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Sacrifice
par ClémentXVII,
email @ClementXVII
Parmi les jeux disponibles dans le catalogue de départ de Good Old Games, Sacrifice fait certainement partie des titres les plus controversés. Pour un jeu de stratégie en temps réel, il était un des premiers à nous mettre le nez dans la bataille, un concept que l'on a retrouvé depuis dans des jeux tels que Pikmin ou Overlord. Doté d'un arsenal de créatures et de sorts impressionnant, ce jeu m'a valu d'excellentes parties tant en solo qu'en réseau. Disponible à partir du 8 septembre pour tous ceux qui se sont inscrit à la beta de Good Old Games, c'est l'occasion rêvée de faire un petit flashback sur ce jeu.
Sorti en 2000, Sacrifice raconte l’histoire d’Eldred, une sorte de mage qui se retrouve catapulté dans un nouveau monde suite à la destruction du sien. Ce monde est supervisé par cinq dieux qui passent leur temps à se chamailler. On y retrouve Persephone, déesse de la nature et de la justice, James, dieu de la terre et de la paix, Stratos, un dieu égocentrique qui croit tout savoir, Pyro, dieu de la technologie et du feu et finalement Charnal, le dieu de la destruction et de la mort. Évidemment avec des caractères pareils, les esprits s’échauffent rapidement, et il suffit d’une prophétie annonçant qu’un des dieux voudra se retourner contre les quatre autres pour que les conflits et alliances ne commencent à se jouer. Au début de chaque mission, chaque dieu nous propose l'une ou l'autre expédition (punitive ou non) à mener à bien. Choisir un dieu influera non seulement sur le scénario, mais aussi sur les sorts et créatures qu’Eldred pourra invoquer: à l’exception de la première mission qui nous fait démarrer avec trois créatures et trois sorts, chaque nouvelle mission nous donne un nouveau sort et une nouvelle créature, gracieusement offerts par le dieu. En choisissant Pyro, on aura par exemple accès aux Pyromaniaques et au sort Feu de Dragon, alors que Charnal nous offrira des créatures et sorts basés sur la mort et la pourriture. Attention toutefois à bien choisir vos allégeances, car les dieux se vexent facilement et pourraient très bien décider de ne plus rien vous proposer.
Ca crie, fils !
Jouer un mage dans un jeu de stratégie n’est pas chose aisée, ces personnages ne sont pas fait pour le combat. Pourtant, une des particularités pour l’époque, est que Sacrifice est le premier RTS à catapulter le joueur au beau milieu du champ de bataille dans un affrontement en vue à la troisième personne. Imaginez un croisement entre Batallion Wars et Pikmin ou Overlord, et vous aurez une idée de la chose. Heureusement, Shiny a pensé aux mage en herbe, et a simplifié la gestion des ressources au maximum: pour lancer des sorts, que ce soit pour invoquer des créatures ou un puissant tremblement de terre, il suffit d’avoir assez de mana. Des puits de mana se trouvent ça et là, et permettent de recharger la magie, mais ils fonctionneront à pleine puissance si vous vous trouvez à côté et que vous ayez construit un manalithe dessus. Ce dernier fait en sorte que les mage ennemis ne puissent pas bénéficier de la recharge de mana. Seulement, on ne se bat pas uniquement à côté des manalithes, et il faut trouver un moyen de recharger sa puissance magique en plein milieu du champ de bataille... et c’est là qu’interviennent les Manahoars, des petites créatures ridicules sans bras et avec de grandes oreilles qui servent d’antenne-relais pour le flux de mana. Incapables de se battre, elles seront souvent visées en premier lieu lors d’affrontements sanglants, ce qui prive leur mage d’une régénération de mana rapide.
Un mage faiblard et des manahoars ne sont donc pas suffisants pour mener une bataille à bien, il faudra aussi invoquer des créatures plus puissante afin de participer à des combats épiques. Les différentes unités disponibles sont de trois types : fantassins, archers et créatures volantes, et fonctionnent sous le principe Pierre/Papier/Ciseaux.
Simplifiant la gestion à l’extrème, les seules ressources nécessaire pour invoquer des créatures (en plus du mana nécessaire pour lancer le sort) sont des âmes. Ces âmes, on les trouve en tuant des paysans sans défense ou sur les champs de bataille. Chaque créature nécessite un certain nombre d’âmes pour être invoquée, et quand elle meurt, elle reste sur le terrain, avec des âmes rouges ou bleues flottant au-dessus d’elle. S’il s’agit d’une créature alliée, ses âmes bleues peuvent être récoltées en passant dessus. Les âmes rouges, en revanche, proviennent de créatures ennemies, et il faudra purifier ces âmes perdues avant de pouvoir les ajouter à votre réserve d’âmes.
