Cold Fear
Tom sauveur
Il pleut comme vache qui pisse. Vraiment pas un temps à mettre le nez dehors, doit se dire Tom Hansen, héros malgré lui, parachuté sur un bateau en détresse. Le vent glacial lui gifle les joues. Lorsque les radios se mettent à grésiller et que Tom entend ses collègues se faire éventrer un à un, notre héros blondinet digne des récentes séries B pour ados doit décidément se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère. Zeus fait parler la foudre. Une ombre passe derrière un carreau de fenêtre sans que l’on puisse distinguer sa forme réelle. Tom peut carrément commencer à flipper, et le jeu de débuter.
Fear Factor
Les premiers pas sur le navire sont autant de bonnes surprises. La tempête n’est pas seulement le cadre idéal pour faire monter le trouillomètre, puisqu’elle devient un ennemi à part entière contre qui on lutte à chaque passage en extérieur. Il faut par exemple s’accrocher au décor pour éviter de passer par-dessus bord ou prendre en compte le tangage lorsque l’on vise avec son flingue. Flingue qui a eu la bonne idée de se faire greffer une mini lampe-torche pour que Tom soit un tantinet illuminé dans les nombreux recoins sombres dont regorge Cold Fear. Ce sera d’ailleurs la seule arme disposant de cet appendice salvateur, le reste de l’arsenal se contentant d’être ravageur, comme le rapide AK-47 obtenu assez tôt dans le jeu, le puissant fusil à pompe ou le jubilatoire lance-flammes.
Cold Fear se révèle assez classique, mais grâce à ses petites nouveautés, il apporte un peu de fraîcheur au genre. On aurait pu conclure ici. Hélas non.
Et le navire coule
Après donc ces premières impressions de jeu, plaisantes malgré les défauts inhérents au genre - maniabilité hasardeuse, animations façon balai dans le cul - Cold Fear devient une soupe insipide déjà-vu déjà-joué bien décevante.
Le scénario fait dans l’ultra original, puisque des petites bestioles, les Exocels, s’emparent d’humains pour en faire des zombies. Le joueur doit donc remonter à la source du problème, qui se trouve au cœur d’une plateforme pétrolière. Et c’est ici qu’on déchante. La deuxième partie de jeu qui se situe sur cette maudite plateforme est insipide. La tempête dynamique laisse place à un level design des plus décevants, cristallisé par des niveaux plus ouverts donc moins stressants et des énigmes frappées du sceau "clé-porte" qui en deviennent ennuyeuses à mourir. On se retrouve privé des seules miettes de nouveautés que nous proposait Cold Fear en un clin d’œil. Face à une concurrence aussi rude que celle proposée par les Silent Hill ou plus récemment par Resident Evil 4 pour ne citer que les gros, Cold Fear ne fait vraiment pas le poids.
J'irai au bout de mes cauchemars
Pourtant, on a envie d’aller jusqu’à la fin de l’aventure, sans savoir vraiment pourquoi. Peut être est-ce grâce à la diversité du bestiaire, qui arrive quand même à étonner là où l’on pensait avoir tout vu. Sûrement aussi grâce à des graphismes soignés, qui immergent le joueur dans le jeu là où le scénario a lamentablement échoué. Autant les personnages que les décors ont subi tout le soin nécessaire, et les effets de tempête sont incroyablement bien rendus. Peut-être est-ce également grâce à notre sensibilité française qui nous pousse à apprécier un peu plus le travail d’un studio français, ou au moins à découvrir l’ensemble de leur travail sur un projet de cette envergure. Malheureusement, cela ne suffit pas à en faire l’un des ténors d’un genre aux séries déjà bien installées.