Battlefield Vietnam
Il est sympa ton mod BF 1942 !
Tranche de vie : je viens d’installer BF Vietnam, je configure le truc comme il se doit, puis trouve un serveur peuplé via The All Seeing Eye. On est en terrain connu, les habitudes restent les mêmes, ça n’est pas plus mal. Je commence à jouer, lorsqu’au bout de quelques minutes ma chère et tendre s’approche : « Tiens, t’as ré-installé Battlefield ? Je croyais que t’en avais assez !? ». Elle me croit revenu sur BF 1942. Je me contente d’un « Mouaisss… ». Elle continue : « Sympa la musique. Tiens, ça se passe au Vietnam maintenant ? On y voit rien dans ton jeu, les ennemis sont tous cachés dans la végétation ». Je confirme par un « Ouaiisss… ». Ca commence mal, ça me fait déjà chier, il ne se passe rien, si ce n’est les mongols qui se crachent en hélico au bout de 30 secondes. Je quitte la partie, lance une « escarmouche » solo, afin de comprendre si tout cela est bien sérieux… Les bots sont toujours aussi stupides, et l’utilité du mode solo sera donc restreinte à la découverte des maps et l’essai de véhicules.
Admettons donc qu’un néophyte ne puisse voir en BF Vietnam qu’un simple mod pour BF 1942. Electronic Arts n’a jamais eu la prétention de réinventer la poudre en sortant ce nouveau titre, bien au contraire : il s’agissait bien de fournir une évolution de l’illustre aîné, tout en faisant passer les joueurs de l’environnement seconde guerre mondiale au conflit du Vietnam. La question est alors de savoir si les prétendus changements justifient l’acquisition de ce nouveau jeu, alors que ce dernier occupe le même terrain que sa préquelle.
Quelques grammes de nouveautés…
Les premières minutes, alors qu’on prend le temps de découvrir les maps, les véhicules et les classes, sont encourageantes. Passons sur les aspects purement cosmétiques, tels que les menus restylés, et le HUD légèrement remanié : ce qui saute aux yeux, c’est d’abord la végétation. Par rapport à BF 1942 (qui était désertique au possible), BF Vietnam propose un environnement riche en herbes hautes et agrémenté de quelques trop rares arbres. D’un point de vue « comparaison avec BF 1942 », c’est vraiment mieux. Par contre, si on sort d’une partie de Far Cry, on est mort de rire. Les deux jeux sortent pourtant au même moment… Passons. Sauf que BF Vietnam n’est pas « ultra-fluide ». Or, ce qui est affiché à l’écran reste très « cubique » (en particulier les bâtisses), les personnages sont mal animés, le rendu de l’eau est minimaliste, et la végétation relativement sporadique (en dehors de ces foutues herbes hautes). Pourtant testé sur config P4 2.8C / Radeon 9700 Pro / 1 Go dual channel, l’ensemble tourne tout juste correctement en 1280 ou même 1024.
La seconde nouveauté de taille concerne les véhicules, avec en particulier les hélicoptères, qui peuvent même transporter des chars, ou fournir des points de respawn ambulants comme ce fut introduit dans l’add-on Secret Weapons. Les autres véhicules restent des mises à jour « historiques » de ce qu’il y avait déjà dans BF 1942 : vous trouverez donc divers modèles de blindés, des engins amphibies, des avions de chasse à réaction, et même un dispensable scooter biplace.
Une autre évolution purement technique concerne l’ambiance sonore du jeu. La bande son est constitué de classiques du rock des années 60/70, qui, un peu à la façon d’un GTA 3, contribuent à donner du punch au jeu, et à accentuer son côté « kikoo lol sai fnu je roxor a la kalash ». Le moteur sonore a été refait pour l’occasion, et propose notamment cette fonctionnalité forcément indispensable, qui consiste à rendre possible l’usage d’une radio musicale dans les véhicules, dont la musique est entendue des autres joueurs, avec effet doppler, au passage desdits véhicules. Gadget certes, mais indubitablement rigolo. Au début en tous cas, car déconseillé pour prendre un drapeau en douce.
