PREVIEW
Les Chevaliers de Baphomet: La Malédiction du Serpent
Nous avons eu l’occasion de rencontrer Charles Cecil pour une présentation du très attendu prochain Broken Sword. Très à l’aise et plutôt bavard, il semblait très confiant dans son jeu et réellement enthousiaste à l'idée qu’il serait bientôt entre les mains de nous, les joueurs. Il en a aussi profité pour nous parler un peu de Revolution, de Kickstarter et d'histoire.
Il faut reconnaître qu’il y a quelques années, nous n’aurions pas donné cher du jeu d’aventure et du studio Revolution. Malgré la popularité de la licence Broken Sword (quoique légèrement entamée par des épisodes 3D nettement moins appréciés) il semblait y avoir peu d’espoir de voir de nouveau George Stobbart négocier avec une chèvre au regard maléfique. Pourtant, grâce à une ressortie sur les supports mobiles et le Kickstarter, nous sommes à quelques jours de retrouver notre ami Américain.Pour Charles Cecil la collaboration avec Apple semble avoir été très importante pour fabriquer ce retour : la sortie Director’s Cut du premier Baphomet a rencontré beaucoup de succès et démontré que la licence pouvait encore trouver son public, malgré les prophétiques annonces de la mort du Point & Click. La participation du jeu aux Twelve days of Christmas, promotion très populaire de l’Apple Store, leur a fait énormément de pub, malgré les premières réticences du studio à donner le jeu gratuitement. Ce succès n’est sans doute pas pour rien dans la volonté de sortir ce Broken Sword sur des supports mobiles. En tout cas, l’expérience tactile emballe vraisemblablement beaucoup Charles Cecil qui trouve que c’est un formidable support pour ce type de jeu. Il est très satisfait des solutions trouvées par le studio pour adapter les deux premiers opus à l'interface tablette et il est fort possible de voir apparaître des puzzles pensés pour le tactile dans La Malédiction du Serpent. Il considère tout de même que certaines énigmes n’ont pas été très bien intégrées dans la version tablette des jeux. L’important pour lui est qu’elles ne cassent ni l’immersion du joueur ni la motivation du personnage, et il trouve que dans certains cas, la limite n’était pas loin d’être franchie. Pour éviter cet écueil classique des jeux d'aventure, Revolution a fait de constants aller-retour entre l’écriture du scénario et la conception des puzzles, quitte à modifier l'histoire pour y inclure de bonnes énigmes.
Pour Revolution, Kickstarter a été l’autre formidable opportunité. Ils sont très fiers du succès qu’ils y ont rencontré. Non seulement cela leur a permis de développer le jeu sans s’endetter mais en plus, de court-circuiter l’habituelle relation éditeur-développeur. Leur collaboration avec THQ s’était en effet soldée par une grosse dette qui vient juste d’être réglée il y a quelque mois. On comprend le soulagement du studio qui peut désormais envisager le futur avec plus de sérénité. Kickstarter a aussi été l’occasion de communiquer avec les fans et de corriger certains détails du jeu (comme le menton de George, trop gros sur les premières vidéos). Bref, Kickstarter c’est super et les fans sont géniaux, surtout quand ils apportent de l’argent. Cecil fait peu de cas des critiques quand à la séparation du jeu en deux épisodes. Il faut dire que le prix reste correct et que les dates de sortie ne sont éloignées que d’un mois environ. Selon lui c'est le résultat direct du succès de la campagne de financement, qui a permis de revoir la qualité du jeu à la hausse, ce qui est une bonne nouvelle pour tout le monde. Une version boîte devrait aussi être de la partie une fois les deux épisodes sortis et Cecil aimerait bien que cette version contienne des goodies en plus, style cartes à collectionner ou Graal en carton, comme au bon vieux temps.
Si nous n’avons pas vraiment pu découvrir le jeu dans sa longueur, les quelques scénettes que nous avons pu voir peuvent rassurer les fans de la première heure. Le ton Broken Sword est toujours présent, naviguant entre les blagues puériles, l’humour noir et les affaires sordides de meurtres. Kickstarter oblige, il y a aussi pas mal de fan-service avec le retour d’un bon nombre de personnages des épisodes précédents. A ce propos, le doublage devrait être assuré par l’équipe originale en anglais - mais aussi en français - ce qui fera plaisir aux groupies de l’american accent de George.
L’homme en vrai passionné d’histoire française, nous a aussi largement détaillé les faits historiques à l’origine du nouveau jeu. Broken Sword gardera ce mélange très Indiana-Jonesque de faits véritables et de légendes moyenâgeuses avec un scénario qui nous fait explorer le gnosticisme et le catharisme. Nous n’en dirons pas plus mais il y a de fortes chances que le temps passé avec George et Nico vous fasse finalement dériver des heures durant sur internet à la recherche de détails historiques.
Concernant le contenu en lui-même, ce qu’on a pu voir était du bon vieux Point & Click, avec un inventaire, du dialogue et tout ce qui va avec. Si l’interface est pensée aussi pour du tactile (icônes plus lisibles, objets plus fins) on ne peut pas dire qu’on y a perdu au change. Les décors 2D en haute résolution sont magnifiques et nous feront découvrir un Paris délicieusement désuet et pittoresque, malgré la présence de smartphone. Ce mélange anachronique d’un Paris tout droit issu de l’imaginaire touristique et d’une histoire pourtant bien contemporaine est particulièrement réussi et donne au jeu une touche de second degré omniprésent... Par contre, les personnages en 3D pré-calculée (style Pendulo) font définitivement tâche dans le décor. L’ajout d’ombres ne suffit pas encore à les intégrer tout à fait correctement. Ils semblent posés sur l’image et lors de l’unique cut-scene dont nous avons été témoin, l’animation cheap était franchement embarrassante par rapport aux anciennes animations 2D. Même si l’usage de modèles 3D doit considérablement faciliter la tâche du Studio, il faut reconnaitre que ça fait un peu mal au cœur.
Globalement, nous avons aimé ce que nous avons vu. Le charme de la série est intact, même s’il est entamé par un rendu graphique des personnages qui fait un peu tâche. C'est loin des errances des épisodes 3D, et ce retour à des bases solides et éprouvées du Point & Click a de grandes chances de satisfaire les fans auxquels le jeu semble être destiné. Nous attendons donc la sortie avec confiance, en attendant un Beneath a Steel Sky 2 que Charles Cecil n’exclut pas même s’il préfère se concentrer sur un futur plus immédiat pour le moment.