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Anthem, les vents du chargement

Fougère par Fougère,  email  @JeSuisUneFouger
Développeur / Editeur : Electronic Arts Bioware
Comme souvent, le premier contact avec Anthem était mitigé. Un trailer cinématique “in-engine” qui paraissait trop beau pour être vrai, mais une promesse : celle d’un gameplay à 360° encore jamais vu, dans un monde vaste et dangereux. À l’arrivée, le contrat est rempli, mais il va falloir serrer les dents quand on voit le reste.
Sortis de chez Bioware, un studio connu pour la série des Mass Effect et des Dragon Age, on attendait Anthem au tournant au niveau du scénario et de l’écriture. En plus, l’univers se situe à mi-chemin entre leurs 2 licences phare : dans un monde inachevé, créé par les “Shapers”, les humains ne sont qu’une espèce mineure, arrivant à survivre grâce à des places fortifiées et des Javelins. Ces exosquelettes ultra-puissants permettent à un groupe d’élite, les Freelancers, de se battre à armes égales contre des ennemis tous plus dangereux les uns que les autres. Un petit mix de fantasy et de sci-fi pas dégueu. Qui ne sera absolument pas exploité pendant l’intégralité du jeu.

En gros, s’investir dans l’Univers d’Anthem revient à aller lire votre Codex. Le scénario est anecdotique, les quelques personnages principaux sont intéressants, avec un voice acting au poil, mais avec des animations et un body langage parfois complètement à la rue. Mais le pire, ce sont les missions. Avant d’arriver au niveau 30 et débloquer le contenu “High-Level”, vous allez devoir subir toute la série de Missions, Contrats et autres activités instanciées pour gagner vos précieux points d’expérience. Autant vous accrocher, parce que vous allez trouver le temps long.

Laissez-moi vous décrire une session de jeu lambda d’Anthem.

Le jeu se connecte. Je suis dans Fort Tharsis, le hub central du jeu, en vue FPS. J’ouvre ma carte pour voir quel PNJ va me donner ma prochaine tâche. Je marche jusqu’à ce PNJ.
Je suis censé profiter de l’ambiance, des PNJ qui discutent entre eux, des jeux de lumière qui dépendent du moment de la journée. Mais je me déplace à 2 à l’heure, j’ai déjà vu EXACTEMENT la même chose une bonne trentaine de fois. Folie, répétition, toussa. Je récupère ma Mission et me rends à l’aire de lancement. Je décide de faire un tour à la Forge pour essayer une nouvelle arme.



Devant un modèle 3D de ma combinaison, une Storm qui peut planer longtemps et faire beaucoup d’attaques élémentaires, je commence à remplacer quelques pièces d’équipements. Je peux orienter un peu la manière de jouer en fonction des pièces que j’équipe, mais je mets toujours celles qui ont le niveau de puissance le plus élevé. Anthem est un jeu à loot. Il faut toujours équiper la dernière pièce récupérée pour avoir de l'équipement un tout petit peu plus puissant. C’est comme ça, je pourrai affiner mon style de jeu une fois niveau max. Je quitte la Forge pour sélectionner ma mission.



Je choisis de faire un contrat. Je choisis ma difficulté, et je lance le matchmaking. J’aimerais bien jouer tout seul, mais un petit message me rappellera que jouer à plusieurs augmente les chances d’avoir un butin de meilleure qualité. Je pourrai profiter du jeu quand je serai au niveau max. Le jeu m’a trouvé des compagnons.



J'apparais au début de la mission, dans un effet de téléportation plutôt mignon. Un personnage va me raconter des trucs pas intéressants, je dois attendre mon marqueur de quête avant de pouvoir avancer. J’en profite pour regarder un peu autour. Je crois que je reconnais la zone, mais je ne suis pas sûr. On est loin des vidéos de l’E3, mais ça reste superbe. La végétation, les effets d’eau, les petits animaux qui gambadent. Dans le lointain, des montagnes presque horizontales coupent l’horizon. Au-dessus de moi, un genre de tunnel d’énergie vibre doucement. Ces raccourcis permettent de se déplacer rapidement entre les différents niveaux de la zone de jeu. Et là, une pop-up s'ouvre pour me prévenir que je vais être téléporté au prochain objectif. J’ai loupé le départ, je sais déjà que je n’aurai pas le temps de rejoindre mon groupe. J’attends la fin du compteur.