La prise de drapeau, au cœur du mode Conquest, a également évolué un chouilla : désormais, vous verrez une jauge de progression, qui vous indique le temps restant pour contrôler une zone, la vitesse de prise de drapeau étant fonction des forces en présence. Ainsi, si contrairement au mode Onslaught d’UT 2004, toutes les zones sont ouvertes, il sera assez fastidieux, long, et risqué de prendre seul un drapeau.
Enfin, si le système de classes reste globalement le même, avec ingénieurs, soldats d’assaut, snipers, et anti-chars, il a évidemment été adapté au contexte, avec notamment la possibilité de poser des pièges, des mines, et même de créer de nouveaux points de respawn.
… dans un monde d’ennui
Le premier problème vient justement de ce système de classes, actuellement trop déséquilibré. Dans le camp américain, vous pourrez ainsi vous balader avec un monstrueux M60 et un lance-grenade, pour devenir à coup sûr le roi du frag. Battlefield étant, par sa nature populaire, un jeu attirant beaucoup de crétins sur les serveurs publics, le résultat est là : le camp américain toujours en surnombre lorsque l’auto balance n’est pas actif, et une majorité de bourrins donc le seul objectif est de jouer du FFA ou de faire les mongols avec les véhicules. Si on ne peut pas en vouloir à BF Vietnam d’être habité de joueurs au comportement pénible, on ne peut que dénoncer son manque d’équilibre, favorisant toutes sortes de digressions.
Le pire n’est peut-être pas là. C’est au bout de quelques heures de jeu que ce que je ressentais au début est confirmé comme étant le principal problème de BF Vietnam : on se fait chier. La formule est un peu triviale, j’en conviens volontiers, mais elle a le mérité d’être claire : on se fait *vraiment* chier ! Je précise qu’il fut une époque où je me suis bien fendu la poire sur BF 1942 et ses add-ons, pendant plusieurs mois, et je ne le renie absolument pas. Si BF Vietnam est si semblable à son aîné, pourquoi procurerait-il l’ennui que l’autre n’avait pas ? Plusieurs raisons à cela, dont les principales me semblent être la conception des maps, imposant un changement d’approche dans la façon de jouer, et le manque de variété, global à tout le jeu. Commençons par ce dernier : après quelques heures, on a *vraiment* l’impression de tourner en rond. Il n’y a que quatorze maps, de tailles relativement modestes, et toutes ou presque dans le même type d’environnement. Alors que sur BF 1942, vous passiez du désert africain à la campagne ardennaise, puis des plages normandes aux îles du Pacifique, dans BF Vietnam vous passerez de la jungle dense à la jungle un peu moins dense, et parfois vous irez même dans la jungle pas dense du tout. C’est sympa la jungle, mais ça va 5 minutes.
Surtout que celle-ci apporte avec elle ses satanées herbes hautes qui transforment le gameplay en un jeu d’évitement au lieu des joyeux assauts de BF 1942. Pour vivre heureux (et longtemps), vivez cachés. BF Vietnam n’étant pas particulièrement un shoot tactique ou un jeu d’infiltration, ça rend l’expérience assez pénible, en reléguant le jeu offensif au rang d’un rush basique et désespéré. Résultat : des snipers allongés un peu partout, invisibles, et parfois des binômes de soldats avançant accroupis, difficilement repérables à moyenne distance.
Sans compter que le principal problème du jeu n’est toujours pas réglé : la partie pédestre de BF Vietnam est équivalente à celle de BF 1942, à savoir très médiocre, avec un netcode apparemment identique à l’ancien. C’est donc sans surprise que la part belle du jeu est majoritairement donnée aux véhicules, et plus exactement aux véhicules aériens (en particulier les hélicoptères), car tout ce qui roule ne sera pas super excitant sur ces maps touffues, accidentées, et les pieds dans l’eau. Terminés les combats de char dans le désert, ou les joutes marines du pacifique. Tout cela est d’autant plus dommage que la possibilité de transporter des chars par les airs, ou d’avoir des points de respawn dynamiques aurait pu diversifier les tactiques.