TEST
Dordogne
Développeur / Editeur : Focus Entertainment Un Je Ne Sais Quoi
Nous avons récemment sorti une longue interview de Cédric Babouche à propos de Dordogne. Je vous invite à la relire en guise d’intro ou de complément d’information. Critiquer le jeu après ce long entretien aurait été difficile pour Buck Rogers et miniblob, je leur retire donc cette épine du pied.
Ça va pas fort pour Mimi. Déjà il fait un temps dégueulasse, mais elle a en plus perdu son boulot, sa grand-mère et sa mémoire. Enfin la mémoire de son enfance chez sa grand-mère. Malgré la décision de son père de couper complètement les ponts avec sa mère (la grand-mère morte donc), elle décide suite à la réception d’une lettre posthume d’aller récupérer une boite dans la maison de celle-ci, en Dordogne. D’où le nom du jeu, vous êtes perspicaces.Dordogne est un jeu narratif parsemé de petites séquences jouables variées, dans de superbes tableaux en aquarelle. On passe alternativement, de chapitres en chapitres, entre une Mimi d’une trentaine d’années à la recherche de son passé, à une Mimi pré-ado, lors de la dernière visite chez sa grand-mère à l’occasion de grandes vacances.
Si narrativement on savait dès les bandes-annonces où on allait mettre les pieds, le gameplay était moins clair. On est donc à la limite de l’hyper-simulateur, où, à l’instar des jeux de Frictional Games ou de Quantic Dream, il vous faudra réaliser une succession d’actions pour beurrer une tartine ou ouvrir une porte. Il n’y a pas vraiment d’énigmes à proprement parler (il faudra au pire chercher des objets), mais ces actions sont suffisamment variées pour ne pas être redondantes, et la facilité certaine permet une fluidité parfaite pour s’immerger et ne pas empiéter sur la poétique histoire qui se déroule.
Graphiquement superbe, l’animation, la musique, les doublages (malgré quelques interjections en anglais dans la VF), tout est peaufiné au même niveau de qualité et rarement un jeu a été aussi raccord entre sa réalisation et ce qu’il raconte. Je vous conseille d'ailleurs de vous réserver une petite après-midi et de le faire d’une traite, de préférence au soleil.
Au fur et à mesure de l’aventure, on reçoit des petits messages de personnes faisant partie de la vie de Mimi. Ca pourrait être un point négatif pour certains, mais j’ai réellement apprécié qu’il ne soit pas explicité qui sont ces gens, et que leur répondre n’ait aucune influence sur l’histoire. C’est un petit ajout à l’immersion qui fonctionne et ancre l’histoire dans le réel bien plus que l’aurait pu faire des mécaniques plus tape à l'œil. Pareillement, en faisant le tour de la maison on trouvera des lettres d’inconnus, et sans qu’il soit besoin d’en faire une mécanique de jeu, on relie volontiers les ficelles de l’histoire.
Si la raison de la perte de mémoire de Mimi paraît assez évidente si on est un minimum observateur, l'intérêt de l’histoire n’est heureusement pas là. Il est plutôt dasn la découverte d’une personne inconnue à travers des yeux d’enfants, sa richesse intérieure, ses faiblesses et ses parts d’ombres, mais surtout sa joie de vivre et l’importance qu’une vie peut avoir sur les autres, et évidemment le thème du deuil, abordé de multiples façons. Le jeu aborde beaucoup de sujets, certains un peu plus profondément que d'autres, ce qui selon votre sensibilité pourra être frustrant, mais ce que le jeu essaie de dire, il le fait toujours de manière touchante.
Bon, tout n’est pas parfait : les déplacements dans les décors en 3D sont malheureusement parfois laborieux, car difficilement lisibles sur la profondeur de par leur rendu, et des petits bugs de collisions m’ont parfois sorti de l’expérience (on se bloque dans les angles, le perso passe à travers le sol...). Un peu dommage, mais pas très grave. J’aurais aimé peut être un ou deux chapitres de plus (le jeu est court, environ 3h) afin d’en découvrir plus, mais sans en dire plus, ça aurait probablement desservi le propos, et cette envie est peut être la plus grand preuve de la réussite du jeu.
Dordogne ne plaira pas à tout le monde. Quasiment pas de gameplay et un parti-pris graphique unique : Si ça ne vous rebute pas, donnez-lui sa chance, vous ne le regretterez pas.