PREVIEW
Rage 2
par billou95,
email @billou_95
Ionisé par une campagne communication qui a tout fait pour que ce "gentil shooter post-apocalyptique néon-rigolo" soit approuvé par la maman de Jean-Kevin, l'adolescent insupportable lambda, Rage 2 s'apprête à faire déferler toute la hargne baveuse de ses mutants, ses crêtes fuchsia, ses boomerangs affûtés et autres pneus cloutés sur nos petites machines début mai. Ah, mais on ne nous la fait pas à nous qui avons essuyé les fausses promos de DOOM et Prey, dorénavant on exige de poser nos mains sur un produit Bethesda avant de se saucer. Ca tombe bien, on a été invités à redécouvrir le Wasteland de Rage dans sa suite et après 3 heures à arpenter Wellspring et ses environs, le constat est sans appel : Rage 2 nous offre là des sensations identiques à son prédécesseur.
Mais alors, il est où le changement ? Bon, déjà le scénario se déroule 30 ans après le réveil originel de Raine. On y joue ici Walker, fraichement sorti de sa cryostase. Vraisemblablement, le pauvre bougre a lui aussi baigné dans une soupe de nanotrites pendant trop longtemps et est capable de déclencher une série de pouvoirs. Fait insolite qui aura surement une explication dans le jeu final, le ranger se fait appeler Monsieur le Président à chaque fois qu'il s'identifie auprès d’une Arche. La première mission qu'il nous était donné de faire dans cette version fut d'aider Loosum Hagar, maire de Wellspring et fille (nièce?) de Dan Hagar, notre sauveur dans l'original. Il faut bien comprendre que depuis les évènements de Rage, le Wasteland s'est structuré et différents groupes armés luttent pour la domination des restes de l'humanité.
Mut-action Nation
Après une première rixe avec des bandits, Loosum nous confie la tâche d'infiltrer les rangs du chef local, Klegg Clayton et de caler un mouchard sur son ordinateur. Mais pour atteindre Klegg, il faudra dans un premier temps se faire un nom en lettres de sang dans les terres désolées. Direction tout d'abord l'arène de Mutant Bash TV, un show télévisé morbide dans lequel on se confronte à des hordes d'ennemis enragés. Ensuite place à la course où tous les coups sont permis sur l'autodrome de Chazcar Derby. En se baladant d'une mission à l'autre, on découvre de nombreux avant-postes tenus par différentes factions qui offrent une tonne de missions annexes et d'évènements aléatoires qui feront monter notre réputation auprès de célébrités locales. En bonus, de nombreuses Arches disséminés sur la carte nous en apprennent plus sur le héros et permettent de débloquer pouvoirs et armes spéciales. Les règles bien établies d'un open-world très classique en somme.Là où Rage 2 tire son épingle du jeu, c'est que sa composante FPS est cuisinée par ses créateurs et maîtres en la matière : ID Software. On était donc en droit d'en attendre à minima quelque chose d'aussi bien que le premier. A l'époque Rage avait ses bons et mauvais côtés. Premier gros FPS consoles des papas du shoot, il y régnait une certaine mollasserie mais le jeu s'en sortait avec ses gros flingues qui procuraient des sensations fortes, mêmes aux PCistes avertis. Presqu'une décennie plus tard, DOOM est passé par là et ID a renoué avec le gameplay nerveux. Rage 2 s'en trouve bien plus agréable à jouer et ses gunfights toujours aussi excitants. Faut aussi dire que tout est fait pour qu'on ait envie de tirer dans le tas. Les mutants et autres habitants du Wasteland courent, bondissent dans tous les sens, se planquent et nous prennent à revers (lorsque cela leur est permis) dans des décors urbains très verticaux.
