Beyond Good and Evil
Copain comme cochon
Le peuple Hillyen subit la tyrannie des DomZ, ces extraterrestres qui attaquent de manière incessante la planète, défendue par les sections Alpha. Jade est une jeune reporter, qui vit dans un phare sur une île non loin de la ville et qui héberge avec son oncle Pey'j les enfants dont les parents ont disparu, victime de la guerre. Mais tout bascule lorsque le phare, privé de défense faute d'argent, est touché par une attaque des DomZ qui s'emparent de plusieurs enfants. Jade leur porte secours et se bat difficilement contre les créatures, aidée de Pey'j. S'ensuit alors une quête de finances afin de rétablir les boucliers du phare : Segundo, à la fois acolyte numérique à l'accent italien de la troupe et "interlocuteur" de l'inventaire, apprend à Jade qu'elle peut gagner de l'argent en photographiant la faune et la flore d'Hillys. Et voilà Jade et Pey'j partis à l'aventure à la suite de cette introduction où le joueur, à plusieurs reprises et de manière totalement fondue au reste de la cinématique, fut mis a contribution afin de faire avancer la situation.
Après une courte phase de beat'em all et une cinématique, le joueur est lâché librement dans le monde de Beyond Good & Evil (BG&E) sur l'hovercraft de Pey'j qui servira à se déplacer à sa guise, mais également à participer à quelques minis jeux. Une poursuite armée contre des pirates, une course d'hovercrafts, et d'autres surprises tout au long du jeu, certaines parties de l'engin étant upgradables. Suite à cette première petite balade maritime, on se retrouve à entamer la première vraie partie du jeu aux commandes de Jade. Tant qu'à faire, autant parler dès maintenant d'un point discutable du jeu, à savoir son scénario. Alors qu'il pourrait se résumer à des histoires de méchants gentils et de gentils méchants, le contenu et les sujets abordés sont plutôt mature et comportent des messages forts.
On commence par une petite balade parsemée de quelques énigmes pour se retrouver face aux premiers ennemis dans des phases de combats au gameplay à la fois simpliste et intuitif, épaulées par une caméra au verrouillage automatique si habile et bien réalisé qu'on n'y prête même pas attention et on frappe les adversaires avec l'espèce de bâton magique de Jade qui se dégaine automatiquement à l'approche d'un combat. Tout est fait pour être simple, sans prise de tête. S'enchaîne ensuite tout au long du jeu et d'une manière totalement naturelle une multitude de phases de jeux aux styles et aux gameplays complètement différents. Je laisserai la surprise quand à certaines parties, mais se succèdent tour à tour des phases d'infiltration, de plateforme et de combat sans que la maniabilité ne soit mise à mal.
On n'casse pas l'binôme !
Le monde d'Hillys, sans être immense, propose un nombre conséquent d'endroits à visiter, accessibles petit à petit tout au long du jeu. Le design de la ville est très réussi avec ses petites ruelles, sa place principale entourée de commerces et ses axes principaux fréquentés par ses habitants. En fait, tout ceci est valable pour la totalité des lieux grouillant de détails dans lesquels le joueur sera amené à évoluer. BG&E fourmille dans son ensemble de tout un tas de petites choses à découvrir, d'objets à collecter, en dehors de la trame principale. Certes le jeu est loin de la richesse de ce qu'on peut voir dans les meilleurs jeux de rôle, mais les éléments sont là pour souder encore plus le monde d'Hillys et le rendre d'autant plus crédible, immersif et cohérent aux yeux des joueurs. Afin d'enrichir encore plus la qualité artistique de BG&E, l'équipe de Michel Ancel se devait de créer des personnages à la hauteur.
Si le design de Jade évolua tout au long du développement du jeu, c'est finalement une jeune femme à la tenue un peu tendance, aux ongles et aux lèvres teintés de vert, qui représentera cette jeune reporter prête à se lancer dans les péripéties du monde d'Hillys. Mais Jade ne sera que très rarement seule, même si elle est le seul personnage que le joueur sera amené à contrôler. Au départ accompagné de Pey'j, dont la référence à Marco de Porco Rosso n'aura échappé à personne, Jade sera amenée à rencontrer tout un tas de personnages secondaires, tous aussi charismatiques les uns que les autres. Mei, la chatte du réseau Iris semble tout droit sorti d'un manga tandis que Double H est le sosie de Buzz l'éclair de Toy Story, tant par le physique carré et imposant que par l'humour simplet et naïf.
