J'étais totalement hermétique aux "délires" de Kojima et ses équipes avant que je ne joue suffisamment à DS1.
C'est parfois difficile à comprendre, incompréhensible, ça semble manquer de sens et de logique, trop de choses semblent "gratuites" au début et plus on joue plus on se rend compte que ça donne une vraie singularité à leurs jeux et que ça trouve son sens.
Ca surprend et c'est original, ils arrivent à être imprévisibles et je trouve que ça fait un bien fou et que c'est devenu trop rare dans les jeux vidéo.

Le concept du bébé c'est un excellent concept, c'est pas gratuit, ils t'expliquent pourquoi ce truc existe dans le jeu et ça dépasse son statut de concept pour devenir une mécanique de jeu à part entière, c'est un outil de survie vulnérable dont tu dois prendre soin.
C'est un bébé, tu vas créer progressivement durant le jeu un "bond" avec lui, fonctionnel et potentiellement "affectif".
Avant de jouer au jeu je trouvais ça débile et en jouant au jeu je me suis "attaché" au bébé.
Franchement ça fonctionne, ils ont réussi leur coup.
C'est pareil pour tout un tas de concepts étranges en première lecture.

Ok, ok j’ai tiré fort le trait. Mais même si tout est grandiloquent chez Kojima (je connais mal les MGS mais ça semble acquis pour cette série aussi), je trouve qu’on fait un faux procès à Death Stranding, ou il excelle bien plus sur un paquet d’aspects par rapport à la plupart des autres jeux.

:3

Pour le coup absolument pas de procès à Kojima/DS, j'ai turbo poncé DS et j'aime Kojima de manière générale. Comme dit lichen rien que la méca de BB c'est ouf et ça crée beaucoup de connexion au personnage... à tel point que la fin m'a vraiment chamboulé.

J'essayais juste de répondre à Whisper sans trop survendre son délire.

Selon vous, qu'est ce qui différencie un Hideo Kojima d'un David De Gruttola ?

Umh, allez, juste ce qui me vient vite fait:
- Il fait des jeux, pas des romans de gare semi-interactifs
- Le gars est un game designer, quand il parle de ses jeux il parle d'abord et beaucoup du game design, pas de la taille de son script (d'ailleurs y'a un court interview sur DS où il explique que l'idée de base était la connexion des mondes et les mécaniques de gameplay, l'histoire est arrivée par dessus ça).
- Par extension, et même sans avoir vu le bonhomme parler: les jeux sont structurés dans le bon sens, le scénar/histoire est au service du gameplay de ses jeux. Le jeu est le coeur, contrairement aux titres de QD ou le gameplay n'est qu'une surcouche légère qui étend des cutscenes.
- Probablement la culture japonaise qui fait ça: mais il se la raconte peu. Contrairement à David qui en fait des caisses.

J'pense qu'on pourrait y passer des heures à lister : D

__MaX__ a écrit :
J'pense qu'on pourrait y passer des heures à lister : D

Merci _MaX_, attendons maintenant l'avis des autres.

Probablement la culture japonaise qui fait ça: mais il se la raconte peu. Contrairement à David qui en fait des caisses.

Mouais, j'ai pas cette perception :
Son trailer fait 10 putain de minutes.
Il passe son temps à foutre des "célébrités" pour foutre des célébrités. Tu va pas chercher Refn ou Del Toro si tu as besoin d'acteurs et si tu veux parler aux joueurs. A mon avis, c'est plus de l'ego trip façon Aronofsky (je me suis planté, je voulais parler de Jodorowsky).

Je parle de la personne.

Néanmoins:
- DS est le premier à avoir un casting du genre, l'intégralité des MGS repose sur des voice actor rando (même s'il est resté fidèle à ceux avec qui il pouvait continuer à bosser).
- Si tu veux foutre "des célébrités pour des célébrités", tu mets Downey Jr, Chris Evans, Tom Cruise, Brad Pitt, n'importe... pas Margaret Qualley, Sédoux ou Del Toro. J'suis même pas sûr que la moitié du public visé qui ont vu Del Toro savaient que c'était lui avant de le lire. Les seuls "gros" éventuellement c'est Mikkelsen et Reedus... et vraiment gros entre guillemets quoi.

