Kane & Lynch: Dead Men
Globe-trotter
Pas le temps pour un prologue. À peine êtes-vous sur pied, que les balles tracent et votre démarche hésitante donne déjà le ton de ce qui fera toute l'aventure. Tel un train que l'on n'arrive pas à prendre, Kane & Lynch: Dead Men sillonne la planète comme dans un rêve. Ouvrez les yeux, vous êtes entouré de Tokyoïtes dans une boîte de nuit ; clignez-les, vous en êtes déjà à devoir faire s'évader d'anciens frères d'armes d'une prison américaine. Mais dans un rêve, tout est destructuré, et si les différentes situations proposées au joueur valent le détour, leurs enchaînements ne coulent pas de source et suffiraient à eux seuls à nous faire perdre le fil de l'histoire.
Une histoire pourtant aguicheuse, proche de celle d'un Max Payne qui aurait droit à une seconde chance avant de voir sa femme et sa fille exécutées. Un groupe de mercenaires recomposés que vous pensiez morts, et un pactole de plusieurs milliers de dollars à restituer à temps. Pour cela, Kane, le personnage que vous interprétez tout au long de l'aventure, se verra supervisé par Lynch, un ex-taulard ravagé par ses pilules anti-dépressives et capable de péter une durite à n'importe quelle occasion. Un duo qui fonctionne très bien à l'écran grâce à un doublage d'assez bonne qualité, des dialogues ponctués d'insultes et de phrases-chocs, l'ensemble étant orchestré par une mise en scène intense et mature, directement inspirée de films tels que Heat ou encore Collateral. D'autant que la bande sonore composée par Jesper Kyd, qui était déjà derrière Hitman : Blood Money et dernièrement Assassin’s Creed, remplit admirablement bien son rôle et participe activement à l'immersion du joueur.
Premier coup de feu
En pratique, Kane & Lynch: Dead Men n'invente rien et reprend ce que l'on avait déjà pu voir jusque-là, en souffrant de quelques ratés incontestables tels que la séquence de rail shooting à l'arrière du van parcourant l'autoroute. Les phases d'action se concentrent autour de zones suffisamment vastes pour pouvoir s'y déplacer librement et attaquer les ennemis par le flanc. L'arsenal mis à disposition s'avère limité et son utilisation n'en reste pas moins classique mais divertissante, bien qu'un peu pauvre en sensations une fois le doigt appuyé sur la détente. Quelques rares scènes d'infiltration au corps à corps viendront rythmer sensiblement les parties, sans pour autant permettre au joueur d'agir de même dans d'autres situations exposées. Un système de couverture approximatif, ainsi qu'une interface de commandement n'apporteront rien tant leur utilisation devient contraignante et inutile sous le feu ennemi.
Déjà en perte de vitesse ?
En dépit de textures soignées, d'une palette de couleurs intéressantes et de quelques jolis tableaux, la majeure partie des aspects techniques a été négligée sur beaucoup de points critiques. Là où le Glacier Engine d'IO fait sensation dans Hitman : Blood Money, son adaptation pour un TPS de la trempe de Kane & Lynch: Dead Men se voit rapidement rattrapée par un nombre impressionnant de bugs de collision, d'animation et d'effets graphiques archaïques. De plus, l'intelligence très artificielle des ennemis ne diffère pas selon le mode de difficulté, et ces derniers continueront donc fréquemment à foncer tête baissée en direction du joueur ou à se mettre à couvert derrière des zones discutables, sans jamais prendre la moindre décision offensive. Un bilan terrible, surtout quand on sait qu'il ne faut qu'un maximum de six heures pour arriver au terme des deux fins accessibles.
Pourtant, Kane & Lynch: Dead Men arrive à proposer une expérience de jeu intéressante grâce à sa mise en scène pêchue et aux missions variées de par ses situations. Une fois bouclé, il ne vous restera qu'à jeter un rapide coup d'œil au mode multijoueur, très dispensable si vous ne comptez pas y jouer avec vos amis. Le mode coopération est lui limité au split-screen, et aurait mérité un bien meilleur traitement, en particulier pour le rôle de Lynch.