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Factornews présente : Les Fact'Or 2022
La sélection de Zaza le Nounours
Ce n'est rien de le dire, 2022 a été une année assez triste, en tout cas du point de vue d'un joueur PC amateur de gros quadruple A qui tâchent : quand on ne fait pas partie des matrixés qui arrivent à se persuader que les jeux FromSoftware sont autre chose que des escroqueries n'ayant rien à proposer à part une difficulté pour débiles, et qu'on n'a pas non plus de PS5 pour profiter des grosses exclus
Malgré tout, il y a quand même deux titres qui sortent un peu du lot pour moi cette année : Norco et Signalis. Les jeux de Geography of Robots et rose-engine n'ont absolument aucun rapport entre eux, si ce n'est d'avoir réussi à me transporter avec leurs univers, leur narration et leur ambiance parfaitement maitrisés dont on ressort sans être sûr d'avoir vraiment tout compris (en tout cas quand on est un idiot comme moi) mais avec la certitude néanmoins d'avoir pris part à des voyages assez uniques. Le premier est un point & click dans une Louisiane contemporaine réaliste mais avec quelques petites touches de fantastique, qu'on pourrait un peu rapprocher d'un Kentucky Route Zero mais qui reste selon moi plus digeste que ce dernier car il s'écoute beaucoup moins parler. Sa réalisation tout en pixel art parfois volontairement un peu grossier évoque les plus belles heures des jeux d'aventure sur Atari ST ou Amiga.
Le second est un survival horror dans un univers hard SF avec un gameplay très à l'ancienne totalement pompé sur celui des premiers Resident Evil (y compris l'inventaire riquiqui qui forcera à faire des allers-retours au coffre magique des salles de sauvegarde). Ce gameplay rétro s'accompagne d'une réalisation à l'avenant, mélangeant avec soin 3D low poly et jolie 2D lors de certaines cutscenes. Deux expériences vraiment uniques l'une comme l'autre, qui sont probablement celles qui m'auront le plus marqué cette année.
2022 aura quand même été une bonne année pour les jeux avec des petits animaux mignons, et à ce titre il est impossible de ne pas évoquer Stray, le "jeu du chat" : très classique dans ses mécaniques, il a surtout pour lui de nous proposer de contrôler un adorable petit chat superbement animé et criant de réalisme, perdu dans une sublime ville cyberpunk pleine de robots humanoïdes. La réalisation est à tomber par terre (même si on regrette que Blue Twelve n'ait pas jugé bon de proposer une option ray tracing, alors que le jeu semble fait pour), le gameplay est simple et efficace, l'histoire se laisse suivre gentiment et ne s'éternise pas plus que de raison, il n'y a vraiment pas grand chose à lui reprocher, sauf évidemment si vous êtes une mauvaise personne et que vous n'aimez pas les chats.
Dans un autre registre, saluons chaleureusement Tunic, le "Zelda avec un renard" qui ne se contente pas d'être un hommage trop appuyé à A Link to the Past : par son côté volontairement abscons où on ne nous explique pas grand chose, le jeu d'Andrew Shouldice se révèle beaucoup plus mystérieux qu'un Zelda, et se rapproche presque de Fez bien que les deux jeux n'aient rien en commun niveau gameplay. On applaudit également le concept du manuel dont on récupère les pages dans le jeu lui-même, idée absolument brillante qui devient de fait une des mécaniques centrales de l'aventure.
Enfin, toujours dans les animaux même s'ils sont un peu moins mignons, on salue le retour des Tortues Ninja avec TMNT : Shredder's Revenge, beat 'em all à l'ancienne facile à prendre en main, forcément fun à plusieurs (je me suis limité à du jeu en duo et n'ai pas eu le plaisir de goûter au chaos du mode six joueurs) et jouissant d'une réalisation de feu, tout en 2D fine et colorée et très richement animée.
Vous savez sûrement que je suis un grand amateur des FPS pour vieux et de ce côté-là, 2022 a été un très bon cru. L'excellent Prodeus est enfin sorti de son interminable accès anticipé et propose une campagne très efficace mais un peu courte, une durée qui pourra heureusement être compensée par les maps créées par les joueurs au moyen du puissant éditeur de niveau fourni avec le jeu.
