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Un Rédacteur Factornews vous demande :

ARTICLE

Révisez vos fiches avant l'E3 : Nintendo

Nicaulas par Nicaulas,  email  @nicaulasfactor
 
L'E3, c'est dans un mois. Et si Factornews ne pourra s'y rendre, on ne vous a pas totalement oublié. Quels acteurs du marché seront présents, quels produits proposent-ils au joueur, quelles sont leurs situations financières et quels sont les enjeux de l'E3 pour eux ? Nous vous proposons une petite série d'articles pour défricher le terrain.
Et à tout seigneur tout honneur, c'est ce bon vieux Nintendo qui ouvre le bal. Un Nintendo qui, pour la deuxième année de suite, n'organisera pas de conférence et se contentera d'un stand et d'animations.

Une offre limitée

A l’heure actuelle, Nintendo articule son offre hardware autour de deux “familles” : la famille 3DS pour les portables, composée de la 3DS, la 3DS XL et la 2DS, et la famille Wii pour les consoles de salon, composée de la WiiU et la Wii Mini. Son offre software, si on inclut tous les jeux de la console virtuelle, ceux de la Wii et de la DS (par rétrocompatibilité), ainsi que les jeux à venir plus ou moins prochainement (typiquement, le prochain Monolith ou Mario Kart 8), revendique un catalogue d’environ 1800 entrées. Si on ne conserve que les jeux sortis sur la famille 3DS et sur WiiU (donc sans les jeux sur le Ware et les consoles virtuelles), on tombe à  moins de 300 entrées.  Et je vous épargne le comptage manuel des grosses licenses possiblement system sellers, surtout sur WiiU. 
C’est d’ailleurs l’un des reproches les plus fréquemment fait à Nintendo en ce moment : le manque de jeux pour alimenter ses consoles, et en particulier la WiiU (la 3DS ayant quant à elle agrégé lentement mais sûrement une ludothèque un peu plus conséquente). Avec, en filigrane, le reproche éternel envers Nintendo : les barrières à l’entrée de ses consoles (cahiers des charges restrictifs, limitations techniques, devkits peu acueillants, royalties, etc.).

Une concurrence mouvante

On a naturellement tendance à opposer Nintendo aux deux autres constructeurs, Sony et Microsoft. C’est un fait, les trois larrons sont présents sur le même marché de la console de salon et sont les poids lourds du secteur, et si Microsoft n’a pas de console portable, Sony a tenté par deux fois de marcher sur les plates-bandes de Nintendo dans ce domaine avec la PSP et la Vita. Néanmoins, la situation concurrentielle s’est pas mal complexifiée avec la dernière génération de consoles. Déjà, Nintendo est resté sur un modèle assez classique de console fermée exclusivement dédiée au jeu, tandis que Sony et surtout Microsoft ont pris le virage des mass media en ouvrant leurs machines à d’autres contenus culturels, les transformant en media centers. Difficile donc de placer Nintendo en concurrence frontale avec Sony et Microsoft. Et, surtout, le grand succès de la Wii s’était construit autour d’un nouveau public, plus large et plus familial, qui appréciait la possibilité de jouer à des jeux intuitifs et communautaires. J’éviterais de parler ici de casual gaming parce que c’est une notion mal définie qui mériterait un article à elle seule tant elle est devenue fourre-tout et péjorative, mais vous avez compris l’idée. Mais ça, c’était grosso merdo entre 2004 et 2008. Entre temps, il y a eu le raz de marée des smartphones. Presque tout le monde a un smartphone aujourd’hui, même parmi les plus jeunes. Et ce ne sont pas des machines au rabais. Du coup, tout ce public large et familial a pu retrouver dans la paume de sa main des jeux intuitifs et communautaires. Il semble donc beaucoup plus judicieux de scinder le public cible, et donc la concurrence de Nintendo en deux parties :
  • ses joueurs historiques, qui achètent des consoles Nintendo pour les licences Nintendo et quelques perles mésestimées, et pour lequel la concurrence se trouve chez Sony et Microsoft
  • le public acquis grâce à la DS et la Wii, qui n’est pas viscéralement attaché à Nintendo mais était attiré par la simplicité de ces consoles, et pour lequel la concurrence se trouve… un peu partout dans le monde, sous des formes incroyablement diverses, avec des problématiques  ludiques (quels gameplay pour quels jeux ?) et économiques (quels financements, quels modèles de rentabilité ?) très différentes.

Une situation tendue

On ne va pas se mentir : financièrement, ça n’est pas la joie chez Nintendo, comme le prouvent ses résultats sur l'année fiscale écoulée. La firme enregistre des résultats en baisse depuis 2010, avec une fonte importante du chiffre d’affaires et un résultat net qui oscille désormais autour de zéro. Nintendo revendiquait des résultats positifs chaque année depuis la sortie de la Famicom, l’assertion ne tient plus avec une année fiscale 2012 qui s’est terminée sur une perte nette de plus de 400 millions de dollars, et donc une nouvelle perte de 230 millions. Si les années 2006-2009 ont été fastes et ont rempli un peu plus une trésorerie déjà bien garnie par plus de 30 ans de bénéfices, Nintendo subit désormais un contrecoup assez net, puisque si son chiffre d’affaires revient doucement à son niveau pré-Wii, ce n’est le cas ni de son résultat net ni du montant de ses actifs. Un article plus poussé est en préparation et reviendra sur le pourquoi du comment de tout ça, je ne vais donc pas m’étendre outre mesure, mais retenez-donc que Nintendo n'est pas en danger grâce à son trésor de guerre, mais est sur une pente glissante et peine à retrouver son rythme pépère d’avant 2006.

