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[Popcorn] Star Wars Contre Watchmen
par CBL,
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Avec du recul, The Force Awakens (épisode VII) était plutôt réussi et pêchait surtout par un manque d'originalité principalement du au fait que le co-scénariste (avec J.J. Abrams) était Lawrence Kasdan, scénariste sur les épisodes V et VI. The Last Jedi (épisode VIII) était la vision d'un seul homme, Rian Johnson. Par vision, comprenez "j'en ai rien à cirer du canon et de l'épisode VII" laissant derrière lui un sacré bazar à nettoyer.
Rian devait en principe poser les bases de l'épisode IX aidé par Colin Trevorrow et Derek Connolly. Mais suite à des désaccords avec Kathleen Kennedy (présidente de Lucasfilm), le scénario a été réécrit par J.J. Abrams et Chris Terrio. Le nom ne vous dit peut être rien mais c'est le type qui a massacré Batman v. Superman ET Justice League. Le tout combiné n'augurait rien de bon pour The Rise Of Skywalker. Je vais essayer d'en parler sans dévoiler des éléments clés du scénario, en tout cas pas plus que ce montrent les bandes-annonces.
Commençons par le déroulement de l'histoire. La trilogie de base fonctionne à merveille car chaque film repose sur une poignée de lieux et de personnages. L'épisode V par exemple ne propose que trois planètes : Hoth, Dagobah et Bespin. Pour l'épisode IX, les gentils commencent sur la planète A. Ils doivent se rendre sur la planète B pour trouver l'objet 1. Puis ils vont sur la planète C pour décrypter l'objet 1. Il leur indique qu'il faut aller sur la planète D pour trouver l'objet 2 qui contient la position de la planète E. Les gentils font aussi des aller-retour vers la planète A et un membre de la troupe fait aussi un petit passage éclair vers la planète F et la planète G.Rian devait en principe poser les bases de l'épisode IX aidé par Colin Trevorrow et Derek Connolly. Mais suite à des désaccords avec Kathleen Kennedy (présidente de Lucasfilm), le scénario a été réécrit par J.J. Abrams et Chris Terrio. Le nom ne vous dit peut être rien mais c'est le type qui a massacré Batman v. Superman ET Justice League. Le tout combiné n'augurait rien de bon pour The Rise Of Skywalker. Je vais essayer d'en parler sans dévoiler des éléments clés du scénario, en tout cas pas plus que ce montrent les bandes-annonces.
Quant aux personnages, il y a déjà beaucoup de monde post-The Last Jedi : Rey, Finn, Poe, Chewbacca, Leia, Kylo Ren, Rose, General Hux, BB-8, C-3P0, R2-D2... Mais ce ne devait pas être assez pour les scénaristes. Et comme Snoke est mort dans The Last Jedi, il fallait bien un nouveau méchant en la personne de Palpatine et on ne va surtout pas tenter d'expliquer comment il a survécu. Et puis comme il fallait quelqu'un pour piloter le Faucon, vu que Han Solo est mort dans The Force Awakens, donc on a fait appel à ce bon vieux Lando Calrissian. General Hux ne devait pas suffir du côté du First Order donc on a rajouté un General Pryde. On a aussi sorti de son chapeau D-0, un QUATRIÈME droïde, car il faut bien vendre des jouets Star Wars. Tant qu'à faire, on a aussi créé Zorii Bliss, un tout nouveau personnage qui semble important histoire d'ouvrir la porte à des épisodes dérivés. Enfin, on a balancé trois tonnes de caméos et de références aux précédents opus.
Le tout en 2h22. Du coup il n'y pas le temps d'apprécier quoi ce soit. On passe de scène en scène sans véritable raccord et même la musique saute de thème en thème sans transition. Tout le monde semble pressé de dire ses répliques le plus vite possible. Les rares vannnes tombent à plat tout comme les moments censés nous arracher une larme. Les motivations des personnages ne sont pas claires et la stratégie militaire du First Order est désespérante de nullité. Les gens rigolaient dans la salle non pas parce que le film est drôle mais par l'absurdité de certains passages.
Dans l'épisode VII, Han Solo s'exclame "That's not how The Force works". Et c'est un peu près ce qu'on se dit durant la majeure partie de l'épisode IX. Star Wars est un univers fictif mais les six premiers opus ont établi une série de règles implicites. Parfois les films inventent des nouvelles choses (les midichloriens...) mais dans l'ensemble le tout est relativement cohérent. Donc quand on nous sort à tour de bras des versions surpuissantes des pouvoirs de la Force on fronce les sourcils en se demandant "pourquoi ils ne les ont pas utilisé dans les 8 précédents opus?". Mais surtout les pouvoirs en question ne servent qu'à ajouter des retournements de situation dans un film déjà bien bordélique.
