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Un Rédacteur Factornews vous demande :

Forums

1
Désillusion
Laurent
Membre Factor
Redac 4177 msgs
Après 30 ans d’existence, le studio Illusion ferme ses portes et efface son nom de l’histoire en retirant leurs jeux de la vente et en débranchant leurs comptes Youtube et Twitter.

Si votre âme est pure et chaste, il est possible que ce nom ne vous dise rien, car si en trois décennies le studio a su marquer le jeu vidéo, c’est spécifiquement pour ses eroges bien trop sulfureux pour quitter le Japon. Les rares titres réussissant à rejoindre les côtes occidentales s'échouèrent immédiatement sur le rivage puisqu'ils subirent la suppression des fonctionnalités même attirant le public de ces jeux.

Pieux et sage, Factornews n’avait parlé qu’une seule fois du studio, lors de la polémique autour de Rapelay, un Custer's Revenge moderne qui avait secoué l’occident trois années après sa sortie sans encombre au Japon.

Lire la suite sur le site : Désillusion.
 
leRAFs
Membre Factor
Membre 145 msgs
J’essaye d’être ouvert d’esprit le plus souvent mais un jeu centré sur le viol d’une mère et de ses filles, effectivement, ça me dérange.
Pourtant j’ai adoré être le pire psychopathe dans Postal et Postal 2, décapiter des gens au hasard, pisser et vomir sur leur cadavre avant d’y mettre le feu. Découper les soldats par petits bouts dans Soldier of Fortune, ça aussi c’était fendard. Plus récemment, le fait de mettre des coup de bâton et d’assommer parents et enfants qui descendent tranquillement les pistes dans Grand Mountain Adventure me fait pouffer de rire. Mais là, le viol, je sais pas, j’ai du mal à y voir une bonne idée. Est-ce une question de réalisme, de recul sur l’action ? Sincèrement, je n’ai jamais vu de problème avec la violence dans les jeux vidéos, mais là… suis-je devenu un vieux con ?
 
CBL
L.A.mming
Admin 17580 msgs
leRAFs a écrit :
J’essaye d’être ouvert d’esprit le plus souvent mais un jeu centré sur le viol d’une mère et de ses filles, effectivement, ça me dérange.


On te rassure, c'est normal. Mais objectivement, le reste devrait te déranger aussi.
 
leRAFs
Membre Factor
Membre 145 msgs
Je me suis mal exprimé : si j'applique mon rapport habituel au jeu vidéo, ça ne devrait pas me choquer, et c'est ça qui m'étonne sincèrement ici.

Un peu de contexte : je suis une personne non-violente, vraiment, juste regarder un journal télé m'est difficilement supportable, j'ai même beaucoup de mal à comprendre ce voyeurisme ordinaire qui semble faire partie de la plupart des gens, regarder une bagarre, un accident de la route, consommer des histoires vraies de meurtres et autre joyeusetés, ça me dépasse complètement. Si je vois une personne blessée ou en détresse, soit je lui viens en aide, soit j'estime qu'elle est déjà en train d'être secourue efficacement, et donc je trace ma route.

Le jeu vidéo maintenant, c'est un média que je vois comme un bac à sable. Certains jeux l'assument pleinement et en font leur cœur, d'autres nous guident vaguement tout en nous incitant à expérimenter un maximum de choses, enfin d'autres sont complètement dirigistes. Mais tous sont des bacs à sables, fondamentalement. Si j’ai envie de casser toute l'immersion d'une scène émouvante, je peux parfaitement choisir de marcher à reculons, de tourner la tête dans tous les sens ou de bunny-hop comme un cinglé.

Ce que je veux dire, c'est que dans un jeu vidéo, la suspension consentie de l'incrédulité est, selon moi, bien plus délicate que pour n'importe quel autre média. Je suis l'acteur, à tout moment je peux briser l'immersion, même involontairement, et de toute façon, les événements impactant réellement le déroulé d'un jeu sont la plupart du temps peu nombreux. Bref, je m'égare un peu, et surtout, il y a beaucoup trop de types de jeux pour pouvoir généraliser en 2 lignes.

