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Mini-dossier : la saga Resident Evil
Resident Evil 5 alias le tonton raciste (2009)
Resident Evil 5, le petit frère du messie, semble avoir eu pour une fois eu un développement assez peu chaotique. On pourrait même dire que tout s’est bien passé…jusqu’à ce que Capcom publie les premières images et les premiers trailers. Et là, ce fut le drame. En effet, le monde découvre, médusé, qu’on y tue des Noirs ! En Afrique ! Il n’en fallut pas beaucoup plus pour voir fleurir des procès en racisme et des analyses post-colonialistes (concept complexe, nébuleux et particulièrement casse-gueule). Et l’Internet des joueurs de se constituer en juge sur la base de procès d’intention et d’opinions toutes aussi ignorantes sur l’ « Afrique noire » que celles supposées des game designers de Capcom, dont le lead se fendra d’ailleurs d’un damage control au bon goût Morano. Dieu merci, Twitter en étant encore à ses balbutiements, on a évité un combat d’infirmes généralisé. Et tout ceci sans compter l’effet pervers de la polémique : on a peu parlé des personnages féminins qui se baladent en décolleté bien mis en évidence au milieu d’une infection zombie, alors que c’est un lieu commun beaucoup plus prégnant et persistant que le racisme, et tout aussi scandaleux d’ailleurs. Une fois le jeu en main, on se rendra compte que de racisme il n’est pas question, évidemment, surtout qu’il serait présomptueux d’imputer aux Japonais une pensée colonialiste en Afrique. Le seul passage dommageable est celui des huttes sur pilotis, avec des personnages en pagne, qui portent des masques rituels et qui ont une pensée superstitieuse, alors que de mes maigres connaissances (certes basées presque uniquement sur des documentaires), les nombreuses tribus africaines ne semblent plus avoir recours à ce genre d’accoutrement. S’ils y ont jamais eu recours, évidemment. Si ce passage perpétue le mythe du « bon sauvage », on est bien plus proche du manque de subtilité ou d’empathie (un des trailers beuglant « Welcome to Africa » avec vue sur Sheva et son décolleté puis sur un tas de fumier successivement, classe) que du racisme. Il est aussi intéressant de constater que personne ne pointait du doigt la représentation des Espagnols comme des gens arriérés dans l’opus précédent, et ça aurait pourtant dû en choquer plus d’un.
Tout ceci, évidemment, a fait un certain buzz pour un jeu dont on attendait beaucoup, et qui se révèlera un peu décevant.
Décevant, parce que RE5 est un bon jeu, mais pas excellent. S’il est toujours difficile de suivre un grand frère qui a tué le game, et s’il faut donc juger le jeu avec un minimum de parcimonie, on est cependant en droit d’attendre assez d’améliorations pour éviter le réchauffé. Or RE5 n’a que deux changements notables : un mode coopératif et un inventaire… régressif ? Après le très agréable inventaire du 4, on revient au système des années 90, pour le meilleur et pour le pire. Le système est en effet moins irritant que dans les premiers RE, et c’est normal vu que l’on dispose du nôtre et de celui du coéquipier. Reste le mode coopératif, qui est pour le coup une nouveauté bienvenue en ce sens qu’elle n’éteint pas la tension mais rend le jeu quand même plus décontracté. (Pour les sociopathes, l’IA se débrouille assez bien en général). C’est une idée qui fonctionne dans le cadre de l’hollywoodisation de la licence, qui a démarré avec le 4.
RE5 se veut plus serious business que son prédécesseur, et c’est quelque part tant mieux parce que les accents légèrement beaufs de Léon donnaient parfois l’impression de se balader dans un film idiot du début des années 2000 avec Vin Diesel. Moins beauf donc, mais toujours un peu : Chris Redfield,
Bon, c’est un peu gratuit de tirer sur le scénar et les personnages d’un RE, qui n’ont jamais été des modèles de génie. Tout cela nous fait revenir au gameplay, qui est au final très ressemblant à celui de RE4. De l’action, des QTE, un peu de puzzles et voilà. Un bon jeu, donc, mais un jeu sur lequel on n’a pas forcément envie de revenir des masses.