TEST
GoNNER
Développeur / Editeur : Raw Fury Art in Heart
Le monde indé est en ce moment inondé de rogue-like procéduraux hypers difficiles. GoNNER parie sur son identité visuelle forte et sur quelques mécanismes un peu originaux pour tirer son épingle du jeu. Pari réussi ?
Huge GoNNER
GoNNER semble vaguement inspiré du jour des morts mexicains, mais il y a aussi des baleines, des vers géants, des gargouilles et des robots. Tout cela constitue sans doute un univers cohérent pour ceux qui sont enclins à fouiller, mais le jeu a le bon goût de ne proposer aucune narration (et absolument aucune explication de ses mécanismes par la même occasion). Visuellement, GoNNER fait dans le minimaliste exubérant : très peu de couleurs mais beaucoup de fluo. Son rendu aquarelle dessine et efface le niveau au fur et à mesure que le joueur progresse, le tout est réussi et surtout impeccablement animé avec des musiques qui accentuent l’ambiance loufoque et fourre-tout.
Pour venir à bout du jeu, il faudra traverser sans mourir trois mondes constitués de mini-niveaux générés aléatoirement et de boss fixes. Pour cela, vous choisissez votre arsenal de départ selon les objets que vous avez préalablement débloqués en jouant. Vous pouvez équiper un crâne qui est en fait un passif (triple saut, tir ou vie supplémentaire), votre arme (fusil, lance-roquette ou laser) et un sac à dos, qui représente votre pouvoir secondaire (tir en rafale, recharge de munitions, explosion…). Ces pouvoirs sont tous sur un pied d’égalité. Si vous aurez vos préférés, il n’y a pas de progression de puissance au sein d’un run ni d’upgrade. Une fois votre combo favori trouvé, il se peut que vous fassiez le jeu entier avec, même si vous avez aussi l’occasion d’en changer durant la partie. GoNNER est avant tout un jeu centré sur le skill du joueur.
Parlons donc un peu de l'action. Le joueur a généralement très peu de vie et dois compter sur sa capacité à se déplacer correctement pour espérer venir à bout du défi. Il est possible de faire un double saut mais aussi de s’appuyer sur les murs pour atteindre n’importe quelle hauteur. Quand le joueur est touché, il perd de la vie, mais aussi tout son équipement qui se retrouve sur le sol. Il doit le récupérer rapidement s’il veut espérer s’en sortir. Dans le pire des cas, il est possible de terminer le niveau sans équipement et de le retrouver disséminé dans celui d’après, mais ça n'est vraiment pas simple. Le jeu est extrêmement punitif, et si vous êtes touché, n’espérez aucun cadeau : pas de période d’invincibilité et la possibilité de perdre tout son équipement pour de bon, voir même la partie,si vous retombez au mauvais endroit. D'autant qu'une chute dans un trou et c’est directement la mort.
Mais si vous jouez correctement, vous pouvez aussi créer un momentum qui vous aidera à en voir le bout. Un système de combo permet de gagner des runes si vous tuez rapidement les ennemis rencontrés. Ces runes peuvent être utilisées pour changer d’équipement chez un vendeur, mais aussi pour ressusciter, contre une somme qui augmente en fonction du niveau et du nombre de résurrections effectuées. A moins d’être un pro du combo, ça signifie que vous aurez deux, voire trois vies pour finir votre run, mais dans la pratique, ça signifie surtout que vous aurez tendance à augmenter votre vitesse pour conserver le combo, c’est-à-dire à prendre des risques pour récupérer les précieuses runes. Heureusement, le jeu a été pensé pour l'action continue : votre pouvoir secondaire se recharge généralement très vite et en cas de gros combo, le drop de munitions augmente singulièrement. Quand on arrive à trouver le rythme c’est particulièrement jouissif de voir le score grimper et les runes tomber.
GoNNER with the wind
GoNNER est indéniablement un jeu efficace, mais a un contenu assez maigre, aussi bien en termes de quantité que de variété. Il y a peu de niveaux et d’ennemis, pas énormément d’armes et de compétences, même si on se doute qu’il y a quelques secrets biens planqués. Les défis quotidiens permettront aussi à ceux qui accrochent d’en avoir un peu plus. En dehors de ça, certains aspects du gameplay peuvent aussi faire crisser des dents. D’abord, si l’aspect visuel est réussi, il rend le jeu parfois confus, notamment le fait que le sol ne se dessine qu’à proximité de votre personnage. Dans le deuxième monde, il est possible que cela mène à la mort immédiate du joueur après une chute imprévue. Ajouté à la vitesse de jeu assez élevé on a parfois du mal à anticiper certaines hitboxs ou la puissance d’un saut précisément ce qui se solde par des morts un peu agaçantes. Ensuite, la génération de niveau crée parfois des situations un peu pénibles à passer sans se faire toucher, avec des cheminées encombrées d’ennemis qui vous tombent dessus. De nombreuses armes tirent tout droit et comme il est impossible d’orienter son tir, il faut sauter à bonne hauteur ou sélectionner une arme avec spread. Dans le deuxième monde, certains ennemis sont montés sur pattes et il faut systématiquement sauter pour les toucher.
La difficulté du jeu repose en grande partie sur ce genre de contraintes artificielles qui font que vous vous faites enchainer ou perdez vos équipements dans un endroit où il est quasi suicidaire de les récupérer. C’est un style de difficulté par design qui ne conviendra sans doute pas à tout le monde et qui peut s’avérer assez frustrante. Malgré ces quelques réserves, GoNNER est un jeu indéniablement fun. La prise en main est immédiate et agréable et l’utilisation des armes est étonnamment gratifiante. Il n’y a pas de chichis nous empêchant d’enchainer les parties après une mort, ce qui est un vrai plus pour ce genre de jeu et permet de faire tourner la manette à plusieurs. Malgré un contenu qui peut sembler léger, les secrets tiendront sans doute les plus courageux en haleine un bon nombre de parties.
GoNNER est un jeu généreux et plein de caractère, mais c’est un peu quitte ou double. Soit vous serez charmé par ses visuels et son gameplay frénétique, ou alors vous serez frustré et vous lasserez au bout de quelques parties. A essayer donc, si vous êtes un aficionado du genre.