Pas d'annonce en vue

C’est un peu le souci ces dernières années : Nintendo a tellement peu de choses à annoncer que l’E3 ressemble à un chemin de croix pour eux. Les annonces/confirmations de la 3DS puis de la WiiU ont créé une certaine effervescence sur le moment, mais par manque de jeux et d’utilisations concrètes des particularités matérielles de ces consoles, le reste a sonné creux. Et ça risque d’être la même chose cette année, puisque pour la deuxième édition consécutive il n’y aura pas de conférence Nintendo, « juste » un stand et des animations en continu durant le salon.
 
Il reste bien sûr la possibilité d’une surprise majeure, et ça n’est pas pour rien que le marronnier d’une nouvelle console a refleuri il y a quelques jours. Mais Nintendo (qui brevette de toutes façons des dizaines de concepts sans forcément les réaliser) a immédiatement démenti, et si on devait parier sur le contenu de l’E3 pour Nintendo, on prendrait peu de risque en misant plutôt sur des vidéos de gameplay des jeux à venir (Smash Bros, le X de Monolith ou Bayonetta 2 par exemple), des bornes pour en tester certains, et des concours sur Smash Bros et Mario Kart. Certains d'entre nous pressentaient l'arrivée d'un Skylanders-like, qui aura finalement été annoncé lors de la publication des résultats annuels. Sans doute aura-t-on un peu plus de précisions lors du salon.

Adapter sa communication

Avant d’entamer cet article, je pensais que l’objectif de Nintendo sur cet E3 serait d’annoncer un truc, n’importe quoi, pour rappeler qu’ils existent. Rien ne les empêche de le faire (enfin si : encore faut-il avoir quelque chose à annoncer), mais il me semble plutôt que Nintendo a un peu mieux compris sa situation qu’on ne pourrait le penser de prime abord. Qui fait des conférences et tente de grosse annonces chaque année (quitte à nous faire prendre des vessies pour des lanternes) ? Sony, Microsoft, et les gros éditeurs. Qui arpente les allées du salon, fait de la communication informelle et tente de diffuser une image jeune et cool de sa boîte en distribuant des goodies, des cartes de visite et en faisant tester son dernier jeu  à un journaliste adossé à une cloison entre une poubelle et la porte des chiottes ? Tous les autres, et en particulier les tout petits acteurs du marché et les développeurs/éditeurs de jeux sur mobiles. Du coup Nintendo a opté pour une solution intermédiaire que je trouve assez bien vue : un stand suffisamment important pour assumer son statut face aux gros du salon sans pour autant rentrer dans leur concours de kikimeter de conférence, mais qui a surtout pour but de rappeler que les jeux sur mobiles c’est bien beau, mais qu’en termes de fun et de convivialité on a jamais rien fait de mieux qu’un Mario Kart et un Smash Bros (qu’ils disent). Je pense néanmoins que ça n’aura aucun impact sur le public qu’ils avaient gagné avec la DS et la Wii et qu’ils ont perdu depuis (et qui ne doit même pas savoir que l’E3 existe), en revanche ça peut jouer sur la fibre nostalgique d’une partie de la presse. Et amorcer un changement de ton à son égard, ce qui serait déjà pas mal.

Quel impact ?

Aucun, serait-on tenté de dire. Puisque Nintendo n’arrive même pas à retrouver ses résultats pré-2006, c’est que le problème est plus profond et qu’un E3, si réussi ou raté soit-il, n’y changerait pas grand-chose. De toutes façons, la communication de Nintendo ne passe plus vraiment par ce genre d’évènements, où la comparaison avec Sony et Microsoft est douloureuse (en plus d’être biaisée, c.f. mon paragraphe sur la concurrence). Les Nintendo Direct, bien que guindés et souvent frustrants, sont bien plus ciblés sur des jeux ou des sujets particuliers, et donc mieux adaptés à l’offre limitée de Nintendo à l’heure actuelle. Et ils permettent d’ailleurs de tâter le terrain pour des innovations en douceur : on a vu quelques éléments de langages sur le online ou le free to play être lâchés en douce avant ou pendant un Direct, et on imagine que Nintendo scrute à chaque fois les réseaux sociaux pour voir les réactions à chaud.

Retrouvez nos autres fiches : ActivisionSonyUbisoftMicrosoft et Electronic Arts.
En fait, on a surtout la sensation que Nintendo n’est présent à l’E3 que parce qu’il y est obligé par la valeur symbolique du salon.
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