Ceci dit, où il est le problème qu'un gars rencontre des gens et ait envie/pense qu'ils peuvent incarner un personnage dans ses jeux? En référence à ton "ego trip". Quand tu regardes la génèse de DS, c'est toute une évolution de la relation entre Del Toro qui voulait faire du JV et se collait sur Silent Hill en collab' avec Kojima. Et quand t'y penses, foutre Del Toro dont son mêtier n'est pas d'être acteur, c'est un risque indéniable comme tu dis. On est quand même très loin de la démarche d'aller chercher Ellen Elliot Paige pile au moment où elle il est bankable. (j'ai gardé les pronoms originaux pour contextualiser avec l'époque).

Maintenant, que tu me dises que toi ça te sors du truc, soit, c'est valide. Mais en soit, je ne vois pas la connexion entre rencontrer des gens avec qui tu t'entends et les intégrer à un projet... et se la raconter.

D'un point de vue externe, ne connaissant absolument pas personnellement le bonhomme. La démarche (à tous les niveaux) me semble beaucoup plus saine que les titres de QD. Mais je suis ouvert à ce qu'on me prouve le contraire... Hideo, si tu passes dans le coin? :p

Pour Del Toro et Refn il me semble pas qu'ils fassent les voix, ils ont juste été modélisés, je sais même pas s'ils ont fait la mocap pour les cutscenes, donc on peut pas vraiment parler d'acting pour eux. Après ça me dérange pas, Koko il a le droit d'inviter ses potes s'il veut, ils sont même pas mis en avant sur la jaquette.

Et contrairement à Gruttola, a priori c'est pas un harceleur sexuel, les blagues de cul il se contente de les mettre dans ses jeux, pas d'en faire profiter directement ses collègues.

__MaX__ a écrit :
pas Margaret Qualley, Sédoux ou Del Toro. J'suis même pas sûr que la moitié du public visé qui ont vu Del Toro savaient que c'était lui avant de le lire.

Mais c'est précisément pour ça que ça m'évoque un gros trip de name dropping façon Jodorowsky dans Dune (ouais je me suis planté de rowsky dans mon message d'avant). Il les prends pas parce qu'ils répondent à un besoin artistique précis, il les prends parce qu'il veut que son projet soit délirant en terme de référence parce que je sais pas quoi (en tout cas c'est ma perception).

Pour moi, le père Kojima qui fout Refn, c'est Dali dans Dune tu vois.

Il a pris des acteurs charismatiques plutôt que de prendre Jean le clodo ou Michelle du rayon équestre de Decathlon.

Il avait pris Kurt Russel pour les mêmes raisons, parce qu'il a la classe, je ne crois pas que ça aille plus loin que ça.

"parce que je sais pas quoi" voilà, tu réponds à ce que je disais :p

Comme dit Zaza avec le "il invite bien qui il veut"... si les gars ont des atomes crochus et que ça les fait triper, il est ou le problème? Attends je réécris ça: en quoi ce genre de choix, même si c'est un égo-trip (ce qui est difficile à évaluer), est synonyme de "se la raconter"?

Jodorowsky on a tous vu le reportage, il est connu justement pour en faire des caisses. A l'opposé, Kojima je l'ai jamais vu poser 35cm de paperasse sur un bureau le smile jusqu'aux oreilles en mode "regarde j'ai 15000 pages de script" (oui je m'en remettrais jamais de ce truc de Cage)... ou même avoir une manière de parler de ses jeux comme si c'était l'élu qui va changer le monde.

Et bonus point à la mention de Zaza si on revient à la personne pour son comportement à l'intérieur du studio.

__MaX__ a écrit :
ou même avoir une manière de parler de ses jeux comme si c'était l'élu qui va changer le monde..

The guardian, 2022 :
All Kojima will say about the other project is that it’s something he has wanted to make for years, but that the technology has never been sufficient until now. “It’s almost like a new medium,” he says. “If this succeeds, it will turn things around – not just in the game industry, but in the movie industry as well.”