Un mot sur la bande originale du jeu, composée par Christophe Heral, qui est simplement somptueuse : que ce soit pendant les phases d'action, d'infiltration ou de ballade, la musique est envoûtante ; elle colle toujours parfaitement aux situations et accentue même l'aspect grandiose. Un très gros point fort du jeu, à mon goût, et il semblerait d'ailleurs que ces musiques aient séduit un grand nombre de joueurs, certains réclamant à corps et à cri une bande originale (je fais partie de ceux là, j'avoue). Bref, du grand art, Michel Ancel sait s'entourer de gens talentueux et c'est tant mieux pour nos oreilles qui sont pour l'occasion vraiment gâtées.
Jade mis ras tif
BG&E est artistiquement beau, c'est indéniable. Sa palette de couleur si particulière lui donne un style reconnaissable entre mille. Mais le jeu est aussi techniquement très réussi. Même si le moteur 3D ne fait pas dans l'orgie de polygones, les effets de lumières sont enchanteurs, et l'ensemble est mise en valeur par tout un tas d'effets graphiques comme des flous ou des ralentis. Les animations sont toujours très fluides, les mouvements s'enchaînent naturellement et la caméra nous permet de profiter du spectacle toujours d'une manière souple, en ne privant que rarement le joueur d'actions qui pourraient se dérouler hors champ. Afin d'accentuer l'aspect mise en scène cinématographique, les développeurs ont fait le choix (discutable au premier abord) de présenter le jeu entièrement en 16/9ème. Au final, on fait assez peu attention à ce détail, certains joueurs ne s'en étant même pas rendu compte.
BG&E sort sur toutes les consoles de salon et sur PC, le résultat final sera malheureusement assez inégal selon les versions. Si la version PC offre une qualité technique au top, le jeu semble souffrir d'un certain nombre d'incompatibilités. Le jeu ne supportant pas de gamepad, les déplacements peuvent être parfois délicats mais la maniabilité au clavier a bénéficié d'une excellente configuration et le résultat est très satisfaisant. La version PS2 quand à elle aura droit à son long de ralentissements. Les versions Gamecube et Xbox sont quasiment identiques, à savoir belles et fluides, mais avec de petites déceptions : la version Gamecube est en 50hz et la version Xbox ne possède pas de "vrai" 16/9ème alors que la console est censé le gérer. Si l'on est équipé d'une télé adéquate, on pourra malgré tout zoomer l'image, au prix d'une perte de finesse des graphismes, dommage. Pour finir, l'ambiance sonore du jeu est à l'image du reste : très riche et réussie. Les voix déformées des DomZ comme les messages de propagande des sections Alpha permettent au joueur de s'y croire encore davantage. Les voix françaises des personnages quant à elles sont bonnes sans être exceptionnelles, Emma de Caunes prêtant la sienne à Jade. A noter que les voix anglaises (très réussies pour Pey'j et Jade) sont disponibles.
Stuff & Goodies
Pour finir, un petit mot sur tout ce qu'Ubi Soft a concocté autour du jeu. Tout d'abord, un code est fourni à de chaque sauvegarde et il permet à partir du site web du jeu d'accéder à des petits jeux bonus, certains étant même des choses supplémentaires à découvrir à l'intérieur même du jeu ! Et afin de rendre le monde d'Hillys encore plus cohérent, Ubi Soft propose deux sites web à visiter, celui du gouverment Hillyen et celui des dissidants du réseau Iris. Ces deux sites, ouverts avant la sortie du jeu et sûrement dans un but promotionnel, permettent d'en découvrir encore plus sur Hillys et de se rendre compte que les développeurs ont fait le maximum pour faire de BG&E un jeu, une odyssée vidéoludique pour reprendre le terme des développeurs, d'une richesse et d'une variété exemplaire.