TEST
Shadow Tactics : Aiko's Choice
par billou95,
email @billou_95
Développeur / Editeur : Daedalic Entertainment Mimimi Games
Support : PC
Entre un Desperados III qui a trusté la première place du podium de mes Fact'Or l'année dernière et un Codename Süßkartoffel qui se fait encore désirer, les Munichois de Mimimi ne sont pas restés sans rien faire. Ils ont tout d'abord composé un excellent season pass pour leur dernière production en date, véritable condensé de savoir-faire à dévorer en une petite dizaine d'heures. Avant de faire un retour vers leur premier succès dans le monde de la tactique temps-réel en annonçant... une extension pour Shadow Tactics. Habile.
Annulée à la sortie du bien aimé Blades of the Shogun pour des raisons a priori financières, ce spin-off revient sous la forme d'un standalone qui sera apprécié par ceux qui ont découvert la tactique temps-réel "moderne" avec Desperados III. Un bon point pour le studio (et son éditeur Daedalic Entertainment), mais on conseillera quand même aux nouveaux-venus de s'acclimater avec le quintet de l'aventure principale avant de s'élancer dans Aiko's Choice pour deux raisons : la première, c'est qu'on le trouve maintenant à vil prix un peu partout.La seconde, c'est qu'il est un poil moins accessible que Desperados III, notamment sur la gestion des objets qui passent devant l'objectif de la caméra qui viennent à de multiples reprises gêner la sélection de tel ou tel personnage, si on ne se trouve pas pile en face de lui sans obstacle au premier plan. La faute au moteur de jeu de Shadow Tactics, inchangé depuis 2016. Pour le reste, on est en terrain conquis. Aiko's Choice se concentre sur l'adepte kunoichi de notre groupe qui aura cette fois-ci fort à faire contre ni plus ni moins que sa senseï : Dame Chiyo qui semble vendue à solde de l'ennemi public numéro 1 Kage-sama. Toute l'intrigue se déroule donc un peu avant la 9e mission du jeu original. Le système de jeu iconique de Mimimi n'a lui pas bougé d'un poil (cônes de vision des ennemis, zones hachurées qui permettent de passer sans se faire détecter, assassinats synchronisés, sauvegarde/recharge de partie instantanée, etc.). Tant et si bien qu'on retrouve tout de suite ses marques. Un léger tutoriel nous permet de reprendre en main les 4 autres héros originaux : le ninja Hayato agile et polyvalent, le puissant samouraï Mugen, la gamine Yuki et ses pièges. Et enfin Takuma, le tireur d'élite accompagné de son fidèle familier.
Et connaître les forces et faiblesses de tous les membres du groupe s'avèrera cette fois-ci carrément indispensable pour mener à bien les trois gros chapitres (comptez 3 heures par mission) et les interludes scénarisés qui composent le jeu. En effet à la différence d'un Shadow Tactics: Blades of the Shogun ou même de 90% de Desperados III, il sera obligatoire d'utiliser les capacités de deux ou trois héros en les combinant ensemble pour se sortir des pièges tordus déployés par les développeurs. Plus que jamais, les cartes de l'extension ressemblent à des parties d'échec mal engagées qu'on rejoindrait en cours de jeu. On se demande comment arriver à avancer jusqu'à l'objectif sans se faire voir, on passe de longs quarts d'heure à analyser la topologie du terrain, les rondes des uns et des autres et on découvre enfin LA faille dans le système. CE moment où le jeu nous dégage un angle mort de deux secondes pendant lesquelles on peut agir.
Kato de Noël
Puis vient le temps de la planification : on enchaîne les touches F5 (sauvegarde rapide) et F8 (recharge rapide), on positionne ses pions sur l'échiquier précisément au millimètre sans se faire repérer et on prépare une action synchronisée, Aiko se chargeant de réduire la vision d'un "chapeau de paille" impassible pendant que Hayato lance un shuriken sur ce pauvre type seul dans son coin entre deux rondes ennemies. Vite, pas de temps à perdre, on envoie Mugen chercher son cadavre et le transbahuter comme un fagot de paille jusqu'au fourré le plus proche, juste à temps avant que ne recommence la ronde de ses collègues qui ne se rendent évidemment compte de rien. Et nous, grâce à cette technique de sioux, on vient d'avancer d'une vingtaine de mètres dans le dédale tortueux du niveau en cours...C'est ça, l'esprit tactique temps-réel façon Mimimi Games et avec Aiko's Choice, ils repoussent les limites de la difficulté, pour notre plus grand plaisir, tout en tentant des trucs qu'on retrouvera sans doute plus tard dans leur prochain jeu. Des cartes riquiquis bourrées d'ennemis (le navire Portugais) aux archipels gigantesques, mais à la progression bridée, pensée pour casser les synergies. Il y a vraiment de quoi faire avec les puzzles retors proposés par les Allemands. En plus, l'ère Edo et ses mystères permettent aux développeurs d'abuser de passages secrets et de sous-objectifs en cours de mission, afin de permettre un peu de rejouabilité pour qui se sentirait l'envie de débloquer tous les succès. D'ailleurs comme ses prédécesseurs, le jeu regorge de petits challenges diaboliques qui vous demanderont de vous creuser pas mal les méninges.
Côté technique, on le disait un peu plus haut et les développeurs avaient été parfaitement clairs lors de son annonce : Aiko's Choice n'a pas développé avec le moteur de Desperados III. On y retrouve donc les mêmes écueils que dans l'original cités précédemment, et une réalisation aussi rigide qu'avant (peu d'animations lors des cinématiques, des personnages moins détaillés et un peu baveux, peu de folie dans la mise en scène). Enfin, on l'avait déjà noté sur l'original, Aiko's Choice reprend le casting vocal Anglais, mais surtout Japonais qui avait fait le charme de Shadow Tactics. On ne saurait alors que vous conseiller de passer sur le Japonais pour bien vous immerger dans l'aventure. Le compositeur attitré du studio Filippo Beck Peccoz est ici de retour aux commandes avec une poignée d'inédits et beaucoup de morceaux déjà entendus à l'époque réenregistrés avec un orchestre Bulgare. Toujours un régal pour les oreilles.
Avec sa difficulté délicieusement relevée, une durée de vie honnête d'une bonne douzaine d'heures et toujours cette vision d'un jeu de tactique ultra satisfaisante lorsqu'on arrive à se faufiler derrière les lignes ennemies sans jamais se faire voir, Shadow Tactics: Aiko's Choice coche toutes les cases du bon goût à la Teutonne. Impossible donc de ne pas le conseiller à tous ceux qui se sont délectés de l'original et de Desperados III.