TEST
God of War : Ascension
Après avoir dépeuplé l’Olympe et conclu sa vengeance dans un flot de sang, on se demandait qui oserait encore se glisser sous les pattes délicates de Kratos. Bien décidé à trouver de nouvelles victimes pour notre champion spartiate, Santa Monica s’est vu obligé de creuser dans le passé pour trouver de quoi alimenter la fureur de notre bas-du-front préféré. Les Érinyes, nouvelles souffre-douleurs de God of War : Ascension sont-elles à la hauteur du défi ?
Quoi de neuf au pays de Kratos ? Et bien, pas grand chose : combats et leviers à gogo, armes secondaires consommables et dispensables (javelot, massue), quelques pouvoirs et magies anecdotiques, et surtout du bon vieux carré-carré-triangle. Pas la peine de changer une recette qui marche, et effectivement, les mécaniques de God of War, huilées comme les pectoraux de notre ami grec, plongent immédiatement le joueur dans les délices du bats-les-tous. Malheureusement, elles marquent aussi les retrouvailles avec ses tares les plus dégénérées. Car si les ailes d’Icare ne sont –dieux soient loués- pas dans cette mouture, il faudra quand même se payer de la glissade et des énigmes parfois particulièrement obscures, histoire de bien casser le rythme de l’aventure. Après tout, c’est surtout pour décapiter du monstre qu’on était venu, nous.
Ça tombe bien, on retrouvera le bestiaire habituel plus quelques nouveautés sympathiques, comme les pachydermes à cervelle farceuse. Mais ne vous attendez à rien de nouveau dans les affrontements, les patterns sont terriblement banals, et le vieux comme le neuf se confondent dans la masse. D’ailleurs, si le bestiaire est XXL, certains ennemis n’apparaissent que deux ou trois fois, et les situations de combats paraissent moins variés qu’à l’habitude. On tabasse surtout de l’homme-chèvre et ses clones à tête d’insecte, dommage pour les chimères ou autres ennemis nécessitant plus de science tactique. Quant au multijoueur, il est certes sympathique, mais aussi très classique. Et sérieusement, qui achète God of War pour un multi, avec tous les excellents autres jeux qui y sont entièrement dédiés. Bref, c’est plus un gros bonus qu’un réel argument de vente.
Heureusement la réalisation et la direction artistique sont toujours inventives et de haut niveau. Même pour un volet mitigé côté sensation, elles tiennent la comparaison avec ses prédécesseurs. La statue géante d’Apollon est un plaisir à parcourir, les boss sont tentaculaires et monstrueux à souhait, les portes magnifiquement ornées et les mécanismes géants animent d’énormes portions de décors. Bref tout est là : ça a de la gueule et c'est cohérent, tout en sachant se renouveler. On ne peut pas en dire autant de l’histoire. Le scénario vaguement moralisateur bégaie l’histoire de Kratos pour la cinquième fois : il a tué sa famille et veut se venger. C’est vrai que ça valait le coup de nous en reparler.
Ascension n'est pas un mauvais jeu, mais on est loin de la rage et de l'exubérance grotesque qui animait God of War 3. Forcément, c’était difficile d’aller plus loin dans les orgies de seins et de sang et le tourbillon de destruction et de violence démesurée qu’alignait la conclusion de la trilogie initiale. Avec le dernier volet épique de l’histoire de Kratos, on jouissait de la violence et du soft-porn comme devant un bon nanar ou un épisode de Spartacus, et finalement, c’était aussi ça qu’on aimait. Ascension fait copie propre c’est sûr, mais trop sage et trop sérieux, ne surprend jamais.
A réserver donc aux fans de button-mashing ou aux amoureux de Kratos