Factornews présente : Les Fact'Or 2022

La sélection de Raton -Laveur

Fact'Or de la déception 2022 : Ghostwire: Tokyo.
Celui que l'on nomme instinctivement à l'envers et qui est né d'une autre licence mal vendue est un de ces mondes ouverts tue-le-temps entre quelques moments de bravoure graphique que personne ne verra. J'ai déjà utilisé ce terme de "bravoure graphique" dans ma critique postée sur Steam, mais c'est le meilleur argument de vente de ce jeu. Critique Steam qui n'est qu'un canari dans la mine pour que le moins de gens passant après moi tentent vainement de remplir des conditions iniques proposées par le jeu dans l'espoir de débloquer une fin spéciale qui n'existe pas. Ghostwire: Tokyo est avant tout une excellente démonstration technique de Quixel Megascans, une hallucinante bibliothèque de textures et modèles photoréalistes prêts à l'emploi : une équipe de développement bien plus réduite que les armadas d'Ubisoft peut certes reproduire le quartier de Shibuya dans un détail touristique, mais ça n'en fait pas un jeu vidéo pour autant.


Les deux Fact'Or qui suivent sont une paire en Yin et Yang.


Fact'Or du bon coup 2022 : Gundam Evolution.
Namco Bandai Games n'est pas un studio connu pour sa propension à se regarder dans le miroir, qu'il s'agisse des monétisations agressives et/ou dans le cas présent, d'une repompe éhontée d'Overwatch premier du nom. Tombé sur nos genoux pile pendant le fiasco Overwatch 2, Gundam Evolution m'a servi d'anxiolitique le temps d'internaliser qu'Overwatch 2 ne corrige aucun problème du premier et creuse davantage ses défauts, voire n'attirera pas de nouveau public. Le sevrage dudit anxiolitique fut la réalisation que Gundam Evolution ne s'attirera pas non plus un nouveau public, car quiconque indifférent à l'oeuvre de Yoshiyuki Tomino le sera tout autant de ce jeu.



Fact'Or du fils indigne 2022 : Overwatch 2.
Plus généralement, Overwatch 2 et Gundam Evolution sont les symptômes d'une tumeur plus large de 2022, les concentrations à répétition de l'industrie. Activision Blizzard, déjà un bel exemple de banqueroute créative, croqué par Microsoft dans un feuilleton scénarisé par Jean-Pierre Gaillard. CD Projekt, entre GoG qui pisse le sang, The Witcher 3 réédité pour une énième fois et une série TV à bout de souffle, Cyberpunk 2077 qui refait le coup de la célébrité surprise avec Idriss Elba dans son premier (et dernier) DLC, et une drague lourde des fonds d'investissement ESG pile au moment où ces derniers se plantent. Embracer, dont la boulimie quasi-mensuelle a occupé les colonnes de ce site, y compris quand le studio Volition, vieux de 30 ans et balloté entre un nouveau Saints Row indigne et une réédition maudite du précédent, finit absorbé par l'usine à Borderlands qu'est Gearbox.



Fact'Or backlog 2022 (non sorti en cette année de misère, et qui balaye les dernières sorties) : Bidouiller ses vieilles consoles. La photo ci-dessus a été prise dans mon salon lors de la révision d'une Sega Saturn, console réservée aux nantis de son vivant et qui honore cette réputation depuis sa tombe. Les fermetures de MMORPG et de boutiques en ligne sont une piqûre de rappel sur l'obsolescence programmée des jeux vidéo modernes, mais la vague de spéculation financière sur le rétrogaming a également pourri les machines plus anciennes. Sur une Nintendo 3DS, le moindre Pokémon est soit hors de prix en physique, soit prochainement inachetable en téléchargement. Sauf que cette année, les occasions de sortir vos vieux machins du placard pour les remettre d'équerre se sont multipliées : le lecteur optique de la Saturn est aisément remplaçable par un lecteur de cartes SD fabriqué par un Français, les cartouches vous permettant de jouer aux traductions de titres jamais sortis sous nos latitudes sur une vraie console sont fabriquées en Ukraine, et même la première Xbox a vu son Xbox Live ressuscité (mon Gamertag est RatonLaveur, venez jouer à Crimson Skies). Si le passé nous apporte un avenir peu ragoûtant, l'avenir du passé semble rayonnant.