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Technotopia : rêves d’utopIA

Connard par Connard,  email
Développeur / Editeur : Alawar Yustas
Quoi de moins clivant que l’IA de nos jours ? Comme l’intelligence artificielle générative va arriver d’une minute à l’autre (comme les voitures qui se conduisent toutes seules depuis 2017), penchons-nous sur la possibilité de laisser notre urbanisme aux sages et impartiales mains de la machine.
C’est là toute la proposition de Technotopia : le monde souffre des problèmes de la lutte des classes et aucun des partis n’arrive à faire les compromis idéaux avec les autres. Et si une IA pouvait faire mieux, et même, soyons fous, nous mener à l’utopie ? Oui mais en vérité, l’IA, c’est vous. Si vous êtes indéniablement artificiel et vaguement considéré comme intelligent par votre famille proche, vous allez maintenant pouvoir débloquer votre potentiel et atteindre des sommets d’efficacité grâce à la mission qui vous est donnée.

Vous incarnez Iris, la super IA conçue par l’Architecte qui a pour mission de régler les problèmes de la métropole et de difficilement maintenir la paix sociale. Car, voyez-vous, il y a quatre grandes factions qui se disputent le pouvoir tout en dirigeant ensemble : le gouvernement (les politiciens), l’élite (les aristocrates), les marchands (les capitalistes) et le public (les gens du peuple). En tant qu’IA d'extrême centre, votre travail sera de ménager la chèvre et le choux et de faire en sorte que tout le monde soit satisfait. Bonne chance.



En terme de jouabilité, il s’agit de construire une ville à base de quartiers de différents types posés sur une grille, en fonction des cartes que vous piochez (vous en aurez toujours trois en main). Chaque faction a un quartier de base, prenant une case, qui lui est associé et qui augmente son score lors de la construction. À la fin d’une semaine, tous les dix tours de jeu (un quartier construit comptant pour un tour), ces scores sont réduits d’une valeur d’usure qui augmentera ensuite pour la semaine suivante, rendant l’équilibre de plus en plus difficile à tenir.

Si le score d’une seule faction atteint zéro, la partie se termine. On vous a dit de contenter tout le monde ! Ne vous en faites pas, vous pouvez relancer une partie tout de suite après. D’ailleurs, le jeu ne vous propose que cette option après une défaite, alimentant le fameux “allez, encore une toute petite partie” jusqu’au bout de la nuit.

Chacune des quatre factions est également associée à une combinaison de quatre quartiers de même type suivant un schéma donné que les amateurs de Tetris pourront apprécier (en ligne pour les marchands, en carré pour le public, et), et qui leur fournit également des points. Ainsi, aligner quatre quartiers de l’élite en ligne aura donné des points pour l’élite (via les quartiers) et aux marchands (via la disposition).



En plus, à chaque demi-semaine, un événement va se produire et vous offrir un choix. Par exemple, les gens ne se sentent pas à l’aise quand ils se promènent la nuit et vous pourrez choisir entre placer des lampadaires partout ou installer un système de vidéosurveillance. Chaque choix est à faire parmi cinq catégories (les quatre factions et le crime organisé) et augmente ou réduit la valeur d’usure d’une ou plusieurs factions.

Parfois, vous choisirez donc avec votre cœur, et parfois vous serez amenés à choisir l’option qui plaira le plus aux gens qui sont déjà très mécontents, par peur de voir leur score arriver à zéro à la fin de la semaine. Ces événements vont aussi vous réserver des surprises à l’avenir et avoir de nouvelles influences sur les scores pendant les semaines suivantes. Ils sont assez variés et plutôt sympas et s’ils ne se répètent pas au cours d’une même partie de dix ou quinze minutes, il est fort probable que vous reverrez les mêmes si votre session de jeu s’allonge. Ce sera l’occasion d’essayer d’autres choix !



Lorsque vous aurez inévitablement échoué, des niveaux associés à chaque faction augmenteront en fonction des décisions que vous avez prises lors des événements, débloquant ainsi de nouveaux jouets via de nouvelles cartes dans le deck. Petite étrangeté, certains choix d’événements liés à une faction (et qui font donc monter son niveau) amènent à un mécontentement de cette même faction pendant la partie. C’est plutôt contre-intuitif mais j’ai peut-être raté quelque chose.

Pour pimenter un peu vos parties, la grille de jeu est parsemée de petites améliorations qui, une fois récupérées en construisant quelque chose sur leur case, vous permettent d’ajouter différentes cartes à votre deck, ou de gagner un certain montant de score pour la faction de votre choix. Enfin, certains bâtiments auront besoin d’être entourés de cases occupées pour être totalement construits et ainsi vous conférer des bonus ou faire progresser les quêtes en cours.

La narration du jeu est assurée par un enchaînement de quêtes, une pour chacun des quatre camps, qui vous racontent un peu la situation de la métropole et les manigances des factions ainsi que celles de l’Architecte et de son IA.

L’écriture est… acceptable. Certaines grosses ficelles de notre culture populaire se voient et on se doute d’avance de certaines choses mais c’est surtout l’ambiance globale qui m’a intrigué. En effet, les auteurs ont une vision quelque peu misanthrope et la globalité de l’histoire peut être résumée en “les humains sont tous pourris (intrinsèquement ou par l’effet corrupteur du pouvoir), et ce serait bien mieux avec une IA au pouvoir pour satisfaire tout le monde”.

Je ne suis pas vraiment dans les délires techno-bros et la glorification de la branlette à investisseurs actuelle de la Silicon Valley, donc ça va être dur de me vendre l’impartialité ou la neutralité de l’IA, d’autant plus que celle décrite en jeu semble pas mal pencher vers “la fin justifie les moyens”, héritant des enseignements de son créateur. Je ne sais pas s’il faut aussi contenter tout le monde puisque le principe est que les intérêts des différentes classes sont en conflit, et ça me semble compliqué de satisfaire en même temps les aristos, les capitalistes et les travailleurs. Au moins, pour une fois, l’idée qu’une IA nous gouverne n’est pas prise comme une dystopie, ça change.

Tout ça pour dire que le message du jeu me paraît tout à fait lunaire et déconnecté du réel, comme pourrait hypothétiquement l’être un président de la République par exemple, mais comme il paraît qu’il ne faut pas trop prendre au sérieux les jeux vidéo, ce n’est pas très grave.



Cependant, le reste de l’enrobage m’a conquis. Que ce soit la jouabilité simple mais efficace, créant une forte tension quand plusieurs semaines sont passées et que chaque décision compte, ou la direction artistique faite de voxels et mélangeant art déco et technologie (via les arabesques en circuits imprimés, par exemple) et poussant même le vice jusqu’à sortir une musique électro-jazzy, dans la continuité de l’identité visuelle. Je n’aurais presque rien à redire sur les finitions non plus, si ce n’est que l’orientation de la caméra n’est pas gérée pour la sélection des cases de grille, créant un vilain décalage entre notre curseur et les cases visées quand on s’éloigne du centre de l’écran.
Je suis tout à fait satisfait de ce petit jeu de puzzles à cinq balles qui m’a ravi pendant quatre heures, le temps de terminer l’histoire sans me presser et en faisant plein de conneries. Il est aussi joli et réussi que son écriture est ahurissante. Une belle découverte.
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