(y'a d'autres trucs rigolos dans l'article)

Perso je suis étonné, ça me paraissait de notoriété publique qu'il avait un melon de l'espace.
Après moi j'ai rien contre les gens avec des gros melons, entre autres, y'a des trucs d'Alexandre Astier que j'aime beaucoup :)

Qu'est-ce qui les différencie ?

Leurs jeux. Ils n'ont tout simplement pas la même cible ni les mêmes objectifs.
Et par extension leur philosophie de design diffère énormément.

Les jeux de Kojima et de ses équipes mettent une grosse emphase sur les caméras, maniabilité du personnage, l'IA des ennemis, la topologie, le level design etc.
Il y a dans leurs jeux une énorme part de "player expression" : ils laissent énormément de liberté aux joueurs pour atteindre les objectifs, il y a une vraie dimension "sandbox" dans laquelle le joueur peut expérimenter.
Dans leurs jeux, tu fais des choix intéressants de stratégie/tactique TOUT le temps (même si la narration est finalement hyper linéaire avec généralement aucun choix).

J'irai même jusqu'à dire que Kojima et ses équipes prennent beaucoup plus de risques, ils tentent des trucs, ils expérimentent et font avancer le medium.
Leurs jeux font "confiance" aux joueurs (philosophie de design qu'on retrouve aussi chez FromSoftware ou sur les Zelda) et à leur intelligence, leurs designers n'ont pas peur de perdre le joueur ou de l'effrayer avec trop de choix ("players will figure out").

C'est forcément très éloigné d'une aventure narrative linéaire avec quelques embranchements et des QTE.
Mais il en faut pour tous les goûts !

Quant à l'ego de Kojima... Je ne le connais pas personnellement mais c'est quelqu'un qui met son nom en avant très souvent (crédits, nom du studio etc.). C'est devenu une "marque", ce petit culte de la personnalité autour de lui est vendeur, c'est un gage de confiance pour certains joueurs / investisseurs, donc je suppose qu'il en use et en abuse pour maximiser le succès de ses jeux et de son studio.
Je déteste la forme que ça prend (le fait qu'il soit mis en avant systématiquement avant ses équipes), mais je constate que c'est cependant efficace pour la promotion et la communication autour de ses jeux. Le public aime la starification et les "génies", donc on leur en fabrique :|

lichen a écrit :
Je déteste la forme que ça prend (le fait qu'il soit mis en avant systématiquement avant ses équipes), mais je constate que c'est cependant efficace pour la promotion et la communication autour de ses jeux. Le public aime la starification et les "génies", donc on leur en fabrique :|

C'est vrai que le jeu vidéo a tendance a se formaliser autour du nom d'un studio et non pas d'une personne. Ceci dit, dans un sens, on a jamais trop argumenté dans ce sens pour le cinéma, mais l'intégralité des films sont "marketés" autour du réal'

Dans le cas de l'industrie du cinéma c'est en réalité même encore pire, puisqu'on nous vend aujourd'hui des Marvel avec "Josiane Machin réalisatrice montante blabla" alors qu'elle se casse au milieu de la prod, que 99.9% des séquences de baston sont réal par un autre et qu'il y a 5000 personnes qui ont bossé sur le projet. ( Oui j'ai en tête le papier qui est passé sur The Marvels avec Nia DaCosta ).
Paradoxe: un film sans réalisateur c'est compliqué, mais un réalisateur sans scénar ça l'est encore plus. Et pourtant on conserve cette mise en avant du gars derrière la cam'.

Après c'est assez difficile de taper sur Kojima pour un cas relativement isolé comme ça (à part quelques exceptions comme lui y'en a pas non plus des tonnes), quand tu sais qu'il y a pas mal d'autres aspects qui existent dans l'industrie qui pourraient être corrigés avant: créditer proprement la localisation ou créditer les gens tout simplement (qu'ils aient bossé 2 mois, 6 mois ou trois ans sur le projet) par exemple.

Mais même si j'aime les projets du bonhomme, je suis assez d'accord avec toi, j'aime pas du tout la starification également.