Même lorsque le produit de base n'est pas dingue, on peut quand même souhaiter / espérer qu'il continue de s'améliorer au fil des itérations plutôt qu'il ne se dégrade ?

C'est comme espérer du gastronomique en allant chez McDo ou de Park Chan-Wook avec un film Marvel. On donne trop d'importance à un truc qui est tout sauf primordial.

C'est peut-être aussi une question de goûts ?
Des millions de gens aiment les jeux proposés par Ubisoft mais ne souhaitent pas pour autant avoir de publicités dans leurs jeux et une expérience de jeu qui se dégrade progressivement au fil des itérations de monétisation et de communications de plus en plus intrusives.

On a tout à perdre à ce que certaines pratiques se démocratisent sur les jeux auxquels on ne joue pas, on sait qu'il y a une "porosité" très forte entre les jeux et éditeurs, des normes qui finissent par s'installer, l'inacceptable qui finit par s'imposer.

lichen a écrit :
On a tout à perdre à ce que certaines pratiques se démocratisent sur les jeux auxquels on ne joue pas, on sait qu'il y a une "porosité" très forte entre les jeux et éditeurs, des normes qui finissent par s'installer, l'inacceptable qui finit par s'imposer.

Exactement, à chaque fois qu'un éditeur s'en sort après avoir imposé une nouvelle merde, tous les MBA des autres éditeurs s'en frottent les mains et commence à appliquer les mêmes dérives.

C'est pour ça qu'il faut rester vigilant constamment name and shame les responsables des moindres écarts.

qtip a écrit :
C'est comme espérer du gastronomique en allant chez McDo ou de Park Chan-Wook avec un film Marvel. On donne trop d'importance à un truc qui est tout sauf primordial.

Les plateformes auxquelles pense Doctorow quand il parle d'enshittification (un mot laid certes mais peut-être à dessein) ne sont pas des restaurants ou des cinéastes : ce sont des monopoles qui ont une influence énorme sur ses membres, qui sont non seulement ses utilisateurs mais aussi ses fournisseurs. Quand YouTube éternue, c'est tous les producteurs de contenu qui s'enrhument. Quand c'est les cadres de YouTube qui font délibérément tousser leur plateforme pour ramener toujours plus de thunes, il y a un problème systémique qui n'était pas là quand le slogan de Google c'était "dont be evil" et que les utilisateurs (et les employés) avaient de bonnes raisons de le croire. Ce que dit Doctorow, c'est que les plateformes qui deviennent trop puissantes n'ont plus d'autres choix que de s'auto-saboter pour continuer à croître. Tout ça est assez bien expliqué dans son blog.

Dans le jeu vidéo, on a une exception intéressante avec Valve, mais on ne peut pas nier pour autant que les concentrations auxquelles on assiste chez les gros éditeurs n'augurent rien de bon pour les conditions de production. C'est moins crucial que les GAFAM qui influent sur des pans entiers de la société, mais comme le dit choo.t, ça mérite de rester vigilant.

J'adore ce que fait Valve en règle générale, mais je souhaite quand même nuancer un peu, même eux ont leurs "démons" et pratiques très discutables :
- 30% de marge sur la plateforme en état de quasi monopole pour la distribution numérique sur PC. Pour les développeurs c'est un rapport de force assez difficile à accepter.
- Pratiques très discutables sur la monétisation de certains jeux (DOTA 2 / CS) avec des économies parallèles de type casinos, qui semblent profiter allégrement à Valve.
-Tentatives scandaleuses de contourner certaines restrictions européennes sur les Lootboxes en adaptant légèrement le concept pour contourner les textes de lois (les fameuses Lootboxes "N" au contenu déterministe, sauf pour les "N+x").
- Politique hyper agressive d'anti concurrence (obligation d'avoir les mêmes prix sur Steam que sur n'importe quelle autre plateforme à un instant t).

Valve reste cependant un des "moins pires" parmi les géants de la distribution et 9 fois sur 10 ils ont quand même une approche très saine du type "le confort des joueurs avant toutes choses".

C'est difficile de tout avoir, mais ça doit pas nous empêcher de continuer à être exigeants :)

lichen a écrit :
- 30% de marge sur la plateforme en état de quasi monopole pour la distribution numérique sur PC. Pour les développeurs c'est un rapport de force assez difficile à accepter.

Absolument, une marge pareille ce serait impensable dans un autre contexte. Je pensais que Valve l'avait aménagée pour les plus petits acteurs.

C'est marrant que tu parles des économies parallèles : Doctorow s'est récemment mis à citer les récents travaux de Yanis Varoufakis à l'appui de ses théories. Varoufakis qui avait justement bossé pour Valve avant de devenir le ministre de l'économie de la Grèce (et la personnalité controversée que l'on sait). C'est fou comment le monde du jeu vidéo surgit ça et là dans des domaines qu'on imagine pourtant beaucoup plus sérieux.

lichen a écrit :
- 30% de marge sur la plateforme en état de quasi monopole pour la distribution numérique sur PC. Pour les développeurs c'est un rapport de force assez difficile à accepter.