Pas de doute, le level design tortueux et opportuniste nous rappelle qu'on est bien en face d'un bon jeu ID. Du coup, on attrape tout naturellement le shotgun et on défouraille ce petit monde qui va s'envoler à chaque décharge de chevrotine. Il y a un petit côté Bulletstorm dans ce Rage-là, on est souvent tentés de terminer nos exécutions par le beau geste, d'attraper un Wingstick aiguisé et de le balancer sur ces cadavres en devenir, pour le style ou pour le score, c'est au choix. En tout cas il se dégage de ces batailles dérangées quelque chose de jouissif que seules les productions ID sont capables d'offrir. A la différence du pilote, les armes sont ici toutes agréables à prendre en main. L'arsenal secret comme l'Hyper-Canon, un lance-roquette à tête chercheuse (oui oui !) vient compléter des engins de mort déjà conséquents.
Même joueur shoot encore
On regrette toutefois l'absence de réelle folie au niveau des pouvoirs : dash à pied ou au volant, vortex absorbant les ennemis, frappe onde de choc au sol après un saut, mur de protection sont finalement très accessoires et on se contentera le plus souvent d'utiliser le très pratique Overdrive qui s'assimile à un mode rage limité dans le temps rendant les armes bien plus puissantes. Mais là où réside le vrai gros souci du jeu c'est dans sa conduite pour le moins étonnante, surtout pour un jeu Avalanche Studios développé sur leur moteur maison Apex taillé pour l'aventure mécanique. Si Rage avait été critiqué à juste titre, on est ici désagréablement surpris de trouver une expérience similaire : modèle physique hasardeux "à la Halo", quasi-aucune sensation que ce soit au clavier ou au pad, aucune différence de feeling entre un buggy et un gros tank, il est loin Mad Max... on s'ennuie sec passée les 5 premières minutes de découverte.Alors quand le jeu nous oblige à concourir (Chazcar Derby), cela devient vite un calvaire de devoir compenser les faiblesses du moteur de jeu. On se bat avec notre bolide, écrasant le frein tous les 20 mètres pour éviter de se prendre les rambardes à chaque virage face à une IA qui, comme c'est étrange, ne fait aucun écart pourtant lancée à la même vitesse que nous. D'une manière générale, toute l'IA des véhicules ennemis nous semble à revoir, les échauffourées aléatoires sur la carte paraissent comme poussées sur des rails telles des attractions de trains fantômes. En ce qui concerne le monde ouvert, on l'a dit c'est du boulot made-in Avalanche avec 1500 points d’intérêt à visiter/vider pour progresser en notoriété dans la zone et débloquer des points de compétence à utiliser dans différents arbres débloqués par des PNJs, rien de bien nouveau mais les amateurs du genre apprécieront.
La direction artistique oscille entre des personnages assez charismatiques comme Klegg et son mini-ventilateur sur l'épaulette et des éléments repiqués dans tout ce que le lore post-apocalyptique a établi ces 20 dernières années. Par contre, on tire notre chapeau aux animateurs 3D qui ont fait un gros clin d'oeil au premier Rage, jeu encensé à l'époque pour ses animations sublimes à nous en décrocher la mâchoire. Ici, même les Goons de base sont animés avec soin et souci du détail, on apprécie ! Dernier point de design qui nous a un peu interloqués, l'UI des menus illogique qui mérite une grosse refonte en profondeur. En l'état, il était quasi-impossible de s'y retrouver dans les sous-menus des arbres de compétences et des quêtes. Le HUD pensé avant tout pour les actions au pad mériterait lui aussi un petit coup de peinture.
Techniquement, sur la build qu'il nous a été donné de tester (qui datait de novembre), il restait encore beaucoup de travail pour que cela soit visuellement satisfaisant : clipping prononcé, ombres de piètre facture, textures basses résolution, éclairages globaux absents de certaines scènes résultant en une sous-exposition des sujets. Rien de dramatique compte-tenu des délais de production d'un AAA, mais cela prouve que les développeurs ont encore du pain sur la planche pour finir leur bébé.
Pour faire court, Rage 2 c'est la même chose que le premier : d'excellentes sensations de shoot débridé dans des intérieurs souvent très malins et une conduite à peine potable dès que l'on s'aventure sur les routes du Wasteland. Un comble lorsqu'on sait que c'est ID qui a du faire avec la tech d'Avalanche, et pas l'inverse. Un jeu qui devra donc faire ses preuves à l'examen final, le 14 mai prochain.