Doom III : Resurrection of Evil
Doom III était un FPS basé principalement sur l’ambiance, aux tons métalliques et glauques, servi par une réalisation très réussie. Les ennemis n’étaient pas spécialement nombreux, contrairement à ce qui existait dans ses illustres ancêtres, mais impressionnants et placés de manière à toujours surprendre davantage. Au lancement de la campagne solo de RoE, on ne s'attend donc pas à être assailli de tous côtés au bout de deux minutes de jeu, alors qu’on se trimballe déjà avec un arsenal plus que raisonnable. Ce n’est cependant pas ce qui empêche les décors d’être toujours aussi sombres et travaillés.
Une ambiance conservée, un gameplay redynamisé
Si vous n'avez pas eu de grosses frayeurs avec Doom 3 comme a pu vous en procurer Thief 3, RoE ne devrait logiquement pas vous traumatiser non plus de ce côté. Il y a deux ou trois passages où on est bien surpris, mais c’est assez rare et les ficelles utilisés sont les mêmes que celles du jeu originel, à savoir spawns de monstres judicieusement placés, scripts sur le décor et zombies surgissant de nulle part. Tout ça contribue à instaurer un climat oppressant, mais pas terrifiant à proprement parler. On n’a d’ailleurs pas vraiment le temps de s’effrayer : les combats sont nombreux et intenses, bien plus qu’avant. Il est fréquent de se retrouver attaqué par cinq monstres simultanément, et généralement pas les plus faibles.
Quelques ennemis ont d’ailleurs été ajoutés à ceux de Doom 3, pas tous très intéressants mais qui apportent un peu de variété : on a une sorte d’imp un peu plus rapide, un clone amélioré du mancubus et quelques nouveaux zombies en plus des boss rencontrés. Le fait de ne plus croiser majoritairement des imps faiblards tout au long de la campagne augmente sensiblement la difficulté, et certains passages auraient été à la limite de l’humainement faisable sans l’Artefact. Ici, le Cube des Ames a disparu pour laisser place à un nouvel objet doté de pouvoirs spéciaux qui s’amélioreront au fur et à mesure que l’on progresse. Servant simplement à ralentir le temps au début, il permettra par la suite d’augmenter sa vitesse et de devenir invincible pendant un court moment. Si on pouvait craindre au début que l’utilisation de ses capacités surpuissantes facilite trop le jeu, on se rend bien vite rendu compte qu’il n’en est rien. Il faut en effet le recharger avec des cadavres humains qui se font de plus en plus rares et on finit par devoir gérer ses réserves et son timing.
L’évolution dans l’univers du jeu, bien que très linéaire, reste plaisante de bout en bout, malgré la quasi-absence de scénario : blablabla enfer, blablabla Betruger, blablabla fin. Les personnages essentiels sont de plus ridiculement peu nombreux et attachants. On a le stéréotype du super méchant, de la gentille scientifique qui vous guide via sa radio et c’est tout. A la limite, il aurait été plus amusant de supprimer totalement ce dernier aspect afin de donner un côté survie au jeu. Là, on ne fait qu’obéir à des ordres idiots répétés en permanence : allez rétablir le courant, allez dans le téléporteur, allez chercher des cellules d’énergie, … C’est à la fois lourd et sans rapport avec les précédents épisodes.
Doom 3 ++
Il n’y a cependant aucune perte de rythme contrairement au jeu d’origine, grâce à un level design certes moins impressionnant, mais plus efficace. Le gameplay est un peu plus varié également : en plus de l’artefact, un shotgun à double canon et un gravity gun ont fait leur apparition. Ce dernier, moins utile que dans Half-Life 2 sert essentiellement à repousser les tirs ennemis, le moteur physique étant toujours aussi discret et faiblard comparé au Havok. Il est bien possible de ramasser des pierres ou des barils et de s’en servir comme projectiles, mais ça ne sert finalement à rien. Quant au nouveau shotgun, les sensations qu’il procure sont simplement jouissives : tout, dans son comportement, respire la puissance de celui de Doom 2. Ca n’est pas pour rien qu’on passera la majeure partie de l’aventure en sa compagnie.
Graphiquement, le moteur de Doom 3 n’a pas pris une ride : les effets d’ombres sont toujours aussi impressionnants, les décors sont fouillés (bien que pas toujours autant que dans le jeu originel) et les nombreux effets utilisés, tels que les distorsions sont magnifiques. L’augmentation du nombre de monstres fait cependant que RoE est un peu plus gourmand que son prédécesseur, mais rien de dramatique non plus. Au niveau sonore, c’est encore une fois pratiquement parfait, avec des coups de feu puissants, des hurlements stressants et une ambiance métallique très bien rendue. Seul problème : lors de l’activation du bullet-time, il y a de temps en temps quelques bugs comme des grésillements assez gênants. Ca n’est heureusement pas très fréquent mais compte tenu de la qualité du reste, c’est assez dommage.