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Death Come True
par billou95,
email @billou_95
Développeur / Editeur : Too Kyo Games IzanagiGames
Sorti presque de nulle part, le petit studio nippon Too Kyo Games ne chôme pas en 2020 et compte sortir au moins deux de ses 3 projets annoncés en 2019. Les fans de l'ours démoniaque signature de Spike Chunsoft savent déjà que derrière Too Kyo se cache Kazutaka Kodaka, scénariste de l'iconique série Dangaronpa. En attendant Death March Club qui reprendra le pendant visual-novel de son aîné, le créateur fou nous revient avec un FMV 100% japonais dans lequel l'on nous proposera des choix qui mèneront pour la plupart à une mort certaine. Cela ne vous rappelle rien ?
Un hôtel luxueux, une suite royale au cinquième étage et une sonnerie de téléphone qui réveille difficilement un inconnu : "Etes-vous réveillé ? N'hésitez pas à venir me voir à l'accueil si vous avez besoin de quoi que ce soit". Hébété, le jeune homme ne semble pas comprendre ce qu'il fait là. Pourtant il reconnait étrangement son visage dans les images diffusées à la télévision. Pire, le journal du soir le dépeint lui, Makoto Karaki, comme un tueur en série recherché par la police. Qui est-il et pourquoi y'a-t-il une femme évanouie dans sa salle de bain, c'est ce qu'il va vous falloir découvrir dans Death Come True, seul. De toute façon, on a pas le droit de vous en dire plus, le studio ayant bardé son titre d'accords de non-divulgation qui empêchent le streaming ou le divulgachage de croustillants détails sur son histoire. Nintendo a même verrouillé la fonction copie d'écran sur la version Switch, c'est pour dire. Et puis bon, entre nous, vous nous connaissez on va surtout pas vous gâcher le plaisir de la découverte !Enfin bref, ce film interactif rythmé comme un thriller horrifique a vraiment de quoi dynamiter un peu le genre avec sa réalisation impeccable et une production japonaise qui ne laisse pas le temps de souffler. Seulement pour plonger dedans, il faut accepter de faire un trait sur une partie jeu vidéo pour ainsi dire inexistante. En effet, Death Come True vous demandera uniquement de faire des choix à certains moments clés du film, embranchements qui mèneront soit à une mort certaine, soit à la suite du scénario. Et c'est à peu près tout. La seule gamification à peine maquillée consiste donc à collectionner les médailles de mort qui récompensent vos détours par ces voies sans issue. Clairement, les parcours sont assez bien balisés et on ne tombe quasiment jamais dans un traquenard sans y avoir été préparé. A d'autres moments, le jeu nous invite à "réfléchir" à la place de Makoto, et de partir dans un sens ou dans l'autre de l'histoire. Là encore, le parcours est fléché et c'est souvent pour revisiter certaines scènes déjà vues auparavant.
Lost in Translation
Ah oui parce que j'ai oublié un petit détail qui a toute son importance : Death Come True se regarde à la manière d'un Groundhog Day (Un Jour Sans Fin en français). A chaque mort, on réapparait dans la chambre de départ et c'est reparti pour un tour. Sauf qu'on en apprend toujours un petit peu plus sur le héros ou chacun des protagonistes de ce hui-clos complètement barré. Sauf qu'à la différence du classique d'Harold Ramis, le FMV est monté très astucieusement pour éviter la répétitivité, et ce dès le début de l'aventure. Ce n'est d'ailleurs pas son seul atout. Des angles de caméra rock'n roll, mais qu'on retrouve dans la plupart des grands thrillers policiers asiatiques, au jeu d'acteur convaincant en passant par des effets spéciaux très réussis, le film fait mieux que la grande majorité des FMVs occidentaux. C'est assez bluffant à ce niveau et on aimerait bien que Wales Interactive et consorts en prennent de la graine. Bon, forcément quand on retrouve au casting Chiaki Kuriyama (Kill Bill vol. 1, Battle Royale) et Win Morisaki (Ready Player One) plus une triplette d'acteurs spécialiste du doublage d'animes, on ne peut que se régaler.Le scénario est lui aussi excellent, encore une fois il tranche un peu avec les clichés du FMV moderne et sait surprendre le joueur jusqu'à son dénouement. Et malgré un "jeu" assez court qui se termine en deux petites heures (allez trois si on fait exprès de tomber dans le panneau pour collectionner les morts débiles), on ne s'y ennuie jamais. On peut aussi noter que comme dans sa version Switch, Death Come True est techniquement au point : on peut rembobiner/avancer l'action n'importe quand pour revoir ou sauter une scène, l'image n'est pas trop compressée et passe très bien que l'on soit en docké ou en portable. Enfin, on profite d'une VO japonaise sous-titrée avec soin par l'équipe en charge de la traduction française de Danganronpa V3, c'est dire. Seuls deux petits oublis viennent gâcher un peu la fête : si la galette virtuelle contient également le making of et des bonus vidéos, ils ne sont hélas pas sous-titrés. De plus, à un certain moment de l'histoire, il manque une traduction qui permettrait de mieux comprendre une interaction entre deux personnages (sans que cela ne vienne casser le trip). Notez enfin que le jeu débarque sur PC le 17 juillet prochain.
Un rythme de dingue, une réalisation sans faille et un scénario qui vient bousculer les nanars modernes ressassés par les producteurs de FMVs occidentaux : pas de doute, Death Come True a su imposer son style et on en redemande. Par contre pour en profiter pleinement, il faut faire le deuil du jeu vidéo aux abonnés absents de ce très court film interactif.