TEST
Donkey Kong Country Returns HD
Support : Switch
On connaît le talent de Nintendo lorsqu’il s’agit de sortir d’excellents jeux de plates-formes. Ils sont aussi très forts pour ressortir quelques bons petits plats réchauffés, comme ce Donkey Kong Country Returns qui (re)revient dans une version HD sur Switch. Mais reste-t-il toujours aussi bon, malgré ses quinze ans ?
Troisième saut dans la jungle
Oui, troisième saut, puisqu’il s’agit du second portage du jeu de base ! Lors de sa sortie sur Wii en novembre 2010, Donkey Kong Country Returns s’était placé assez facilement comme l’une des références du jeu de plates-formes sur la console de Nintendo (et pas que), avec Super Mario Galaxy et sa suite, ou encore New Super Mario Bros. Wii, pour ne rester que dans les jeux sortant des studios internes de la firme de Kyoto. Et il faut dire qu’à l’époque, retrouver Retro Studios aux manettes du développement du retour du singe à cravate rouge dans un jeu de “plates-formes en défilement 2D”, quatorze ans après Donkey Kong Country 3: Dixie Kong's Double Trouble! sur Super Nintendo, tout droit sorti d’un Rare encore en grande forme à l’époque, c’était autant surprenant que très attendu.
Cependant, on connaissait déjà assez bien la qualité des jeux de Retro Studios, même si cantonnés à la merveilleuse trilogie Metroid Prime (de 2002 à 2009), donc la confiance était présente, au moins d'un point de vue purement technique. À l’époque, la surprise fut assez énorme pour un jeu de ce style, surtout sur une console assez familiale comme la Wii. En effet, Donkey Kong Country, bien qu’étant une série de jeux de plates-formes pour tout le monde, est aussi connue pour son exigence (si jamais, vous pouvez y jouer légalement sur SNES Mini et les trois épisodes sont sur la console virtuelle Switch). Loin de la facilité de certains jeux du genre, ici, chaque niveau doit être appris un peu par cœur, comme dans un bon vieux shoot’em up, pour avancer.
Néanmoins, il fut très bien accueilli, tapant les 6,5 millions d’unités vendues dans le monde, ce qui n’était pas rien pour un retour venu de nulle part, même avec une mascotte connue. On peut aussi noter que le singe a fait un petit tour sur Nintendo 3DS en mai 2013, avec Donkey Kong Country Returns 3D, un portage de qualité par Monster Games, ajoutant évidemment quelques effets 3D pas dégueulasses, un neuvième monde, une maniabilité revue et corrigée, et une sorte de mode facile (ajoutant un peu plus de vies). L'accueil n’a pas été aussi foufou que sur Wii, mais tape tout de même le 1,5 million d’unités distribuées dans le monde.
Quant au scénario, il n'a pas changé, quelle que soit la version du jeu. On est loin d'une grande narration, mais honnêtement, qui joue à Donkey Kong pour son scénario ?
Un singe exigeant
Donkey Kong Country Returns, que l’on abrégera en DKCR, ne s’appelle pas Returns pour rien. Dès les premiers pas, on sent bien que l’inspiration de la trilogie de la Super Nintendo est énorme : une ambiance très jungle et plage, des musiques très rythmées, un level design intelligent, une bonne dose de difficulté et d’exigence, un milliard de bananes, des sauts millimétrés ou presque, des ennemis placés sans aucun hasard, des niveaux assez variés. Bref, tout est là pour se retrouver comme à la maison.Néanmoins, Retro Studios avait de la suite dans les idées et a donc ajouté tout un tas de petites nouveautés. Il est par exemple toujours possible de passer de liane en liane, mais aussi de s'agripper et de se déplacer sur de l’herbe plaquée contre certaines parois, qu’elles soient toutes droites ou courbées. L’autre truc qui fait son petit effet à chaque fois, c’est la superposition de plans.
Concrètement, la plupart du temps, nous évoluons au premier plan, mais parfois, il est possible de se propulser grâce à un tonneau-canon, sur l'arrière-plan du niveau. Un effet assez malin qui donne un peu plus de profondeur à l'environnement en cours et permet de cacher des objets un peu partout. Tout comme les niveaux sur le dos de Rambi le rhinocéros, ou encore ceux à dos de tonneau-fusée, sans oublier évidemment les fameux niveaux dans les mines à tracer comme un dingue sur les rails. Franchement, ce DKCR a largement de quoi combler les attentes. À la limite, on pourrait souligner le fait de ne pas trouver de monde aquatique.

Les mouvements de Donkey Kong sont aussi très similaires à ce que l’on connaît de la Super Nintendo, avec un saut ultra basique, la possibilité de faire des roulades pour taper des ennemis, de taper comme un gros bourrin sur le sol ou encore d’attraper un tonneau et de le lancer. On fait dans le classique, mais c’est très efficace. Et c’est là que ce DKCR se permet de nous mettre une petite tape derrière la tête afin de nous rappeler que sous ses airs de jeu de plates-formes pour tout le monde, se cache en fait l’inverse d’un jeu Yoshi ou Kirby, ou même Mario.
La barre de vie est très courte, avec deux ou trois cœurs suivant notre mode de jeu, en classique ou moderne, et chaque erreur peut être fatale. Datant de 2010, l’idée même de recommencer pas trop loin de notre maladresse n’est pas même pas pensable : le respawn se fait soit en début de niveau, ou si on a un peu de chance, au point de sauvegarde de mi-parcours. Autant dire que c’est réellement une autre époque et j’avoue que, même si je suis plutôt un habitué du genre, j’ai ragé quelques fois sur mon canapé. Et c’est certain, dans une ère où tout est simplifié, cette petite difficulté pourrait décourager plus d’une personne.