Tout cela est tres beau, mais malheureusement la purification d’âmes nécessite l’invocation d’un docteur Sac, qui injecte un sérum puissant dans la créature avant de la sacrifier sur votre autel. Comme ce processus prend un certain temps, et beaucoup de mana, il faut s’arranger qu’il n’y ait pas de mage adverse dans les environs, car ce dernier pourrait récupérer ses propres âmes avant même que le docteur Sac n’ait fini son travail. Résultat des courses, les combats se résument souvent en joyeux affrontements, où l’on essaie tant bien que mal de récupérer des âmes rouges, tout en surveillant ses propres créatures et en essayant de supprimer le mage adverse pour qu’il ne récupère qu’un minimum d’âmes. Difficile aussi, en plein combat, de décider quelle est la meilleure créature à invoquer. Une Bombarde de James à cinq âmes, ou bien cinq archers de Persephone ?
Et c’est ça qui rend Sacrifice aussi mythique : de nombreuses fois, j’ai eu des affrontements où je pensais que tout était perdu, il me restait peu de mana, l’armée ennemie détruisait sans arrêt mon manalithe, ainsi que les créatures que j’envoyais vers eux, mais avec beaucoup de perséverance, je réussis à capturer peu à peu les âmes du mage ennemi, l’empêchant de produire assez de créature pour arriver à m’arrêter complètement. En effet, les mage étant protégés par les dieux, il leur est possible de ressusciter après quelques instants : dès que leur mana est rechargée, ils peuvent retourner sur le champ de bataille pour encourager leurs créatures. La seule façon de détruire complètement le camp adverse est alors de désacraliser l’autel. Cela se fait en sacrifiant l’une de vos créatures sur l’autel ennemi, puis en assénant le coup fatal au mage pendant que vos docteurs Sac dansent la gigue autour de l’autel.
C'est dans les vieux pots...
Sacrifice, c’est tout ça et bien d’autres choses encore. Son mode multijoueur permet au joueur de choisir un dieu pour son mage (ce qui donnait alors accès à tous les sorts et toutes les créatures de celui-ci) mais, à condition d'avoir terminé le jeu, on peut choisir les créatures et sorts de chaque niveau, ce qui donne lieu à des affrontements très variés. Les parties multijoueurs de type “Domination” (être le premier à construire un certain nombre de manalithes), “Moisson des âmes” (être le premier à posséder un certain nombre d’âmes) ou “Carnage” (être le permier à tuer un certain nombre de créatures) s’ajoutent au mode escarmouche.
Difficile à résumer en quelques mots, Sacrifice fait partie de ces grands jeux de stratégie qu’on aimerait voir plus souvent. Affrontements épiques, humour omniprésent (James, le dieu de la Terre, ressemble étrangement à un autre personnage de Shiny... de plus, l’un de ses sorts est le catapultage de vache), et original à plus d’un titre, ce jeu avait tout pour plaire aux amateurs de jeux de stratégie. Pourtant, le jeu n’a jamais eu le succès qu’il méritait. Est-ce à cause d’une trop grande difficulté ? Peut-être que beaucoup de joueurs se sont lancés à l’aventure sans essayer les trois niveaux de tutoriel, bien nécessaires pour apprendre à maîtriser les différents concepts du jeu. Bien qu’un add-on était prévu et bien avancé lors de la sortie du troisième patch (patch permettant le choix entre la campagne normale du jeu et une campagne personnalisée), Interplay a subitement mis fin à son développement. Heureusement, l’éditeur de niveaux livré avec le jeu a permis aux amateurs de Sacrifice de continuer leur plaisir pendant encore de nombreuses années. C’est un jeu que je recommande chaudement en LAN. Attention toutefois : vieillerie oblige, il faut absolument configurer entre 300 Mo et 1 Go de mémoire virtuelle, sinon le jeu ne voudra pas se lancer. Vendu à 4,20 EUR chez Good Old Games, vous auriez tort de vous en priver !
Vous aimez les jeux de stratégie ou jeux d'action et n'avez jamais joué à Sacrifice ? Qu'attendez-vous pour vous rattraper ?