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4 heures chrono : Focus sur Focus
Il y a quelques semaines, Focus Home Interactive avait organisé un véritable marathon de présentations puisque l’éditeur avait rassemblé pas moins de huit jeux pour l’occasion. Certains étant proches de sortir, d’autres à peine commencés, il y avait une grosse différence de contenu entre par exemple Bound By Flame de Spiders et Space Hulk de Streum On Studio, sorte de joyau sur la couronne de notre curiosité. Quoiqu’il en soit, les règles étaient les mêmes pour tous les développeurs : 30 minutes par jeu par groupe de deux ou trois et peu de chance d’approcher d’une manette ou un clavier. Naviguant parmi les écrans et les pizzas à l’odeur affolante, tout en regrettant d’avoir mangé avant de venir, je commençais donc les hostilités.
Soyons honnête, on ne peut pas dire que j'aie été très joyeux à l’idée de commencer la présentation par Sherlock Holmes Crimes & Punishments alors que la porte menant à Wargame Red Dragon se fermait sous mes yeux. Contrairement à ce que le nom laisse entendre, il ne s’agit pas d’un cross-over entre Conan Doyle et Dostoïevski, mais plus simplement de 7 nouvelles enquêtes de Sherlock Holmes, dont 2 sont directement adaptées des nouvelles. On a donc pu voir quelques minutes d’une des affaires en question. Le jeu se déroule à la troisième personne et tourne sous l’Unreal Engine 3. Ce n’est pas laid mais par contre c’est très statique et les animations sont loin d’être impressionnantes. Comme dans pas mal de jeux d’aventure modernes, les développeurs se sont sentis obligés de faire varier le gameplay qui est constitué de mini-jeu type Wii pour mieux comprendre le meurtre : recomposer une image « mentale » de Sherlock en faisant pivoter des éléments 3D ou lancer un harpon sur un sac de farine. J’ai pu essayer: c'est nul, on ne peut pas harponner Watson. Il y a quand même un peu d’action, mais vu la façon QTEsque dont les combats sont mis en scène, vous préférerez sans doute les éviter.En ce qui concerne l’enquête proprement dite, il y a de nombreux moyens de récolter et de tirer parti des indices. Sherlock a un super regard dont le joueur peut se servir pour mettre en marche ses petites cellules grises. Comme dans les nouvelles, vous déduisez par la simple observation (enfin vous le personnage, pas vous le joueur inculte) quantité d’informations avant même que votre interlocuteur ait ouvert la bouche. Vous pouvez ensuite l’interrompre à l’aide de QTE et l’épater avec vos stupéfiantes connaissances. En dehors des interrogatoires, il y a aussi l’enquête de terrain. Vous pouvez voyager sur plusieurs destinations pour trouver des indices, utiliser des objets trouvés ou comparer des traces. Dommage qu’il y ait là aussi une utilisation un peu systématique du super-regard. Si Sherlock est un génie doublé d'un fin observateur, Frogwares n’a pas forcément l’air d’en penser autant de nous.
Pour compliquer tout ça, selon les actions du joueur, il se peut que des indices nous échappent ou que des portions d’histoire changent. Toutes les informations que le joueur parvient à rassembler se trouvent petit à petit consignées dans le livre d’enquête et on peut ensuite se rendre aux archives de Sherlock pour en apprendre plus en fouillant dans les livres de médecine ou de droit, ou bien dans les journaux. Dans le cas qui nous concernait, il fallait juste trouver un article correspondant à une date précise. Rien de bien compliqué et on espère que les recherches seront parfois moins évidentes ou systématiques.
A ce stade, il faut admettre que Sherlock Holmes apparait encore comme un jeu d’enquête très sympathique mais un peu plan-plan.
A ce stade, il faut admettre que Sherlock Holmes apparait encore comme un jeu d’enquête très sympathique mais un peu plan-plan.
C’est alors qu’on nous a dévoilé le système servant à résoudre l’enquête, qui se présente sous la forme de cellules à relier entre elles. En associant le harpon et les tests en labo, on peut par exemple en déduire qu’il faut beaucoup de force pour manipuler l’arme et donc faire des suppositions sur ce qui s’est passé : rush d’adrénaline ou bien crime soigneusement préparé ? Au joueur de choisir. Cette constellation d’indices ainsi reliés finit donc par constituer l’hypothèse du crime selon le joueur, et lui permettre d’accuser quelqu’un d’après une théorie qu’il aura lui-même établie de façon bien plus complète qu’un simple Cluedo. S’il est bien exploité, il faut reconnaitre que ce système est très excitant puisqu’il place le travail de déduction entre nos mains. À l’issue de l’affaire on doit donc choisir son coupable et, selon les circonstances, l’innocenter (dans le cas d’un accident) ou l’accuser. On ne saura alors pas systématiquement si on a fait les bons choix (sauf si on le souhaite grâce à un système en deux temps qui permet de préserver le mystère pour les puristes). C’est l’essence même de l’enquête policière traduite en jeu d’une manière originale et la plus complète qu’il m’ait été donné de voir. Reste à savoir si le jeu se révèle suffisamment complexe pour ne pas vendre la mèche trop facilement et maintenir le joueur dans un certain degré d’incertitude.
Scène coupée : Frogwares en a aussi profité pour teaser sur un futur jeu Call of Chuthuluhlhu adapté du jeu papier, avec plein d’ambiances et des sensations d’horreur et de dégout qui font peur, mais aucune autre information.
Prochain épisode : 15h-15h30 - Bol de Sang 2