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Les petites combines de l’industrie vidéoludique
par Buck Rogers,
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Plongeons dans le monde des éditeurs cyniques et grippe-sous (enfin, ça dépend vers qui vont les sous justement), qui excellent dans l'art de tirer profit à la fois de leurs salariés et de leurs fans. Ce phénomène semble être monnaie courante et interchangeable dans l'industrie du jeu vidéo, comme le soulignent nos confrères de Game Developer et d’Aftermath, qui ont révélé encore d'autres pratiques douteuses des dirigeants d’Electronic Arts et d’Ubisoft.
Ah, la douce symphonie des millions de dollars qui tombent dans les poches des dirigeants pendant que des milliers de travailleurs sont "remerciés". Le PDG d'EA, Andrew Wilson, a dû passer une très mauvaise année avec "seulement" 25,6 millions de dollars dans la poche. Le géant américain du jeu vidéo, EA, a révélé les gains obscènes de ses dirigeants pour l'année fiscale 2024, où ils ont collectivement amassé plus de 60 millions de dollars, tout en virant tranquillement 5 % de leurs effectifs. Eh oui, rien de tel qu'un peu de nettoyage printanier pour booster les profits.
Andrew Wilson, ce chevalier des temps modernes, a été récompensé pour avoir accompli des "objectifs stratégiques et opérationnels clés", comme la restructuration de l'entreprise. Grâce à "ces exploits", il a gagné 1,3 million de dollars en salaire de base, 20,4 millions en actions et 3,44 millions en incitations diverses. Ajoutons à cela un modeste bonus de près de 500 000 $ pour des "prestations de sécurité personnelle".
Pendant ce temps, le salarié médian d'EA gagne 148 704 $ par an, soit une paille par rapport aux 172 fois plus que Wilson ramasse sans sourciller. Pour ajouter un peu de piquant, Wilson a fait encore mieux cette année qu'en 2023 (20,6 millions) et 2022 (19,8 millions).
Laura Miele, présidente du divertissement, de la technologie et du développement central, n'est pas en reste avec plus de 12 millions de dollars dans son escarcelle. Avec son salaire de base de 820 385 dollars, ses actions à 10,05 millions et un petit bonus d’1,2 million, elle peut sûrement acheter quelques bricoles. Elle a été saluée pour avoir supervisé la livraison de jeux comme Star Wars Jedi: Survivor et pour ses efforts inlassables pour intégrer des "efficacités basées sur l'IA".
Ubisoft quant à lui, l'éternel champion de l'exploitation des fans, a encore frappé ! Cette fois, ils offrent généreusement proposé à leurs fidèles via un concours la chance de prêter leur voix à un PNJ dans Assassin's Creed Shadows, sans aucune rémunération en retour. Parce qui a besoin d'être payé, n'est-ce pas ? On se souvient tous de leurs brillantes initiatives passées : demander des illustrations pour Beyond Good & Evil 2 en 2018, promettant un paiement hypothétique, et demander de la musique pour Watch Dogs Legion en 2019.
Mais cette fois, il y a une "compensation" ! Le chanceux gagnant recevra un billet d'avion classe économique pour Londres, avec un séjour d'une à trois nuits dans un hôtel basique. Notez bien, cela exclut tout ce qui pourrait ressembler à de la nourriture, des déplacements ou même des extras. Parfait pour quiconque veut dépenser plus d'argent qu'il n'en gagne !
Et ne vous inquiétez pas, tout est à la discrétion exclusive d'Ubisoft : les dates de voyage, le choix du vol et de l'hébergement, tout. Quelle liberté pour les fans ! Si par malheur vous ne pouvez pas voyager aux dates imposées, vous pouvez dire adieu à votre "prix" et il ira directement à quelqu'un d'autre, sans obligation aucune envers vous.
Ubisoft continue ainsi d'être le modèle d'exploitation envers ses fans, mais au moins ils leur donnent la chance de vider leur porte-monnaie pour un petit peu de gloire non rémunérée. Ah, le jeu vidéo moderne, où même les rêves sont en DLC.
L'industrie vidéoludique suscite admiration mais aussi frustration. Des géants comme Electronic Arts et Ubisoft illustrent des dérives et pratiques économiques discutables, mettant en lumière les défis persistants pour l'équité et la transparence dans ce secteur en constante évolution.