TEST
Tinykin
par billou95,
email @billou_95
Développeur / Editeur : tinyBuild Splashteam
On vous voit venir avec votre sifflet d'alerte rouge vif et votre casquette à hélice sans les pales, mais vous pouvez tout de suite remballer votre panoplie de fan faite sur mesure, parce que ce jeu-là n'est pas le Pikmin 4 que vous recherchez. Néanmoins, le rapprochement avec les hybrides végétanimaux extraterrestres de l'un et les adorables blobs de l'autre semblait évident. Un capitaine de vaisseau perdu sur une étrange planète et des bestioles colorées ayant chacune leur superpouvoir... Mais à la différence du jeu de Miyamoto, les kins de la Splashteam ne sont pas là pour lutter contre les dangers de l'environnement, puisque l'environnement vous veut du bien.
A vrai dire, tout le monde ou presque veut votre bien dans Tinykin. Et c'est peut-être ça qui chatouille nos zygomatiques en premier. Pourtant, c'était plutôt mal engagé. Fraichement débarqué de l'espace lointain à la recherche des origines de l'humanité, notre héros Milodane se retrouve bien malgré lui téléporté et miniaturisé à l'intérieur d'une maison terrienne figée en 1991. Un genre de demake de Chérie, J'ai Rétréci Les Gosses en somme. Il est rapidement accueilli par l'ancêtre scientifique du coin, une mite répondant au nom de Ridmi.Grâce à son aide, il va partir en quête des 6 composants d'un téléporteur censé le ramener sur son vaisseau spatial, objets qui sont disséminés partout dans la baraque. Sa première mission est colossale puisqu'il s'agit d'ouvrir... la porte du salon ! Pour cela, il va faire connaissance avec une première race de petits blobs pot-de-colle, les tinykins roses qui sont capables de soulever des objets. Le héros peut leur ordonner d'attraper deux types d'objets : les petits (cartes à jouer, clés, boutons, etc.) qui seront conservés par les tinykins jusqu'à ce que l'on leur trouve une utilité, par exemple pour faire avancer une quête, demander de trouver les 4 morceaux d'un code écrit sur des bouts de papier.
Les plus gros objets, eux, sont transportés à la demande selon un chemin prédéfini par une bande de kins. Il s'agit d'objets de quête nécessaires pour obtenir le précieux sésame de chaque niveau. Il faut donc dans un premier temps explorer son environnement pour faire "éclore" un maximum de tinykins qui aideront à pousser et porter des objets nécessitant souvent plus d'une vingtaine d'entre eux (un bateau en plastique, un CD audio, et j'en passe). On ne manquera pas non plus de nettoyer le chemin qu'ils vont emprunter de tout obstacle qui pourrait gêner la petite troupe lors de son transport. Plus tard, Milo découvrira de nouvelles espèces : les verts qui s'agglutinent pour former une échelle plus ou moins haute en fonction du nombre, les jaunes qui forment des ponts sur des surfaces particulières, les bleus qui conduisent l'électricité et surtout les petits énervés du groupe, les rouges ! Avec les bleus qui restent en place une fois le circuit électrique établis, ils sont des ressources finies dans le jeu, puisqu'ils iront s'exploser sur les zones interactives qu'on leur désigne. Mais rassurez-vous, les niveaux regorgent de main d'oeuvre.
Chaque pièce de la maison surdimensionnée est en effet un petit monde ouvert dans lequel on part à la chasse aux oeufs de Pâques, tout en apprenant à se servir d'une nouvelle mécanique de jeu introduite avec un nouveau kin.
Et les développeurs se sont bien amusés à planquer des blobs (et du pollen, la ressource du jeu) partout, littéralement du sol au plafond. Il y en a tant qu'après une heure à courir dans tous les sens, on se retrouve souvent avec une trentaine de bestioles qui nous suivent au pas. En plus de ces copains d'un jour qui l'aident à accomplir ses objectifs, Milo rencontrera une foule d'insectes tous plus mignons et accueillants que les autres. Hélas, les colonies des uns ont parfois bien du mal à vivre avec les autres, alors il faudra également jouer de diplomatie et du coude de ses tinykins pour aider tout ce petit monde à se réconcilier. Les puces sont embêtées par le tapage nocturne des mantes ? Organisez une pool party pour que tout le monde fasse la fête ensemble. Le parc d'attraction de la maison est à l'arrêt ? A vous de ranger les jouets dans la chambre pour faire rouvrir ses portes.
On l'avait déjà noté dans notre preview, l'un des tours de force du studio est d'avoir créé une exploration gratifiante à chaque instant. Que ce soit en nous offrant de nouveaux tinykins au détour d'un meuble parfaitement anodin ou une grosse pépite de pollen après avoir passé quelques minutes à chercher son chemin en s'élançant de feuille en feuille jusqu'au sommet d'une plante verte, Tinykin est tout le temps généreux envers le joueur et lui propose toujours un nouveau truc à faire en route vers son objectif. Les nombreux objectifs secondaires à dénicher en discutant avec les habitants de la maison poussent, par exemple, toujours plus à partir en micro-expédition pour aller voir ce qu'il y a en haut de l'étagère inaccessible à l'autre bout de la pièce.
C'est assez surprenant au premier abord, mais on en redemande. Bon, le gameplay du jeu n'y est pas non plus étranger. La Splashteam fait tout simplement ce qu'elle nous avait déjà prouvé sur Splasher, simplifier et fluidifier un gameplay déjà tordu dans tous les sens par 30 ans de jeu vidéo. Entre une caméra ultra-réactive qui ne prend jamais le joueur en défaut et un feeling des mouvements tout bonnement inattaquable, le jeu est un vrai régal manette en main. Surtout qu'il ne descend jamais en dessous des 60 images par secondes.
Fait totalement symptomatique de la qualité du gameplay : on prend tout de suite la mesure des distances que l'on peut parcourir en planant au-dessus du vide dans notre bulle de savon, ce qui n'est jamais si simple dans un platformer 3D. On saute, on surfe (voire carrément, on ride) à l'aide de notre planche de savon, on donne ses ordres aux kins en une fraction de seconde et on fait parfois tout ça en même temps, sans se planter ! Le jeu est tout simplement une leçon de gameplay. Pour ne rien gâcher, le look a priori casse-gueule du jeu entre des personnages en 2D et un environnement 3D aurait de quoi faire grincer des dents... s'il n'était pas réussi en tous points. On identifie très bien tous les éléments de chaque niveau et ce même à l'autre bout de la pièce grâce à des textures simples et du détourage quand il faut. Le souci du détail lui se retrouve dans le coup de crayon des artistes sur le petit peuple de bêbêtes que l'on rencontre. Chapeau bas aussi au studio montpelliérain Les Fées Spéciales qui signe les superbes cinématiques en dessin animé du jeu. Enfin, on apprécie également la bande originale d'Alexis Laugier (Road 96, As Far As The Eye) parfaitement dans le ton et la bonne humeur ambiante. Surtout, les thèmes des niveaux sont déclinés en plusieurs variantes qui restent toutes dans le même tempo. On adore.
Vous l'aurez compris, Tinykin est une vraie petite pépite et il rejoint sans rougir la liste des tout meilleurs jeux de 2022. Drôle, mignon, épatant dans sa manière d'inviter à l'exploration, c'est surtout une nouvelle vraie leçon de gameplay de la part de la Splashteam et de fluidité qui nous met des claques comme on en avait plus vécu depuis la Nintendo 64 pendant la petite dizaine d'heures de l'aventure. Et un platformer 3D comme on en fait plus, ça ne se refuse pas !