Par contre ce qui est invariant c'est que le jeu vidéo est un espace sans conséquences dans le monde réel (dans un jeu solo en tout cas, ce point est à modérer dans le cas d'un jeu multi). Autre exemple : si j'ouvre un carnet, et que j'y écris les pires châtiments qui me passent par la tête au sujet, au pif, d'un homme politique particulièrement détestable, est-ce que ça fait de moi un psychopathe ? Bin non. Si je me représente tous les détails de la scène mentalement plusieurs fois par jour ? La réponse est probablement plus compliquée. Si j'en fais un poster, une BD, une vidéo, là aussi, ça dénoterai un réel besoin de sortir quelque chose de ma tête. Mais si je diffuse une telle œuvre, là il est bien possible que je m'attire des ennuis judiciaires, là j'ai fais quelque chose de répréhensible.

Pour conclure, je considère le jeu vidéo comme un espace de liberté totale, justement parce qu'il n'y a aucune conséquence directe dans le monde réel. Comme un rêve, comme un fantasme. Je n'ai aucun souci à me comporter de manière parfaitement immorale dans un jeu précisément parce que le jeu lui-même est amoral. Si morale il y a, c'est parce que je choisi d'y projeter la mienne, ou de suivre celle que les développeurs souhaitent y insuffler. Mais fondamentalement, le jeu est amoral, si je choisi d'écraser consciencieusement chaque piéton dans Carmageddon ou de démembrer systématiquement tous mes adversaires dans Gorn, il n'y a aucune conséquence. Juste un exutoire, une catharsis éventuellement.
Et donc un jeu sur le viol devrait me paraître banal, si quelqu'un rêve de faire ce qu'il s'y passe, et bien peut-être qu'il vaut mieux qu'il puisse en jouir sans porter préjudice à qui que ce soit, peut-être se rendra-t-il compte que finalement la transposition dans le réel de ce à quoi il vient de jouer ne serait finalement pas une si bonne idée, ou peut-être que si, et qu'il va passer à l'action comme il en brûle d'envie depuis déjà un moment. Mais l'existence d'un tel jeu est-elle absolument une mauvaise chose ? J'ai rationnellement envie de répondre que non, et pourtant ça me dérange.
 
Laurent
Membre Factor
Redac 4177 msgs
Le fait de donner ou non des passeports à un poste de frontière dans Papers, Please et de condamner la moitié des arrivants (ou la totalité, ceux qui rentrent dans le pays ne seront visiblement pas mieux traités vu les mesures autoritaires du pays) à une vie de misère ne me donne pas envie de trouver ce genre de boulot dans la vraie vie. Tout comme le fait de jouer à Counter Strike en boucle ne me donne pas envie d'acheter une arme et de l'astiquer tous les matins, ni l'envie de devenir flic ou terroriste pour décimer les uns ou les autres.

Après, peut-être que c'est parce que j'ai une morale et une éducation qui font que je garde les pieds sur terre. Peut-être que si j'avais grandi dans un milieu défavorisé, avec une haine de certaines autorités ou minorités, le jeu vidéo m'aurait renforcé dans ces tendances. Mais je pense quand même que le jeu vidéo est un exutoire pour plus de gens qu'il n'est un révélateur ou incubateur de criminel.

Ici on parle aussi d'un sujet qui a un tout autre traitement au japon qu'en France. Parce que je cherche encore une BD franco-belge qui balance des monstres à tentacules sur tous les personnages féminins qui passent. Ce que je veux dire, c'est que les japonais ont un rapport aux violences sexuelles débridé, imaginatif, fantaisiste et exubérant. Malgré leur pudibonderie pour la censure des zones érogènes, ils auront quand même exploré dans leurs mangas et animes toutes les perversions possibles et imaginables du corps féminin.

