The Suffering
À Torque et à travers
Dans The Suffering, vous incarnez Torque, un homme sans doute bien sous tous rapports, mais néanmoins condamné à mort pour avoir tué son ex-femme et ses deux enfants. Le gaillard, ténébreux et taciturne (et qui plus est aux faux airs de Wolverine), se retrouve donc dans le pénitencier Abbott, situé sur l’île de Carnate, au large du Maryland. Mais alors que les barreaux de sa cellule viennent à peine de se refermer sur lui, les autres prisonniers ainsi que les matons se font mettre en pièces par des monstres sortis d’on ne sait trop où. Votre cellule s’ouvre, et vous allez alors tenter de vous enfuir de cet Enfer sans y laisser trop de plumes. Votre périple vous fera visiter toute l’île, et vous allez bien vite vous rendre compte que des événements pas très catholiques s’y sont tramés depuis des siècles.
Dès le début, l’ambiance est donc posée, à mi-chemin entre un épisode de Oz et Silent Hill. Il fait sombre, très sombre, et pour y voir un peu plus clair, rien de tel qu’une bonne lampe de poche attachée au t-shirt, qu’il faudra réapprovisionner en piles si vous voulez y voir quelque chose. Pour vous défendre contre les hordes de monstres qui vous attaqueront, vous aurez tout d’abord à votre disposition une espèce de gros couteau, bien peu efficace, mais rapidement vous mettrez la main sur un pistolet (puis sur un deuxième pour vous la jouer Max Payne), un fusil à pompe, un Tommy gun, une hache du plus bel effet, ainsi que toute une bardée d’explosifs en tous genres. Pour ce qui est des munitions, pas la peine de compter les balles, vous en aurez à profusion. De même pour votre santé : vous trouverez de très nombreux anti-douleur tout au long de l’aventure. Car The Suffering est un survival clairement orienté action, bien plus que ténors du genre.
Un Enfer pavé de bonnes intentions
C’est une des principales différence du jeu par rapport à ses illustres modèles. Vous flinguerez plus de monstres ici que dans tous les Resident Evil et Silent Hill réunis. Pour que ces affrontements ne tournent pas au calvaire, il fallait un système de combat bien pensé. Plutôt qu’un système de visée lourdingue comme on a l’habitude de voir, les développeurs de Surreal ont préféré opter pour des contrôles identiques à ceux des FPS consoles : stick de gauche pour avancer / reculer / straffer, stick de droite pour tourner et lever la tête. Torque réagit au quart de tour, et il s’avère bien plus vif que tous les héros patauds que nous avions contrôlés jusque là. Il faut noter également qu’il est possible à tout moment d’alterner entre une vue à la troisième personne et une vue subjective, d’une simple pression sur le bouton Carré. Une vraie bonne idée, tant le jeu reste parfaitement jouable aussi bien dans un mode que dans l’autre.
Comme vous pourrez le constater assez rapidement dans le jeu, Torque n’est pas à proprement parler un Monsieur tout le monde. En effet, durant les combats, le fait de mettre ses adversaires en bouillie fera monter une petite jauge qui, une fois remplie, vous permettra de le transformer en monstre, qui fera des ravages au corps à corps dans les rangs adverses. Toutefois, je dois bien avouer que je me suis au final assez peu servi de cette feature pendant le jeu, préférant faire le ménage à coups de fusil à pompe.
Vous pourrez effectuer un certain nombre d’actions sur l’environnement : allumer ou éteindre la lumière dans certaines pièces, détruire des éléments du décor, en bouger d’autres (parfois nécessaire pour progresser). C’est assez agréable, et ça renforce le sentiment d’immersion. Un autre détail du même genre : durant des combats un peu trop rapprochés, les gerbes de sang (qu'il s'agisse de celui de Torque ou de ses ennemis) viendront se déposer sur vous et feront changer vos fringues de couleur. Amusant.
Pas vraiment une gueule de porte-bonheur
Malheureusement, The Suffering n’est pas exempt de défauts. Le premier concerne son aspect visuel. Loin d’être moche, le jeu n’offre pas non plus des graphismes à se pâmer, et reste ainsi bien loin d’un Silent Hill 3, notamment au niveau des effets de lumière. Les textures sont également assez répétitives, et le tout est assez anguleux, sans parler de quelques bugs de collision par-ci par-là. Rien de choquant dans l’ensemble, si ce n’est parfois des baisses de frame-rate assez impressionnantes. Il faut noter cependant que les niveaux sont des plus vastes, et que les temps de chargement sont très rares, ce qui a le mérite de ne jamais casser le rythme du jeu.
Ensuite, les monstres sont au final assez peu variés, et ceci se ressent d’autant plus qu’on en massacre des centaines tout au long de l’aventure. Cependant, leur design assez exceptionnel compense cette petite faiblesse. En plus de ces cinq ou six types d’ennemis de base, vous affronterez quelques « boss ».
Enfin, comme tous les survival, le jeu ne vous tiendra pas en haleine beaucoup plus longtemps qu’une dizaine d’heures. Mais celles-ci sont vraiment bien remplies, on ne s’ennuie jamais et on n’est jamais bloqué. De plus, en fonction de votre manière de jouer, vous aurez le droit à trois fins différentes. Ainsi, lorsque vous rencontrez un autre être humain, des voix se font entendre, l’une vous intimant de le tuer, l’autre de le laisser vivre : qui allez-vous écouter ?