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Mini-dossier : la saga Resident Evil
Resident Evil 4 alias « pour le meilleur et pour le pire » (2005)
Resident Evil 4 est un vainqueur toutes catégories. C’est tellement un vainqueur que même ses versions avortées deviennent des jeux cultes. Ainsi, quand Hideki Kamiya, le réal de RE2, se met dans la tête de faire emprunter un virage « cool » à la saga (on en est déjà au 5ème opus cannonique, après tout), Mikami, lui, fait barrage en disant que le ton diffère beaucoup trop des opus précédents. Qu’à cela ne tienne : Kamiya apporte quelques retouches au scénario, tripatouille le gameplay et publie son jeu sous le nom de Devil May Cry. Pas grand-chose, quoi.
La prod de RE4 repart de zéro à la fin 2001 et enchaîne les versions, comme c’est la coutume. Une version notable est celle dite du « hook man », qui comporte déjà des assets de la future version finale et bénéficie déjà de la vue à l’épaule, mais seulement en situation de visée, et les satanés QTE. Le jeu se voulait plus fantastique, avec des fantômes, des armures vivantes et autres ennemis inhabituels dans un RE.
D’errements en errements, il fut décidé de repartir de zéro. Mikami, qui n’était pas le réal, reprit les rênes et décida de changer le gameplay, parce qu’il sentait que l’ancien système était désormais une entrave, en plus d’être du réchauffé. C’est le sentiment qu’il eut, en particulier, en jouant à RE0, et on le comprend très bien. Pour l’angle de caméra, il s’inspira d’un jeu de l’époque, Onimusha 3 (mais si, vous savez, le jeu avec Jean Reno !). Et pour le personnage de Léon, c’est encore Monsieur Cool (sa ludographie en atteste), Kamiya lui-même, qui décida de faire de Léon un type plus balaise, mais également cool.
Le résultat ? Le meilleur nanar qui ait jamais vu le jour. RE4 est un jeu fabuleux et complètement idiot à la fois. En compagnie de deux policiers désagréables sans aucune raison, Léon arrive dans un village de la campagne espagnole profonde où il se fait attaquer par des semi-zombies à l’accent latino-américain (?) qui paient encore en pesetas (??). La mission de Léon : libérer seul (???) la fille du président américain en ne prenant rien au sérieux, en faisant des sous-entendus bien lourds à son contact téléphonique et allant même jusqu’à faire des remarques sur le boule de la fille du président, sans aucun respect pour l’ambiance du jeu. Il sera aidé dans sa quête par
Avec un univers immédiat décalé qui n’est pas sans rappeler certaines choses, on était en droit d’attendre le pire. Sauf que voilà le truc bien avec les jeux vidéo : si le gameplay est aux petits oignons, alors peu importe que l’univers soit ridicule. Et le gameplay de RE4, en 2005, il a cassé la baraque, pour le meilleur et pour le pire. Pensez donc, un shooter quasi-FPS mais très jouable au pad, avec de la liberté de mouvement, des armes à améliorer, un inventaire limité mais pas trop et un équilibrage parfait ? Que demander de plus ? Des QTE ? Oui bon ça on aurait pu s’en passer mais merci quand même. Toujours est-il que le gameplay de RE4 était tellement addictif qu’il a influencé toute une génération de TPS, parfois avec succès (c’est à toi que je pense, Gears of War).
Aujourd’hui, Resident Evil 4 est parfois vu comme le meilleur opus de la saga : ça témoigne de la surpuissance du jeu, vu les monstres que sont certains de ses prédécesseurs.