Donc bon. Peut-être qu'Illusion a eu tort de croire que ce qui peut passer au japon passerait aussi à l'international car les tabous ne sont clairement pas les mêmes dans tous les pays. Mais le japon sait aussi faire son auto critique et des oeuvres comme Perfect Blue ont bien su percevoir les dérives possible d'un système dont les tabous sont à ce point débridés, notamment envers cet autre sujet assez spécifique à l'asie que sont les gamines sexualisées en chanteuses pop et les idolâtries excessives qu'elles suscitent.
 
Le vertueux
J'aime les films de karaté
Membre 6692 msgs
Pas d'explication sur la fermeture ? La rentabilité de faire des jeux hentai est trop faible ?
 
choo.t
Saint rââle
Redac 3979 msgs
Le vertueux a écrit :
Pas d'explication sur la fermeture ? La rentabilité de faire des jeux hentai est trop faible ?


Rien d'officiel, mais le message de fermeture à pour url illusion.jp/see-you-next-time, ce qui laisse à penser à un retour un jour ou l'autre.
Y'a des spéculations d'un rebranding complet pour se séparer de leur réputation et revenir sous un autre nom, mais aucune confirmation pour le moment.
 
Anglemort
Membre Factor
Membre 381 msgs
leRAFs a écrit :
Par contre ce qui est invariant c'est que le jeu vidéo est un espace sans conséquences dans le monde réel


Je ne pense pas qu'on puisse être 100% affirmatif là dessus. Le jeu vidéo comme d'autres médias participe aux représentations qu'on se fait de la "normalité" ce n'est pas un espace à part.
Bien sûr c'est pas pour tenir un discours du type "c'est la faute aux jeux vidéos" jouer à un jeu ne déclenche pas un passage à l'acte, on est d'accord.

Par contre le jeu vidéo peut comme n'importe quel média diffuser des visions stéréotypées et influencer ce qu'on va trouver acceptable ou non. Il y a des expériences qui montrent les liens entre les blagues et les préjugés comme par exemple dans des spectacles de stand-up il y a de nombreux travaux qui étudient l'influence de la pornographie sur les pratiques sexuelles réelles, etc.

Tout ça pour dire que se poser des questions sur l'image que renvoie le jeu vidéo des rapports hommes-femmes (entre autres choses) c'est plutôt sain.
 
Laurent
Membre Factor
Redac 4177 msgs
Il n'y a pas que les japonais qui soient polémiques et visiblement ils n'ont pas eu besoin du jeu vidéo comme référence.
 
ptitbgaz
Membre Factor
Membre 1902 msgs
Complètement d'accord. Par extension, ce serait considérer que l'art (puisque le JV en est un) n'a aucune influence (j'avoue, c'est un peu capillotracté mais y a de ça ;) ).
Il y avait aussi des études qui montraient que de jeunes cerveaux exposés de manière répétée à la violence par les images avaient tendance à y être de moins en moins sensible. Pas de quoi entraîner un passage à l'acte mais l'empathie sur la victime est moins là.

Pour autant, c'est aussi un moyen de se défouler et d'évacuer une certaine violence naturelle. D'où l'importance de bien amener le sujet et le contextualiser (ou de jouer la violence gratuite quand on a déjà un peu de recul). Et parfois l'art en a besoin pour s'exprimer. Pas toujours simple.
 
Anglemort
Membre Factor
Membre 381 msgs
Laurent a écrit :
Il n'y a pas que les japonais qui soient polémiques et visiblement ils n'ont pas eu besoin du jeu vidéo comme référence.


Ah ça, les paniques morales et tentatives de censure de l'extrême droite on a environ une par mois.

L'article est étrangement rédigé, reprendre les interprétations de militants d'extrême droite comme si c'était une description objective des faits et sans les remettre en perspective... Mouais, vu le thème de la pièce il y a quand même 99% de chances que ce soit foireux et basé sur leurs propres fantasmes.

Edit pour donner un peu de contexte :
Je suis persuadé que M. Pierre Gentillet, avocat, n'a pas vu la pièce et qu'il ne sait pas de quoi elle parle. Parce que M. Pierre Gentillet n'est pas qu'avocat : c'est aussi un habitué de CNEWS connu pour être proche du RN. Donc il a tout intérêt à mettre de l'huile sur le feu.
 
Désillusion
1

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