J’ai rejoint l’objectif de mission. Durant votre temps de jeu, vous aurez 4 objectifs différents : tuer des ennemis, trouver des indices grâce un radar de proximité, ramasser des objets qui vous empêchent de voler pour les ramener quelque part ou résoudre un puzzle (toujours très simple). C’est tout. Ne vous attendez pas à du storytelling, des enjeux ou de la diversité. Mes compagnons ont déjà trouvé les indices, on attend sagement le prochain marqueur pendant qu’un dialogue se déroule, puis on s’envole vers le prochain objectif. Et c’est au moment du décollage que la magie opère.

À défaut d’autre chose, Bioware a accouché de la meilleur simulation de contrôle d’une armure de type Iron Man à date. La maniabilité en vol est au poil, les sensations sont grisantes, l’impression de puissance maximale. Et ce n’est qu’une fois en vol qu’on prend pleinement conscience du gigantisme dans lequel on évolue. La zone de jeu est immense, avec des gouffres vertigineux abritant les pires menaces. Par contre, si vous essayez de jouer les Icares 2.0, vous allez vite être déçu : des vents ultra-violents plafonnent la zone de jeu en hauteur. La section du lore les concernant parlant d’une “volonté des Shapers” pour orienter l’exploration “proche du sol”. Et la marmotte …

Après un vol de quelques minutes, où je traverse une série d’environnements déjà vus, j'atteins l’objectif suivant. Il faut tuer des ennemis. Le gunplay est plutôt fun, les compétences se rechargent vite, les FX remplissent vite l’écran. La chair à canon meurt très vite, mais les ennemis plus costauds résistent. Je me rends compte que personne n’utilise de Primer, les compétences qui permettent de déclencher des Combos et faire de gros dégâts bonus aux ennemis et réduire drastiquement la durée des combats. Je profite du feu d’artifice visuel et des contrôles proches de la perfection pour me sentir surpuissant pendant 5 minutes, en faisant attention à ne pas me faire choper par un élite qui pourrait me tuer en un coup. Une fois le combat fini, je fais attention à bien ramasser tout le loot que les ennemis ont laissé tomber.

15 minutes plus tard, la mission est terminée, mais le dernier objectif ne se valide pas. On a dû louper un trigger quelque part. Dépité, je quitte la mission.



Je suis à l’écran de fin de mission. Une série de chiffres défilent pour m’indiquer ma performance : X badges gagnés, tant d’XP, mais pas d’XP bonus parce que je n’ai pas fini la mission avec les joueurs qui m’ont été assignés. J’arrive à l’écran des loot. Je garde tous ceux qui ont un niveau de puissance légèrement supérieur au mien, et je recycle les autres. Les composants de craft pourront me servir une fois au niveau max. J’ai fini ma mission, je retourne à Fort Tharsis.



Voilà la boucle de jeu d’Anthem. Si une bonne partie des bugs ont été corrigés depuis la sortie, comme des boss de fin d’instance qui n’apparaissent pas, ce qui reste n’est quand même pas glorieux. Parfois même carrément chiant, comme le fait que jouer à plusieurs n'est pas loin d’être imposé aux joueurs. Et puis il y a les écrans de chargement. Tout le temps.
Mais au final, est ce que ça vaut le coup ? Meh. Ne vous attendez pas à la profondeur d’un Borderlands dans le loot des armes ou la rejouabilité. Il y a 3 factions d’ennemis, la difficulté consiste à faire des chiffres de plus en plus gros. Du grind, du grind et du grind. Mais si vous jouez entre potes et en Freeplay, à un niveau de difficulté raisonnable, il y’a moyen de passer de super week-ends. La zone de jeu est immense, les évènements aléatoires assez variés, les ennemis les plus coriaces demandant un bon travail d’équipe pour être mis à genoux.
Anthem, c’est le début de quelque chose. Le jeu et son contenu actuel font à peine office de prologue. Il y a peu à se mettre sous la dent, de l’équilibrage et un peu d’optimisation à faire, bref, y'a encore du boulot. Si Bioware assure un suivi régulier et est prêt à mettre les moyens, il y a du potentiel pour faire quelque chose de beau. On croise les doigts, et on gardera un œil dessus mais il va falloir être patient.
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