Mais une fois que l’on a compris cela, qu’il faut parfois savoir s’arrêter pour attendre le bon moment avant de sauter, ne pas courir tête baissée en se disant “ça va passer, je suis trop fort”, la difficulté baisse d’un cran. Rien n’est insurmontable, mais il faut quand même avoir en tête qu’il faut un peu d’expérience pour terminer l’aventure, ou au moins de la patience et ne pas avoir peur de recommencer un tableau plusieurs fois. Et si d’aventure, un passage vous tient tête et vous bloque dans l’expérience, il est possible d’invoquer Super Kong, une option bien pratique pour traverser le niveau sans se poser de question en "god mode" et passer à la suite.
Et puis, DKCR est très généreux en objets, ce qui fait qu’il n’est pas très compliqué de bloquer le compteur de vies. Il suffit de récolter cent bananes pour gagner un ballon rouge (une vie), ce qui se fait assez rapidement, vu les tonnes que l’on ramasse. Et si on a vraiment la flemme, il suffit de faire un tour dans l’une des cabanes de ce bon vieux Cranky Kong (disponible au niveau de la carte monde) pour s’offrir un gros stock de vies contre des pièces-bananes que l’on trouve un peu partout, ou d’acheter d’autres objets pour nous faciliter la tâche.
Diddy Kong ou la coop solo
En parlant de bonus, comment faire l’impasse sur la présence de Diddy Kong ? Le petit singe à casquette se place directement sur le dos de Donkey Kong lorsqu’il est actif, et très souvent débloquable en début de niveau, ajoutant le double de vies (non négligeable) mais aussi la possibilité de planer un peu lors d’un saut grâce à son jet-pack dans le dos. Et ce sera à peu près tout pour le mode solo.
Cependant, lorsque l’on tente l’aventure en mode coopération, c’est un tout autre délire. La personne jouant Diddy dispose de quelques avantages, mais il y a aussi un revers de médaille assez brutal. Pour le côté positif, Diddy Kong possède son jet-pack mais aussi un flingue qui balance des cacahuètes. Bien pratique pour dézinguer des méchants à distance. Cependant, jeu de plates-formes oblige, il va falloir être très synchronisé avec l’autre personnage, sous peine de se faire perdre l’un l’autre. Et puis les vies partent tout aussi vite. C'est clairement un jeu canapé dans lequel il faut communiquer.
Jusqu'à la dernière banane
Pour venir à bout de cette aventure, il faut compter une petite dizaine d’heures en ligne droite pour traverser les neuf mondes, eux-mêmes découpés en plusieurs niveaux (80 au total). En plus de ça, si vous êtes du genre à vouloir le fameux 100%, il va falloir arpenter les niveaux de fond en comble pour trouver les fameuses lettres K.O.N.G. trouvables ici et là, mais aussi les pièces de puzzle à récupérer. Autant dire que là, ce ne sont pas dix petites heures qu’il faudra, mais au moins le double ou le triple, vu comment certains objets sont extrêmement bien cachés. Concrètement, tout dépendra de votre habileté.
Oui, mais sur Switch
Donkey Kong Country Returns revient donc sur la console hybride de Nintendo avec un petit HD à la fin de son nom. Portage oblige, le premier apport est graphique, avec un petit lifting pas dégueulasse en 1080p qui fait plaisir, le tout en 60 FPS. Le jeu de base était déjà très beau pour l’époque, mais le passage de 480p à 1080p apporte forcément un confort visuel non négligeable (même en portable en 720p, il reste très agréable), surtout qu’il y a eu un gros boulot sur les textures des personnages, mais aussi sur les décors, tout comme quelques éléments ici et là qui ont été ajoutés, afin de donner encore un peu plus de vie aux nombreux très jolis décors de fond. C’est beau, c’est propre, ça ne bave pas, c’est tout ce qu’on aime.Sur ce point, les Polonais de Forever Entertainment, qui se sont occupés de ce portage, ont vraiment fait un excellent travail. Évidemment, on aurait aimé une refonte complète avec quelques ajouts de QoL (Quality of Life), mais l’idée était probablement de garder l’âme de l’épisode original, tout en limitant le budget.

Cependant, tout n’est pas parfait. On peut par exemple noter quelques ombres un peu en retrait sur les scènes cinématiques. Quelques animations et objets ont aussi été modifiés alors que ça n’avait pas lieu d’être. Rien de bien méchant, mais ce qui fâche, c’est que l’on retrouve des temps de chargement entre les niveaux, souvent plus longs que la version Wii ! Alors ok sur Wii, parce que le support était sur DVD, on avait forcément des chargements. Mais là sur Switch, c’est juste inadmissible. De même, ne vous attendez pas à une bande son remixée en 5.1, on reste en stéréo (c'est du portage pur et simple). Enfin, on pourrait aussi tiquer sur le prix de vente, puisque le jeu se trouve à plein tarif, soit 59,99 euros sur l’eShop. Un peu sévère, donc on vous conseille vivement de passer par la case physique, bien plus abordable.
Si vous n’avez jamais fait les versions Wii ou 3DS, que vous aimez les jeux de plates-formes avec un peu de difficulté, ce Donkey Kong Country Returns HD se doit d’être dans votre Switch. Il n’a pas pris une ride malgré ses quinze ans et ça fait plaisir de revoir un Donkey Kong sur le devant de la scène. Maintenant, la question est : à quand un vrai nouvel épisode, qui ferait suite à Donkey Kong Country: Tropical Freeze, histoire d'avoir une trilogie en 3D ?