TEST
Goodbye Volcano High
par billou95,
email @billou_95
Qu'est-ce que vous feriez du reste de votre existence s'il ne vous restait que quelques semaines à vivre ? C'est la question latente derrière le dernier visual novel signé KO_OP. Un studio pourtant plutôt tourné vers les jeux d'énigmes. Et ils ne sont pas les seuls à sortir leur premier VN à l'occidentale cette année puisqu'ils arrivent après We Are OFK et Stray Gods. Mis à part les destins torturés de leurs héros, les trois projets partagent avant tout une certaine affinité avec la musique. Et si l'essai n'a pas été transformé pour les précédents, celui-ci pourrait bien tirer son épingle du jeu...
Déjà, parce que son pitch est immédiatement accrocheur, pour qui a un petit faible pour les teenage dramas des années 90, jugez plutôt : Fang s'apprête à entamer sa dernière année de lycée après avoir passé son été à bosser ses compositions. Alors que son grand-frère et ses parents pensent déjà à son futur, iel en est sûr, c'est l'année où son petit trio sans prétentions, Worm Drama <inserez ici un emoji corne-avec-les-doigts>, va percer sur la scène pop-rock locale. La productrice du coin va bientôt lancer le Battle of the Bands annuel et ils doivent ABSOLUMENT y participer ! Mais pour cela, il va falloir ré-imaginer leurs vieilles chansons ringardes, tout en luttant contre la pression sociale du lycée et les emplois du temps des uns et des autres. Côté groupe justement, au retour des vacances, la guitariste Trish semble plus intéressée par son insecte de compagnie et sa nouvelle pote Rosa que les répéts. Reed, le batteur, est lui obsédé par l'organisation de ses soirées jeux de rôles L&L (et oui, il faudra forcément y participer à un certain moment de l'histoire). Oh et j'ai oublié un petit détail : l'histoire se déroule sur Terre... il y a 65 millions d'années, et met en scène des dinosaures anthropomorphiques à la veille de l'extinction massive de leurs espèces.Un scénario donc propice aux petits drames du quotidien, aux stégosaures au brushing décoloré impeccable, et aux amourettes de lycée. Mais avec une fin du monde qui se dessine doucement au fur et à mesure de l'aventure. Et c'est de cet élément perturbateur que Goodbye Volcano High tire toute sa force. Il en fait un vrai moteur pour justifier ses dialogues qui ne perdent pas de temps en non-dits. Puisque au final plus rien n'a d'importance, les héros lâchent prise et vivent chaque moment dans l'instant.
Le jeu met également en parallèle des situations d'apparence banale comme pourraient en vivre des lycéens de nos jours, complètement bouleversées par cet astéroïde qui se rapproche lentement, mais sûrement. Comme dans tout bon visual novel, on y passera la plupart de son temps à écouter ces dinos kids discuter en influant plus ou moins les conversations à certains moments lors de légers embranchements. Il n'y a pourtant qu'une unique fin au jeu, et seules quelques photos ou souvenirs sous forme de bandes dessinées viendront vous remercier tels des succès d'être allé au bout d'une conversation clé avec l'un ou l'autre des personnages. Le second pan du gameplay passe par les QTEs musicaux qui ponctuent régulièrement l'histoire, à chaque fois que Fang attrape un clavier ou une guitare.
Il est à noter que ces séquences sont entièrement optionnelles, on peut parfaitement se contenter de suivre le simili-vidéo-clip à l'écran en posant la manette sans pour autant que cela impacte l'histoire. On apprécie que ces bribes de gameplay soient complètement synchronisées avec les instruments, que ce soit avec les rythmes de la batterie ou le glissement des doigts de Fang sur sa guitare. Et si on ajoute à cela des morceaux tout juste excellents composés par Dabu (Boyfriend Dungeon, Dwarf Fortress) et la chanteuse Brigitte Naggar, on obtient des compositions interactives sur lesquelles on a juste envie de se trémousser et de s'adonner à l'air guitar devant notre TV.
Alors on se surprend à jouer aisément le jeu de ces QTEs ultra-précis, et ce, jusqu'à la toute fin du titre. La mise en scène lors de ces séquences musicales est, elle aussi, de haute volée avec des animations excellentes. De la petite impro au piano lors d'un appel en vidéo avec les parents, jusqu'aux fébriles auditions pour le concours, c'est du grand art. D'ailleurs, on n'en a pas encore parlé et pourtant, c'est aussi ce qui le rend ultra-attachant, Goodbye Volcano High se paye une réalisation façon dessin animé à la direction artistique assez hallucinante, surtout compte tenu de sa durée de vie (une petite huitaine d'heures).
Le studio a rendu cette petite ville moyenne peuplée de dinosaures sur une pseudo-côte pacifique américano-Pangéenne crédible. Alors bien sûr, il faut faire certains compromis. Les décors en arrière-plan sont le plus souvent statiques, n'y cherchez par exemple pas le mouvement des vagues sur la plage ou les effets du vent dans les palmiers. Malgré tout, de l'expression des visages jusqu'aux animations des héros, le titre est un vrai tour de force. On notera aussi la qualité de tous les à-côtés, par exemple l'incrustation d'un faux WhatsApp/iMessage lors de discussions sur un smartphone ou de tweets (Xeets ?!) qui défilent sur l'écran. Le jeu est également plein de petits bonus qui peuvent passer inaperçus si on ne va pas les chercher dans les menus comme les fameuses gratifications pour être allé au bout d'un embranchement de dialogue ou une timeline d'un groupe de discussions du lycée aux blagues à l'adaptation française impeccable. D'ailleurs, il en va de même pour les dialogues façon SMS qui sont adaptés tout en justesse, c'est assez rare pour être souligné.
Si vous n'avez qu'un visual novel musical à faire cette année, c'est évidemment Goodbye Volcano High ! Que ce soit pour son scénario original, l'intensité de ses personnages et leurs dialogues ou son excellente bande originale, vous passerez à coup sûr un très bon moment.