TEST
Destroy All Humans!
par billou95,
email @billou_95
Développeur / Editeur : THQ Nordic Black Forest Games
C'est déjà l'heure des comptes pour les studios en charge des licences achetées trois francs six sous il y a 3 ans par THQ Nordic. Après le coloré Battle for Bikini Bottom Rehydrated et avant la sortie d'un Kingdoms of Amalur: Re-Reckoning dont on ne sait rien à quelques semaines du lancement (et on s'en inquiète déjà), les Allemands de Black Forest Games rendent à leur tour leurs devoirs de vacances avec le remake, oui vous avez bien entendu remake, de Destroy All Humans!.
Sorti en fin de génération PlayStation 2, Destroy All Humans! était bien le digne représentant de cette caste de jeux d'action aussi décérébrés qu'inintéressants qui remplissaient le catalogue de la reine de Sony au début des années 2000. Une recette bien huilée maîtrisée à la perfection par feu THQ : prenez un thème un peu ringard et vaguement inspiré (ici des extraterrestres aigris débarquant sur Terre pour récupérer de l'ADN humain dans l'Amérique McCarthyste des années 50). Saupoudrez tout ça de technologie tape-à-l'oeil (moteur physique et destruction du décor à gogo). Recyclez-y le gameplay de votre précédente production et vous tenez un concept. Fort heureusement ni les joueurs ni la critique ne tombèrent dans le panneau. Le jeu avait été taxé de daté, enchaînant les quêtes Fedex, une réalisation pauvrette et un humour noir déjà à la limite du mauvais goût. Le candidat idéal pour un remaster 20 ans plus tard ? Ca aurait presque pu passer, si sa technique n'était pas autant au rabais.Alors THQ Nordic a préféré nous sortir la carte du remake généreux, tout beau tout neuf. Ceci est (sur le papier) une révolution : des graphismes modernes, un gameplay modernisé et même, une mission supplémentaire inédite. Avec ces belles promesses, on pourrait presque croire qu'ils ont enfin pigé qu'on n'en pouvait plus de ces remasters qui n'en ont que le nom. Tout ce qu'on veut nous après tout, c'est rentabiliser le HDR de notre moniteur 4K sans devoir grignoter notre manette dans un accès de rage. Seulement voilà, après quelques heures de jeu, on sent que le petit studio Black Forest Games a bien du mal à se défaire du boulet qui traîne aux pieds de la licence. Mais avant de commencer les hostilités, attardons-nous sur le gros du travail : le ravalement de façade du jeu. D'ailleurs, ce qui saute aux yeux tout de suite, c'est sa direction artistique et la patine appliquée par le studio. En effet si on peut râler contre le contenu du jeu, son enrobage graphique a fait lui l'objet d'une attention toute particulière.
Men in Black Forest
Les assets ont tous été refaits, le jeu possède quelques effets de lumière saisissants (comme la lueur qui émane de la soucoupe lorsqu'on se pose), les explosions sont cette fois-ci dignes d'un titre Unreal Engine 4 avec des tonnes de particules qui s'envolent à chaque bâtiment détruit et globalement, les textures sont de bonne facture. Enfin ça c'est si on se cantonne au 1080p. Sur notre PC de test, le jeu devenait totalement instable dès que l'on passait en 2K alors qu'il tournait comme un charme à 60fps à la résolution du dessous. Ce manque d'optimisation se traduit par du frameskip, des textures qui mettent trop de temps à se charger et des bugs de collisions répétés à certains moments de l'histoire. On voit aussi clairement que certains niveaux ont été plus travaillés que d'autres (Turnipseed Farm, Union Town). Mais le plus étonnant, c'est la direction artistique de Destroy All Humans! 2020 qui diffère quelque peu de l'original.En dehors du look des Furons (les protagonistes venus de l’espaaaaace) qui reste très fidèle à la version originale, les humains voient leurs traits accentués à l'extrême. C'est comme si les designers allemands avaient eu envie de créer des figurines en plastique inspirées par la propagande américaine des fifties et ses gueules étirées. La patine appliquée par l'habillage lumineux accentue encore plus cet étrange effet Toy Soldiers. Il n'y a qu'à voir la tronche du Général Armquist ou encore la scène ou le héros prend les traits du maire de Santa Modesta avant de s'adresser à la foule pour s'en convaincre. Par contre, le développeur a eu le bon goût de conserver à la fois les enregistrements voix d'époque, simplement restaurés, mais également l'impeccable bande originale de Monsieur Garry Schyman. Là où ça se complique, comme on l'évoquait plus tôt, c'est que le travail de remake s'arrête ici.
La fiche produit indique pourtant bien une modernisation du gameplay, mais en l'état on a juste droit au strict minimum. Un dash (salvateur dans certaines situations) fait son apparition, les mouvements du héros sont plus fluides et pour le coup très adaptés au couple clavier-souris. Par contre, les phases en soucoupe souffrent encore de choix de design aberrants, comme la gestion de l'altitude de l'OVNI en bougeant la souris sur son axe vertical ou une caméra mal positionnée qui ne permet pas d'éviter la plupart des projectiles ennemis. Mais le réel problème du jeu, c'est surtout ses missions qui se ressemblent toutes. Tantôt millimétrées à la difficulté absurde, tantôt Fedex au possible, on s'ennuie rapidement sur Destroy All Humans! C'est bien simple, même l'anecdotique mission originale dans la Zone 42 ressemble à s'y méprendre aux autres.
Mars Arnaque!
La formule essorée par le temps oscille continuellement entre pseudo-infiltration (Crypto-137 pouvant se "déguiser" en humain et passer incognito ou les contrôler pendant un laps de temps réduit) et action bourrine. La frontière entre les deux n'est jamais très claire et le jeu nous pousse presque instinctivement à laisser tomber nos tactiques de fourbe et foncer dans le tas. Faut dire que le petit bonhomme gris est doté de pouvoirs télékinésiques et d'un arsenal de guerre qui viendra se mettre à jour au fil de l'aventure : zappeur, extracteur anal de cervelle (eh oui), etc., mais on pourra aussi augmenter l'efficacité du matos équipant notre vaisseau (rayon de la mort, charge atomique, rayon tracteur). Mis à part pour accomplir certains objectifs secondaires plutôt funky, il est difficile de ne pas être tenté de détruire tous ces "stupides singes" comme l'extraterrestre les appelle.Enfin bref, on retrouve trop vite l'esprit de ces titres trouvés au fond des bacs à soldes Micromania d'époque, un gameplay dont on fait le tour en une après-midi et un contenu rachitique (une poignée d'environnements différents servant de hub aux 12 missions principales) plié en une dizaine d'heures à tout casser.
Malgré ses soi-disant ajustements au niveau des contrôles qui se comptent sur les doigts de la main et un look agréable à la direction artistique étonnante, ce remake de Destroy All Humans! est plombé par une structure de missions poussives et mal calibrées héritée de l'original et un gameplay qui a finalement autant le cul entre deux chaises qu'à l'époque.