The Moment of Silence
La liberté c'est l'esclavage
The Moment of Silence est un jeu d'aventure point & click très classique : tout se fait à la souris, les déplacements comme les actions. On clique sur l'endroit de l'écran où on veut aller, et le héros se déplace. Alternativement, on clique sur l'objet ou la personne qu'on veut regarder, ramasser ou utiliser, et hop l'action est accomplie. Vous avez là l'essentiel du gameplay, à quoi il faut rajouter les dialogues avec les autres personnages. Et dieu sait qu'ils sont importants, ces dialogues, dans The Moment of Silence : il y en a huit heures, d'après la boîte, et j'ai l'impression d'avoir dû supporter encore plus que ça. Mais revenons à nos moutons.
Dans The Moment of Silence, on incarne Peter Wright, un voisin curieux qui se remet à peine d'un drame familial. Quand il voit son voisin embarqué de force par un mystérieux groupe armé, il prend son courage à deux mains et commence par ne rien faire. Une fois les soldats partis, il ira réconforter sa voisine en lui offrant son aide pour retrouver son mari. Pourquoi donc fait-il ça ? Ah, si je le savais... Bref, avec tout ça, ce brave Peter verra du pays (le continent américain de haut en bas, et même un petit passage dans l'espace), commettra moult délits et découvrira ce que vous aviez deviné depuis le début : le gouvernement nous cache tout et est vraiment très très vilain. Tout ça culmine dans une longue conversation de type Matrix Reloaded meets 2001, l'Odyssée de l'espace que je vous laisse l'immense plaisir de découvrir.
L’ignorance c’est la force
Je l'ai déjà dit : The Moment of Silence est bavard. Sans doute beaucoup trop, en fait, au point de rendre le jeu assez indigeste. Chaque personnage vous noiera sous une véritable diarrhée verbale. Autant dire qu'on se lasse rapidement des discussions avec les différents protagonistes. L'idée n'était pas mauvaise, pourtant : cela permet de donner une personnalité et un background à chaque personnage, même à Gerald le manutentionnaire à qui vous parlerez une seule fois dans le jeu. Mais trop, c'est trop. Et The Moment of Silence est clairement trop prolixe.
Graphiquement, par contre, le jeu est globalement réussi : les décors vont du correct au superbe, les cinématiques sont réussies et les animations des personnages totalement foirées.
Même constat pour l'ambiance sonore : les musiques sont chouettes, les bruitages pas trop mal, mais le tout se répète en permanence. Quant au doublage, il est loin d'être raté mais ne restera pas pour autant dans les mémoires. Bref, du très commun.
La guerre c'est la paix
Mais ce qui fait la différence, dans un jeu d'aventure, ce n'est pas sa qualité technique ni son interface, ce sont ses énigmes (ici, plutôt logiques mais souvent faciles) et surtout son histoire. Et là, pour le coup, on aurait pu s'attendre à beaucoup mieux. Le développeur House of Tales n'a pas hésité à accumuler les contradictions pour rendre son histoire imagée et pour, somme toute, faire passer une sorte de message moral et politique : nous sommes tous écoutés, c'est pas bien, il peut y avoir des dérives. Tout ça, c'est bel et bon, mais ce n'est pas ce qui va rendre le jeu intéressant. On aurait préféré un héros avec de vraies raisons de s'embarquer dans cette histoire (là, on a un loser désoeuvré et curieux qui se transforme d'un coup en chevalier blanc), on aurait aimé voir moins d'incohérences et moins de blabla, et on aurait pu faire l'impasse sur toute la leçon de morale.