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Un Rédacteur Factornews vous demande :

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Sportsfriends : un jeu multihumain

Hell Pé par Hell Pé,  email

Super Pole Riders


Super Pole Riders est un simulateur de saut à la perche de Bennett Foddy qui est jouable gratuitement en ligne, sauf que là, on utilise les deux sticks de la manette et on peut jouer à quatre. Et entre nous, cette partie de la critique pourrait s’arrêter immédiatement après cette phrase.

Du moins, si le nom de Bennett Foddy vous dit quelque chose : cet ancien chercheur en bioéthique à l’université d’Oxford est une figure appréciée du (tout) petit monde du jeu indé, peut-être un peu parce qu’il a joué dans le groupe d’électro Cut Copy, mais principalement depuis qu’il a crée QWOP, un jeu très intelligent et très idiot à la fois, un des premiers au monde à vous proposer de contrôler un personnage manifestement incontrôlable et à vous gausser de votre propre médiocrité (comme Octodad, Goat Simulator et autres I Am Bread qui font le bonheur des Youtubeurs qui surjouent). Pole Riders a commencé dans la lignée de ces jeux casse-tête rigolos, en requérant des joueurs des réflexes à la limite de l’impossible, les punissant (ou plutôt les gratifiant) d’un spectacle pathétique de bonshommes en short se tortillant au bout d’une perche s’ils étaient incapables de les maîtriser (et à moins d’y passer des heures, ils étaient forcément incapables de les maîtriser). Super Pole Riders, la version HD-premium incluse dans Sportsfriends, conserve les règles de son prédécesseur, mais en dégraisse grandement le grotesque, en assignant le contrôle du bonhomme au stick gauche et celui de la perche au stick droit de la manette. Le jeu reste délicat à manœuvrer - il faut attraper le coup de main - mais hilarant à observer, et davantage à jouer, ce qui est une forme d’humour très Foddy-iènne.
 
Le truc que Super Pole Riders ajoute à cette marque de fabrique que partagent QWOP, GIRP et autres CLOP (même leurs noms sont débiles), c’est une compétition féroce. Non seulement vous (c’est-à-dire votre personnage, mais aussi vous, le joueur, en vrai) allez avoir l’air d’un con en jouant à Super Pole Riders, mais il vous faut en plus essayer de vaincre votre (non moins l’air-d’un-con) adversaire, car à l’abjection de sembler nigaud, s’ajouterait alors l’infâmie de la défaite. Vous allez devoir sauter à la perche comme des possédés, en décrivant les paraboles les plus désopilantes de l’histoire du jeu vidéo (laquelle compte énormément de paraboles), tout ça pour pousser une balle qui pend au milieu d’un fil tendu au-dessus du terrain. Le premier à taper trois fois la balle dans la cible que défend l’adversaire gagne. À deux, on frôle le duel épique ; à quatre, vous allez comprendre ce que les gens veulent dirent par “ma moitié” - à plus forte raison si vous utilisez le peu pratique mais fort érotique mode “manette partagée”, pour jouer à quatre mains sur un seul DualShock.

Regardez des gens jouer à Super Pole Riders sur Dailymotion, et vous constaterez qu’il poussent des cris d’espoir et des “noooon !” amusés à un rythme très élevé, bien plus élevé que celui auquel sont marqués les points. C’est là la marque d’un grand jeu multijoueur. Vous les verrez peut-être maudire le jeu et sa maniabilité bizarre après une défaite, quoique croyez moi : s’ils font ça, c’est parce qu’ils ont compris que le secret de la victoire ne résidait qu’en eux. Avoir le sentiment d’apprendre de chaque défaite, c’est là la marque d’un grand jeu tout court.
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