu vous qui la créez : il y a nombre de raccourcis, certains faciles, d’autres pas évidents, d’autres encore probablement pas pensés comme des raccourcis, mais vous vous en foutez, vous seriez prêt à faire le dahu pour gratter 5 secondes sur le chrono, quitte à vous prendre une bonne mornifle minérale des familles.
LMD est donc un jeu simple à prendre en main mais relativement difficile à maîtriser complétement, pour la simple et bonne raison que c’est un jeu en ragdoll. Un choc un peu trop fort, une descente dans un angle un peu trop foireux, et votre perso se rétame comme une grosse otarie bourrée à la bière. Ça pousse à la prudence mais contribue au réalisme, et j’irais même jusqu’à dire que c’est ce qui rend le jeu vraiment prenant. Bon, comme tous les jeux basés sur la physique, il y a toujours des pets de travers. Parfois, le perso se gamelle en touchant un rocher à deux à l’heure ou en glissant sur des petites bosses que même Giscard pourrait passer en skateboard. Mais dans l’ensemble, ce n’est pas trop frustrant et les vraies chutes abusives sont rares.
Cela laisse penser que l'équipe du jeu a peaufiné son bébé, et ça se ressent dans le plaisir de la descente : quand, au bout de la dixième gamelle de suite, on négocie une portion de terrain au poil en multipliant les slaloms entre des rochers et des troncs, c'est une vraie sensation d'accomplissement qui nous envahit. Et si en plus on réussit à faire un sans-faute tout en prenant des raccourcis casse-gueule, c'est carrément la standing ovation dans notre cerveau ! Eh oui, car même en ayant poncé la map, il y a toujours un sentiment d'incertitude qui persiste et qui donne du sel : "et si le prochain virage n'est pas celui dont je me souviens ?". On n'est en fait pas très loin du jeu de mémoire.
Le seul véritable problème vient du fait que le déblocage des autres vélos ne paraît pas nécessaire. Le vélo de base se suffit à lui-même, et seuls les puristes vont tenter de relever les défis de chaque map pour choper un vélo qui ira un peu mieux en ligne droite ou un peu mieux en hors-piste, ou encore le quatrième mode de difficulté de chaque piste, accessible uniquement aux acharnés. D’autant plus que pour un joueur moyen, il est possible d’arriver au bout du jeu sans avoir débloqué ne serait-ce qu’un seul des autres vélos.
Lonely Mountains est à la croisée des chemins. Suivant votre caractère, c’est un jeu bien casu comme il faut ou un pousse-à-la-perf exigeant. Personnellement, étant un génie, j’ai fait de la perf tout en n’oubliant pas de me paumer dans des pentes rocailleuses pour trouver l’exploit qui me permettrait de gruger comme un gros sale. Quelque part, c’est un sentiment que j’avais oublié depuis les jeux semi-ouverts des années 90.