Bonne surprise de l'année dernière à la Realms Deep, Cultic est sorti en accès semi anticipé (il n'est pas étiqueté comme tel, mais il n'y a pour l'instant que le premier chapitre de disponible) et a dépassé toutes nos attentes avec son gameplay nerveux et violent et son esthétique que l'on qualifiera généreusement "d'hommage" au Blood de Monolith.
Autre early access attendu de longue date, Gloomwood nous propose un début d'aventure plus que prometteur mais reste pour l'instant un peu trop chiche en contenu pour que je puisse le recommander totalement. Si le produit fini est du niveau de ce qu'on voit dans ce premier jet, on devrait avoir droit à un très grand jeu, sorte de Thief un peu décomplexé où la violence reste une option à peu près valable.
Enfin, la sortie (enfin, l'une des sorties, mais on va passer Blade Runner sous silence par charité) Nightdive de l'année aura été celle de Powerslave Exhumed, version retapée avec amour d'un vieux FPS trop méconnu, sorte de proto-Metroid Prime en Egypte.
En bon amateur de sucreries graphiques, j'en place aussi une petite pour les versions ray tracées de Doom et surtout Quake, bidouillées par un petit gars dans son garage, et qui doit être à l'heure actuelle en train de plancher sur un mod similaire pour le premier Half-Life, qui aura donc sa place toute trouvée dans mon classement 2023.
Et pour terminer pour de bon ce paragraphe, n'oublions pas non plus le mod VR pour Half-Life 2, incroyable boulot d'amateurs qui ont réussi à parfaitement adapter à la réalité virtuelle l'expérience du jeu de 2004, qui s'en retrouve complètement transfiguré - même si on ne cracherait pas sur un petit pack de textures HD, parce que forcément les graphismes accusent encore plus leur âge quand on se les colle directement devant les yeux.
Peu de jeux m'ont vraiment surpris cette année, mais il y en a quand même trois que je n'avais pas vus venir et qui ont réussi à complètement me happer. Le premier est Powerwash Simulator et c'est, comme son nom l'indique, un "simulateur de Kärcher". C'est aussi con que ça en a l'air, mais c'est incroyablement relaxant : on débranche le cerveau, on se laisse bercer par le brzzzzzz de son gros tuyau d'arrosage, et on sort de là complètement détendu. Les développeurs prévoient de nouveaux niveaux l'année prochaine, et il me tarde de voir ce qu'ils nous réservent.
Autre jeu, dont j'étais à peu près le seul à me foutre royalement au sein de l'équipe jusqu'à ce que je pose les mains dessus : Tinykin. Platformer 3D pur jus comme il en sortait des dizaines à l'époque de la N64 ou de la PS2, il est ici question de déplacer un personnage minuscule dans une maison tout ce qu'il y a de plus banale, si ce n'est qu'elle est vide de tout occupant humain et que des insectes en ont pris le contrôle. La progression se fait en accomplissant divers objectifs qui débloqueront l'accès à de nouvelles pièces, et pour celà on est accompagné des Tinykin, sortes de Pikmin locaux qui auront chacun leur utilité. Le concept est parfaitement maîtrisé, les contrôles répondent au doigt et à l'œil, l'exploration des niveaux est un vrai plaisir (surtout pour les obsédés du 100% qui veulent récupérer absolument toutes les petites merdouilles qui y sont disséminées), c'est souvent très drôle : un vrai bonheur de bout en bout.
Enfin, la dernière bonne surprise de l'année est Need for Speed Unbound : dévoilé tardivement, ce qui est rarement bon signe, on voyait ce nouvel épisode foncer à grande vitesse tout droit dans un mur, et il a malgré tout réussi à éviter le crash avec un virage parfaitement maîtrisé à la dernière seconde. Le jeu est complètement arcade à en faire passer Ridge Racer pour une simu de pointe, mais la conduite toute en drift reste agréable une fois qu'on a pris le coup de main, les courses sont nombreuses et assez variées, le choix des voitures est assez pléthorique mais chacune d'entre elles se mérite et vous aurez le temps d'apprendre à les apprivoiser (et à les customiser en repoussant les limites du mauvais goût). Ce n'est pas un chef-d'œuvre, mais c'est quand même de très loin le meilleur épisode de la série depuis le Hot Pursuit de 2010. Lui aussi était réalisé par Criterion, ce n'est probablement pas une coïncidence.