Le titre de cet article est Star Wars Contre Watchmen car j'aimerais faire un parallèle entre la première saison de la série HBO qui vient de se terminer et la nouvelle trilogie. Dans les deux cas, la tache était complexe : faire une suite à une oeuvre culte sans l'aide de son créateur. Watchmen est la suite directe de la BD, non du film. La principale différence entre les deux est la fin et celle la BD ouvrait plus de portes à une suite que celle du film. La série Watchmen a été confiée à un ami et collaborateur de longue date de J.J. Abrams : Damon Lindelof. Le CV du bonhomme est en dents de scie : Cowboys & Aliens, Prometheus, World War Z, Tomorrowland, Lost, The Leftovers...
Sur Watchmen, en plus d'être la tête pensante de la série, il a co-écrit 8 des 9 épisodes de la première saison. Et le résultat est tout bonnement excellent. La première saison se suffit à elle-même. Il n'y a pas de questions laissées sans réponse et d'arcs scénaristiques jetés en pature. La BD a été écrite dans les années 80 et présentait une version extrême des US à savoir un pays dépourvu de morale et vivant à l'excès tout en étant au bord de la troisième guerre mondiale. La série suit la même démarche. Elle se passe de nos jours dans un monde en paix où les US doivent faire face à une nouvelle menace : le Suprémacisme Blanc représenté par la Seventh Kavalry, un genre de Ku Klux Klan où les membres portent des masques inspirés par celui de Rorschach. Le tout se passe à Tusla, théatre du massacre de 1921.
Et détrompez-vous : l'univers Watchmen n'est pas juste utilisé comme prétexte pour parler de racisme, impression qui est donnée dans les premiers épisodes. Le vrai fil rouge de la saison met du temps à s'installer. Chaque épisode renforce à sa manière le fait qu'on se trouve dans l'univers Watchmen et tente de l'étendre. La série répond même à des questions qu'on se pose depuis la BD souvent avec une sacrée audace et le tout en essayant de conserver au mieux le canon établi par la BD. En tant que grand fan de la BD comme du film, j'étais sur le cul. C'est une suite mais c'est aussi une vraie nouvelle histoire qui prend des risques et qui veut raconter quelque chose de nouveau.
Et c'est peut-être là le vrai problème de la nouvelle trilogie, particulièrement des épisodes VII et IX : l'absence de prise de risque et l'envie de conforter les fans. Cela se sent jusque dans la BO. Star Wars a fait appel à ce bon vieux John Williams. Mis à part le thème de Rey, on ne retient pas grand chose de l'univers musical de la nouvelle trilogie. Pour Watchmen, HBO a misé sur le duo Trent Reznor/Atticus Ross et le résultat est prodigieux. Regardez la série d'abord puis allez écouter la BO sur Spotify (Volume 1, volume 2 et volume 3). La seule prise de risque des nouveaux Star Wars a été de miser sur une troupe d'acteurs relativement inconnus pour les nouveaux personnages, Watchmen a joué la sécurité avec des têtes connues comme Regina King, Don Johnson et Tim Blake Nelson sans compter l'extraordinaire Jeremy Irons pour le retour d'un personnage emblématique.
Alors certes, le poids financier de Watchmen n'est pas le même que celui de Star Wars. Mais on a une preuve que Disney était d'accord pour faire quelque chose de différent : Rogue One. A la base le film est conçu comme un épisode 0 (ou plutôt 3.75) tentant de répondre à deux questions : comment les rebelles ont-ils obtenu les plans de l'Etoile Noire et pourquoi comporte-elle un défaut aussi étrange ? Pourtant le film de Gareth Edwards tente de se démarquer du reste des épisodes canoniques en ayant un rythme et un ton différent et en ne tentant pas de jouer sur la corde sensible (sauf le dernier plan, totalement inutile). La galerie de personnages créée pour le film est aussi une bouffée d'air frais vu qu'il n'y a pas de jedi ou de fils de.
La saga Skywalker s'est terminée dans la douleur. Mais peut-être que l'avenir réel de Star wars est sur le petit écran. La multiplication des concurrents de Netflix force les studios à investir plus dans les contenus originaux et exclusifs histoire de capter des abonnés. Cela tombe bien : le format série TV offre plus de liberté créative que les films. Disney l'a déjà compris avec The Mandalorian. Tout comme HBO avec Watchmen.