On ne parle pas souvent de livres sur Factornews. Pratiquement jamais en fait. Mais bon, celui-ci est spécial vu qu'il a été écrit par feu mon paternel. André Zysberg était historien et il a été successivement agrégé, docteur puis professeur à l'université de Caen. Sa spécialité était l'histoire de France durant l'époque moderne (1492-1789) et particulièrement l'histoire maritime. Mais en plus d'être un enseignant-chercheur, c'était un écrivain. Il a écrit ou co-écrit un bon paquet de livres. Ce n'est jamais de la fiction mais ça se lit comme tel, ce qui rend les sujets traités plus abordables pour le commun des mortels.

Son dernier livre, Le Corsaire, l'Astronome et l'Armateur, raconte une épopée peu probable dans laquelle un capitaine-corsaire accompagné d'un négociant et d'un moine-astronome se lancent à la conquête de l'Amérique du Sud, les premiers pour faire fortune et le dernier pour observer les satellites de Jupiter. Il est paru aujourd'hui aux Editions du Cerf et a été co-écrit avec ma mère et les Butis, des amis de longue date. Comme ses autres livres, ça se lit comme un roman et c'est évidemment une histoire vraie, tirée de journaux de bord, de livres de compte et de diverses archives.

Lire la suite sur le site : [Copinage/Hommage] Le Corsaire, l'Astronome et l'Armateur.

Merci pour ce joli texte CBL. On est de tout coeur avec toi.

Toutes mes condoléances.
Très bel hommage.

Merci pour ce joli texte et hommage qui m'a ému de bon matin.
Bon vent à lui, ça avait l'air d'être un mec cool et un chouette papa.

Condolérances CBL...
J'aime bien me faire des bouquins relatant des histoires de voyage à la voile de temps en temps (Les aventures de Gordon Pym, Magellan, les naufragés du Wager, L'étrange voyage de Donald Crowhurst, etc..), du coup je met la publication de feu ton paternel en haut de ma liste des prochains. Merci à lui.

Je te l'ai déjà dit, mais sincère condoléances CBL.
Je n'imagine pas ta tristesse, et rien qu'en écrivant ce message, j'ai les larmes aux yeux (c'est la poussière dans le bureau au taf, c'est certain !).
Ces ouvrages ont l'air d'être super cool et comme je suis un piètre lecteur... Bah peut-être que ce serait un bon livre de chevet. :)

Toutes mes condoléances également. En tout cas, tu as l'air super fier de lui !

Belle histoire.Il a même eu droit à un article dans Le Monde https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2024/12/16/la-mort-d-andre-zysberg-historien-des-exclus-de-l-ancien-regime_6452006_3382.html
Et je dois dire que je retrouve souvent dans tes papiers cette "cette pensée claire, ce style fluide qui transforme les sources éparses en une vision synthétique" (à 2-3 anglicismes près ;) ). Condoléances CBL.

Très bel hommage.
Toutes mes condoléances.

Merci pour ce joli témoignage. Toutes mes condoléances.

M'a fait pleurer, 'tain...

Merci et bravo à ton paternel. J'ai commencé par des études d'Histoire à Lorient, ville portuaire, et j'aurais adoré l'entendre sur le sujet.

Mes sincères condoléances, respect robustesse.

Toutes mes condoléances aussi CBL...
Merci à toi de nous proposer ses livres.

Mes sincères condoléances Ben, à ta famille et à toi.
Et merci pour ce partage.

Toutes mes condoléances CBL.
C'est chouette qu'il t'ait transmis son savoir et ses passions, et que tu nous les partages à ton tour.
Ces souvenirs sont une vraie richesse.
On a beau, pour la plupart d'entre nous ici, être des darons, quand on perd le sien on n'est plus qu'un enfant qui pleure.

Merci les gens !

Toutes mes condoléances et bravo à ton père pour ce parcours exceptionnel.

ptitbgaz a écrit :
Belle histoire.Il a même eu droit à un article dans Le Monde https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2024/12/16/la-mort-d-andre-zysberg-historien-des-exclus-de-l-ancien-regime_6452006_3382.html
Et je dois dire que je retrouve souvent dans tes papiers cette "cette pensée claire, ce style fluide qui transforme les sources éparses en une vision synthétique" (à 2-3 anglicismes près ;) ). Condoléances CBL.

Dommage que l'article soit non visible en entier.

Je me permet de le partager l'article en spoiler (pas très légal... vous me dites). Sincères condoléances Ben, j'en ai peu de souvenir mais je me souviens d'un bonhomme rigolo :), je t'appelle quand je peux ! :


_______
L’historien André Zysberg, à Vincennes (Val-de-Marne), en avril 2018.
L’homme qui a offert un tombeau aussi formidable qu’impensable à ces milliers d’individus obscurs que l’absolutisme voua aux galères s’est éclipsé à son tour : l’historien André Zysberg, qui fit de sa fascination pour l’histoire quantitative un levier décisif pour rendre vie aux exclus, est mort à Cherbourg (Manche) le 8 décembre, à l’âge de 77 ans.

