TEST
Aragami 2
par billou95,
email @billou_95
Développeur / Editeur : Lince Works
D'un Kickstarter avorté jusqu'à une sortie remarquée fin 2016, Aragami en aura fait du chemin. A l'époque, on avait adoré son game design maitrisé qui rompait un peu avec l'infiltration de papa et proposait quelque chose de plus brut, mais aussi de plus poétique et excitant. Exit les combats et la nervosité, place à un jeu du chat et de la souris à travers des ombres que l'on pouvait peindre dans l'environnement. 5 ans et bien des itérations plus tard, Lince Works nous sort enfin une suite qu'on attendait avec impatience...
Aragami 2 reprend le même univers que son grand frère. A savoir une histoire qui tourne autour des esprits vengeurs pouvant contrôler l'essence des ombres. Dans ce second volet, le héros va décéder rapidement dans la courte introduction pour renaître sous une forme semi-spectrale dans le village de Kakurega. Situé au coeur de la vallée de Rashomon, ce hameau est le dernier havre de paix des aragami en proie à une malédiction qui ronge inexorablement leur enveloppe corporelle. Pour ne rien arranger, les "ombres" sont pourchassées par l'armée d'Akatsuchi qui souhaite les asservir. C'est dans ce contexte que débute une aventure à la trame scénaristique d'un vulgaire jeu de ninjas des années 2000. Aragami 2 enchaîne en effet les clichés, les dialogues ridicules aux phrases toutes faites et les rebondissements qu'on voit arriver à 3 km. Une rupture totale avec l'histoire mystique et parfois poétique de l'original. Tant et si bien qu'après deux heures de jeu, on a déjà plus envie de suivre son histoire et on se surprend à passer les dialogues qui traînent trop en longueur (et qui n'apportent rien à l'histoire).Le game design n'arrange rien, au contraire. Lince Works nous l'avait pourtant signalé lorsqu'on a débuté le test : "le développement d'Aragami 2 a commencé en 2018 et a subi de nombreuses révisions à la fois dans sa structure et dans son écriture". Ca aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. Effectivement, le jeu délaisse une progression pilotée par le scénario pour le tout coopératif déjà introduit dans un DLC sur le premier jeu. Concrètement, ça se matérialise sous la forme d'un design lui aussi emprunté aux jeux de l'ère PS2 : d'un côté un hub central, le village, qui permet de faire avancer l'histoire comme il peut de temps en temps et attendre que se connectent ses potes. De l'autre un tableau des missions qui va se remplir au fure et à mesure et nous laisser choisir le prochain challenge à accomplir. Et on parle ici de missions à objectifs simples, sans surprise (assassiner x ennemis de tel ou tel type, récupérer x objets, kidnapper telle ou telle personne). Une fois les objectifs accomplis et après avoir consulté le tableau des scores qui résume votre run, vous revenez au village, vous allez discuter avec tel ou tel PNJ et c'est reparti pour un tour en solo ou en coop.
Harangue amis
Déjà fades en l'état, ces (51 !) missions nous feront en plus visiter une dizaine d'environnements différents (ville fortifiée, montagne, forêt, mine, village en ruine, etc.) qu'on finit par connaître par coeur à force d'y revenir. Ces niveaux recyclent les mêmes assets : tentes, pagodes, torii, forêts de bambous, et les mêmes 4 types de soldats, sorciers de feu et plus tard nécromanciens et versions modifiées du bestiaire (comprenez avec des yeux verts et qui vous voient instantanément). Le gameplay a, lui aussi, changé pour une formule plus générique et proche d'un Tenchu. On ne peint plus les ombres dans l'environnement, on se contente de naviguer entre les ombres et les zones de hautes herbes placées un peu partout sur la carte et d'assassiner ou d'assommer discrètement nos cibles. Les ennemis ne peuvent plus nous tuer en un coup comme dans le premier épisode, ils se contentent de nous poursuivre pendant quelques secondes si ils nous voient. Le jeu inclus aussi désormais un système de combat très classique basé sur la parade/esquive et la contre-attaque avec une barre d'endurance, mais hélas il est complètement cassé.La parade ne fonctionne quasiment jamais et après s'être battus avec ce système pendant toute la première demi-heure de jeu, on a décidé d'abandonner et de faire tout le reste de l'aventure en infiltration... L'arbre de compétence est d'ailleurs largement orienté vers l'infiltration avec quelques sorts recyclés de l'original et quelques nouveautés qui permettent notamment d'attirer un ennemi à soi avant de l'assommer. On ne peut pas en dire autant des accessoires (kunai empoisonnés, bombes soniques qui désoriente les ennemis, etc.) disponibles dans une boutique et qui sont pour la plupart inutiles. Malgré tout, le plus efficace reste une élimination par les airs, technique qu'on spammera pendant toute la partie. Il en est de même des runes à dénicher dans les niveaux et qui octroient des bonus/malus illusoires. On en vient à parler de l'intelligence artificielle qui anime les adversaires. Honnêtement, on a été surpris de les voir grimper sur les toits pour tenter de nous atteindre lorsqu'ils nous repèrent. La plupart du temps, on l'a moins été face à des ennemis sans vision périphérique et qui s'affolent souvent pour rien, mais restent de marbre devant une énorme tache de sang au sol ou la disparition d'un de leur collègue à qui ils parlaient 2 minutes avant.
Une fois qu'on a pigé ses faiblesses, on se balade en jouant avec la bêtise des IAs et si on meurt pendant l'aventure, c'est plus à cause des bugs du jeu qu'autre chose. Car oui, Aragami 2 est truffé de bugs bloquants qui obligent trop souvent à recommencer la mission. Clipping qui nous fait tomber dans le décor pour un rien, animations qui ne se déclenchent pas et laissent le héros figé en l'air, objets de quête qui disparaissent dans le décor ou qui ne sont juste pas chargés au lancement de la mission et j'en passe. Pour terminer sur la technique, on notera la pauvreté générale des assets et animations des PNJs. Si la plupart des aragami portent un masque, c’est surtout pour cacher le fait que les développeurs n'ont pas pris le temps d'animer les bouches des personnages, ce qui rend les dialogues avec le seul personnage non masqué totalement ridicules... Bref, après 20 heures de jeu et un dernier boss peu inspiré, on est enfin libérés de la malédiction qui entoure le joueur d'Aragami 2 !
Entre sa structure datée aux missions sans enjeux, son gameplay générique plombé par des bugs irritants et un scénario très (très) mal écrit, Aragami 2 est un véritable retour en arrière après toutes les belles promesses offertes par le premier épisode.