Impossible aussi de ne pas trouver une petite place pour évoquer le come back le plus inespéré
Deux jeux auraient pu être placés ailleurs dans mon best-of de l'année mais faute d'avoir pu y jouer suffisamment puisque je ne les ai commencés que la semaine dernière, ils auront droit à leur paragraphe dédié : Judgment et A Plague Tale: Requiem. Le premier est le portage PC tardif du spin-off un peu moins illégal de la série Yakuza (ou Like a Dragon, comme on l'appelle maintenant) de Sega qui nous propose d'incarner un avocat déchu devenu détective privé. Du peu que j'en sais et que j'en ai vu, ça a l'air au moins aussi fou et généreux que la série originale.
Quant à A Plague Tale: Requiem, il était dans ma bibliothèque depuis la sortie mais je gardais espoir qu'Asobo allait enfin se décider à sortir le patch ray tracing tant attendu par les graphic whores dans mon genre. Comme on n'a aucune info sur cette éventuelle sortie, j'ai lâché l'affaire et commencé le jeu dans sa version pour gueux sans RT, qui reste malgré tout absolument sublime. Et la bonne nouvelle, c'est qu'avec ma chance le patch RT arrivera très probablement trois jours après que j'aurai fini le jeu : tant pis pour moi, tant mieux pour ceux qui auront été plus patients.
Mais le vrai GOAT de 2022 pour moi, celui que je me gardais pour la fin, c'est bien évidemment le Steam Deck. Annoncée à l'été 2021, sortie début 2022, la grosse petite machine de Valve m'aura accompagné toute cette année. Commandé sans trop savoir ce que j'allais en faire, il s'est au début limité à une utilisation blague type "hihi je joue à mes jeux PC en faisant caca" - même si c'est sur le Deck que j'ai plié Eastward ou Tinykin, affalé sur mon lit ou mon canapé (ou sur le trône, donc). Mais c'est quand je me suis retrouvé à l'hôtel, loin de mon "vrai" PC, que ce soit pendant mes vacances sous les tropiques ou durant mon déménagement (car à près de 40 piges, j'ai enfin quitté la région parisienne pour aller m'installer en province - plus de photos et de vidéos à venir très bientôt sur mon insta et ma chaine youtube, abonnez-vous !) que j'ai vraiment pris toute la mesure du potentiel de la bécane, celle-ci me permettant de jouer à Forza Horizon ou GTA 4 et 5 très confortablement.
Bien sûr la machine n'est qu'une longue série de compromis permanents, et il ne faut pas espérer retrouver le confort d'un vrai gros PC hors de prix et nécessitant sa propre centrale nucléaire dédiée pour tourner, mais ça reste malgré tout assez fou de se dire qu'on a désormais une machine d'un aussi petit gabarit permettant d'accéder à toute sa bibliothèque Steam (et même plus, si on se sent l'âme d'un aventurier) n'importe où. Le confort de prise en main est pratiquement irréprochable, les performances sont au rendez-vous tant qu'on sait se fixer des limites, le suivi de Valve est pour l'instant exemplaire avec l'apparition au fil des mois de fonctionnalités vraiment utiles comme les profils par jeu ou le changement de fréquence de l'écran, et même si on doute un peu que la bécane ait les épaules pour vraiment profiter des futurs jeux les plus gourmands, il restera toujours le backlog qu'on accumule depuis des années ou même l'émulation de consoles plus ou moins vieilles, le Deck étant seul maître à bord dans ce domaine, capable de faire trembler n'importe quelle solution à base de Raspberry Pi avec en plus l'attrait de la portabilité.
Je ne pense pas que le Deck puisse être conseillé les yeux fermés pour une première machine, car l'une de ses plus grandes forces est d'avoir accès dès qu'on l'allume à sa bibliothèque Steam constituée avec amour depuis plus de quinze ans, mais si vous avez déjà un PC et que vous cherchez un moyen de (re)découvrir vos jeux sous un autre angle et surtout de n'importe où, ça en fait le compagnon absolument idéal.