Sans doute ses débuts l’ont-ils prédisposé à l’étude des marges. Né le 6 août 1947, ce fils de tailleur parisien n’est pas très à l’aise dans son école du 10e arrondissement. Lycéen, il n’y a guère qu’en histoire, dont le goût l’a pris très tôt, qu’il atteint la moyenne. Et pour financer ses études universitaires, il enseigne dans des établissements tant privés que publics, à des élèves dont il est à peine l’aîné. Tant et si bien que l’année où il se présente à l’agrégation, il n’a pu suivre aucun cours, potassant quand il le peut dans les bibliothèques, où, épuisé, il s’endort parfois. Résultat sans surprise : il est reçu lanterne rouge à l’agrégation mais n’en rougit pas, se prévalant de cette méritocratie républicaine qui fonctionnait alors.


Comme nombre des historiens de sa génération, André Zysberg est soucieux d’histoire économique, mais son goût propre le porte vers la démographie et l’outil statistique qui révolutionne les usages pour une lecture quantitative qui gagne nombre de sujets de thèse. Mais comme dans le même temps il se passionne pour les travaux du philosophe Michel Foucault (1926-1984) et ceux de Robert Mandrou (1921-1984), le plus doué des disciples du cofondateur de l’école des Annales Lucien Febvre, c’est du côté des exclus que ce moderniste se tourne pour entreprendre sa thèse d’Etat, sous la direction d’Emmanuel Le Roy Ladurie (1929-2023) à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Voix des galériens
S’attelant, dans les archives de la marine du port de Toulon, au dépouillement de registres, jamais consultés jusque-là, mais dont Mandrou avait signalé l’existence, il y rencontre quelque 60 000 noms, ceux de ces galériens enchaînés aux vaisseaux du roi de France entre 1680 et 1748.

Matricule, métier, âge, signalement, motif de la condamnation, dates d’écrou et de l’élargissement ou du décès, rien ne manque pour qu’une humanité anonyme ne resurgisse. Entre la mort et le bannissement perpétuel, la condamnation aux galères est la peine intermédiaire. Celle qui représente 20 % des condamnations en parlements.

De l’étude de ce cruel système répressif et de sa pléthore de victimes, André Zysberg fait une telle priorité qu’il postule pour un collège proche de Toulon et croise toutes les sources possibles, ordonnances royales comme journaux de bord, traités de navigation et documents comptables, mémoires ou placets où s’entend la voix des galériens. Il sollicite le concours d’un ingénieur ergonome, d’un physicien pour évaluer l’effort demandé au condamné, et, grâce à un détachement au CNRS et une formation à l’informatique, il constitue un fichier aux entrées multiples qui révèle une foisonnante microsociété, exhumant le monde de la chiourme (l’ensemble des rameurs d’une galère) à la complexité méconnue jusque-là. Avec malice et humour parfois. Mais l’indignation non voilée pour les pratiques et son admiration réelle pour les huguenots ajoute à la somme de Zysberg une dimension humaniste qui fait la valeur de ce chef-d’œuvre.

Chaire d’enseignant à Caen
Soutenue en 1986, la thèse Les Galères de France et la société des galériens devient un essai grand public, publié au Seuil sous le titre Les galériens. Vies et destins de 60000 forçats sur les galères de France 1680-1748, l’année suivante quand l’auteur est nommé professeur à l’université de Caen. Un poste qu’il occupe jusqu’à sa retraite, hormis une parenthèse de trois ans (1993-1996) où il se voue, à l’invitation d’Emmanuel Le Roy Ladurie, devenu un ami, qui finit son mandat d’administrateur de l’institution, à la direction de l’informatique de la Bibliothèque nationale, fort de son expérience de terrain. Avec une gourmandise réjouissante, il s’y consacre à la gestion et la refonte du catalogue de la BNF et cosigne avec Jean-Luc Pinol un manuel pionnier à l’usage de confrères néophytes, Métier d’historien avec un ordinateur (Nathan, 1995).

Retrouvant à Caen sa chaire d’enseignant et sa passion pour les gens de mer et les espaces ouverts, il conserve cette pensée claire, ce style fluide qui transforme les sources éparses en une vision synthétique.

De l’homme qui l’a guidée dans le choix du sujet de sa thèse, Kourou ou l’ultime combat de la monarchie pour une Amérique française 1763-1781, et a accompagné son travail à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Marion Godfroy se rappelle le savant chaleureux, d’une honnêteté scrupuleuse : « Il m’a appris à reconnaître mes dettes comme il le faisait lui-même, comme l’attestent ses notes de bas de page, à être d’une loyauté sans faille, fixant une conduite professionnelle dont il ne s’écartait jamais. »

André Zysberg en quelques dates
6 août 1947 Naissance

1987 « Les Galériens, 1680-1748 » (Seuil)

1993-1996 Directeur de l’informatique et des nouvelles technologies à la Bibliothèque de France, devenue BNF en 1994

2007 « Marseille au temps du Roi-Soleil » (Jeanne Laffitte)

8 décembre 2024 Mort à Cherbourg (Manche)

Philippe-Jean Catinchi

(le "...et à la fin, il meurt" du tag spoiler est terriblement à propos :/ )

CBL a écrit :
(Hop voici l'article en entier)

Merci pour l'article, effectivement une vie de combat :). Rien que l'article nous montre à quel point, la royauté (contrairement à ce que nous disent certains) avait un traitement inhumain de ses sujets.