TEST
Agents of Mayhem
Développeur / Editeur : Volition
Pour moi, les Saints Row ont toujours été des open world vulgaires et un peu vides de sens, du genre qu’on lance quand on a vraiment envie de se vider le cerveau ; bref, des GTA version cagole. Leur scénario tellement alambiqué qu’on l’imagine improvisé au fur et à mesure n’aide pas. Du coup, j’avais une certaine appréhension au moment de lancer Agents of Mayhem, qui, comme son nom ne l’indique pas, est un produit dérivé de SR.
Commençons par décrire succinctement le scénario. Succinctement, parce qu’à part quelques exemples, les scénar’ d’open world ont tendance à me sortir par les yeux, soit parce qu’ils sont trop décousus, soit parce qu’ils sont inintéressants. Vous dirigez une équipe de héros regroupés au sein de la Mayhem, une agence de gentils qui a pour but de détruire les méchants, qui sont aussi regroupés au sein de leur agence de méchants, la Légion, dans un Séoul alternatif qui sert de champ de bataille. S’ensuivent des péripéties avec des gentils très gentils et des méchants très méchants et avec des stéréotypes bien ancrés des deux côtés (la star de cinéma qui cabotine, la bourrine alcoolique, le savant fou, le clone méchant de Justin Bieber, etc.). Le lien avec Saints Row ? Il est ténu et ne sera compris que des gens qui ont joué à l’extension Gat Out of Hell de Saints Row « What the fuck am I playing » 4.De toute évidence, le jeu se veut un hommage aux dessins animés des années 80 genre MASK et compagnie. Les cutscenes façon dessin animé contribuent à cette impression ; néanmoins, et malgré la déferlante de vulgarité dans les conversations, les scénaristes n’arrivent jamais vraiment à recréer l’idiotie profonde des années 80, et au feeling, on a plus l’impression de jouer à un spin-off vulgos de Totally Spies. C’est un sentiment très étrange, à vrai dire ; les dialogues sont tellement niais et vulgaires en même temps qu’on en arrive à une ambiance finalement assez bon enfant.
Séoul les toilettes ?
Niveau gameplay, on sent que les créateurs ont pioché dans les divers jeux à succès de ces dernières années. Plus spécifiquement, on est à la croisée des chemins entre The Phantom Pain et Overwatch. Phantom Pain, parce que la base de Mayhem se compose de plusieurs modules que vous devez débloquer au fur et à mesure et qui vous donnent des bonus ; Overwatch, car vous dirigez des personnages avec des compétences spécifiques et une capacité ultime dans un univers bien stéréotypé et bien coloré.L’open world, quant à lui, est standard, bien que correctement réalisé. Chose rare, le jeu récompense trop bien l’exploration, car un grand nombre de coffres sont disséminés sur la carte du monde. Ces coffres contiennent diverses choses, dont de l’argent, des pièces détachées pour le craft ou encore des schémas pour débloquer des compétences ou des véhicules. Sont aussi disséminés jusqu’à l’abus des bouts de cristaux, qui permettent d’améliorer encore plus les compétences des personnages. Et quand je dis jusqu’à l’abus, je ne plaisante pas : il y a tellement de personnages, et donc tellement de compétences et d’objets à débloquer, qu’on trouve un bout de cristal ou un coffre tous les 20-30 mètres.
Sur le terrain, vous avez accès à trois personnages (à choisir parmi une liste assez longue) mais vous n’en dirigez jamais qu’un seul ; l’astuce de gameplay, qui n’est pas sans rappeler Marvel vs Capcom, étant que vous pouvez permuter entre les trois à n’importe quel moment. À la base, chacun des personnages dispose de trois compétences personnalisables (spécial, arme et passif) et d’une compétence ultime plus ou moins cheatée selon le personnage, mais il existe d’innombrables autres options de personnalisation et de compétences que vous pouvez acquérir avec le temps.
L'Amérique Corée
Je dis « cheatée », mais vous n’entendrez probablement aucune plainte à ce sujet, pour la raison que AoM n’a pas de mode multi. Pas de mode versus donc, mais, plus grave, pas de mode coopératif. C’est incompréhensible au vu du gameplay, car les personnages, bien que pas nécessairement complémentaires, ont malgré tout des compétences qui les rendent plus adaptés à une situation qu’à une autre (par exemple, tel personnage fera plus de dégâts sur les armures lourdes). Pour autant, l’adéquation d’un personnage n’est jamais assez creusée pour être un motif suffisant de permutation pendant les combats, ce qui amène assez souvent à se choisir simplement un main que l’on aime bien et deux autres personnages qui serviront de réservoirs à HP au cas où votre main crève. Au final, on aurait préféré un mécanisme à la Borderlands, avec trois joueurs qui s’épaulent mutuellement. C’est d’autant plus dommage qu’au final, le jeu est amusant, très défoulant et dispose d’assez de niveaux de difficulté pour le rendre chaud même en présence de trois joueurs. La seule chose "coopérative", ce sont des contrats à objectifs communs avec d'autres joueurs sur Internet, mais jamais vous ne jouerez "avec" eux.Pour mitiger l’amertume, on sent que les développeurs ont fait de leur mieux pour rallonger la durée de vie du jeu. C’est bien simple, il y a des missions secondaires en pagaille, des niveaux de difficulté à la Diablo 3, un système de contrats à choper en ligne, une arène de combat virtuelle, des compétences et des bonus de combat déblocables à en crever la gueule ouverte, de nombreux personnages à « collectionner ». Il y a tellement de choses à faire que ça masque assez habilement le côté répétitif des choses, du moins pendant une quinzaine d’heures. Tout ceci fait que AoM est un jeu sympathique, très honnête et défoulant, pour peu qu’on ignore les dialogues horripilants et le scénario sans grande profondeur. M’enfin bon, c’est un spin-off de Saints Row, vous vous attendiez à quoi ?
Incompréhensible, c’est le mot qui me vient à l’esprit quand je joue à Agents of Mayhem. Pas incompréhensible au niveau du scénario, non, loin de là malheureusement, mais incompréhensible au niveau de l’absence de coopératif, qui en aurait fait un super jeu bien défoulant entre potes et qui aurait fait des combats le véritable champ de bataille nawakesque qu’ils auraient dû être. Reste un open world sympathique et dynamique avec beaucoup de choses à faire.