C'est pas exactement 30% pour tout le monde, de mémoire les gros poissons ont négocié moins, mais NDA tout ça tout ça.
Par contre c'est 30% sur le Store de Steam, pas sur la plateforme de distrib, si tu vend ton jeu via clef steam chez Humble ou autre, ça ne s'applique pas.

lichen a écrit :
- Politique hyper agressive d'anti concurrence (obligation d'avoir les mêmes prix sur Steam que sur n'importe quelle autre plateforme à un instant t).

Prix de base hors réduction et hors solde apparemment (on en saura probablement plus durant le procès avec Wolfire Games) comme l'atteste divers jeux dont le prix à plusieurs fois était plus bas chez la concurence The Talos Principle, Cyberpunk 2077, Terraria etc..

Hell Pé a écrit :

lichen a écrit :
- 30% de marge sur la plateforme en état de quasi monopole pour la distribution numérique sur PC. Pour les développeurs c'est un rapport de force assez difficile à accepter.

Absolument, une marge pareille ce serait impensable dans un autre contexte. Je pensais que Valve l'avait aménagée pour les plus petits acteurs.

Détrompez-vous. Pour m'être récemment lancé dans la publication d'un magazine (en 2023, oui oui, trop à la pointe le mec !), je peux vous assurer que de telles marges existent ailleurs. Pour de la distribution physique en librairie, le standard c'est 35 %. (Je n'évoque même pas les maisons de la presse, on connait tous les histoires de Canard PC et Presstalis...) Et en distribution numérique, sur des e-kiosques genre Cafeyn, Readly, Magzter, etc., ils pratiquent tous le même tarif oligopolistique : 50 %. Oui oui, 50 % pour distribuer une version pdf de ton magazine ! Valve c'est des rigolos à côté.

Pour la commission de Steam, c'est simple : plus tu gagnes et moins tu payes:
-Net sales volume of under $10 million – 30% commission
-Net sales volume between $10-50 million – 25% commission
-Net sales volume over $50 million – 20% commission

choo.t a écrit :
C'est pas exactement 30% pour tout le monde, de mémoire les gros poissons ont négocié moins, mais NDA tout ça tout ça.
Par contre c'est 30% sur le Store de Steam, pas sur la plateforme de distrib, si tu vend ton jeu via clef steam chez Humble ou autre, ça ne s'applique pas.

Le commun des mortels se mange 30%.
S'il y a des arrangements au cas par cas réservés aux développeurs qui ont assez de poids (mais j'en ai jamais entendu parler), c'est pas très sain comme système :(

choo.t a écrit :
Prix de base hors réduction et hors solde apparemment (on en saura probablement plus durant le procès avec Wolfire Games) comme l'atteste divers jeux dont le prix à plusieurs fois était plus bas chez la concurence The Talos Principle, Cyberpunk 2077, Terraria etc..

Ca reste une approche anti concurrence très puissante car ça empêche les autres Stores de tenter d'exister face à Steam en vendant les jeux moins chers.
Les autres plateformes ne peuvent même pas rogner sur LEURS marges pour proposer des prix moins chers et gagner en attractivité en avantageant le consommateur via des prix plus faibles.
C'est très malin comme politique de la part de Valve, mais c'est quelque chose qui peut vraiment freiner considérablement la sortie du monopole de Valve sur PC.
Ca ressemble quand même très fort à un abus de position dominante.

CBL a écrit :
Pour la commission de Steam, c'est simple : plus tu gagnes et moins tu payes:
-Net sales volume of under $10 million – 30% commission
-Net sales volume between $10-50 million – 25% commission
-Net sales volume over $50 million – 20% commission

La majorité des développeurs se prennent donc la commission de 30%.
Cette réduction progressive des marges mise en place (sous la pression) par Steam, c'est une technique pour s'assurer de ne pas trop froisser le top 20 des développeurs qui font le plus de CA sur leur plateforme.
Le reste du monde profite pas trop de ce système, qui n'est en outre pas rétroactif, faut d'abord franchir la barre des 10 millions pour économiser 5% de marge sur les ventes après 10 millions.
Quelle générosité mon bon seigneur Gaben !

Je suis sarcastique mais il est vrai que ça reste mieux que les pratiques encore plus agressives des stores de Google et Apple, Sony, Microsoft on est d'accord.
Et je ne sais même pas s'il existe d'autres stores "significatifs" en dehors de l'EGS (significatif, EGS, haha) qui pratiquent des marges inférieures à Steam.
Steam fait probablement partie des "moins pires" élèves sur le sujet des marges (Gog est à 30% flat également il me semble).

lichen a écrit :
Et je ne sais même pas s'il existe d'autres stores "significatifs" en dehors de l'EGS (significatif, EGS, haha) qui pratiquent des marges inférieures à Steam.

itch.io (jusqu'à 0% de marge).