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Fact'Or 2024 - ZeP
J’ai accumulé un bon paquet de mauvais choix cette année. Heureusement, pas aussi graves qu’un Américain moyen, mais en regardant ma rétrospective vidéoludique, il me semble que je suis souvent passé à côté de gros morceaux pour m'écraser le nez sur le mur de la médiocrité.
Pourtant, ça avait plutôt bien démarré avec Prince of Persia: The Lost Crown, un metroidvania bien exécuté mais sans grande surprise, dans un genre déjà largement surexploité sur la scène indé. S’il n’y avait pas eu un autre MV sorti plus tard cette année, je serais revenu avec beaucoup plus d'enthousiasme sur ce titre. C’est bien animé, ça cause pas trop, les contrôles sont parfaits, les combats sont riches… mais la partie exploration, très linéaire jusqu’à la fin (on est à la limite de la définition du Metroid-like tel que l’a voulu Super Metroid), et les secrets plan-plan (des salles d’acrobaties ou d’énigmes basées sur le timing) pour ramasser des chemises de couleur manquent d’un petit quelque chose de fou. Reste les boss qui pourront plaire aux plus acharnés, mais qui m’ont fait passer le jeu en facile pour les combats. On peut en effet régler chaque élément de gameplay jusqu’à transformer des monstres dignes de Dark Souls en balade façon Kirby.En février, j’ai plongé comme beaucoup dans Balatro. Au point de passer bien trop d’heures sur ses défis débiles. J'ai finalement été lassé, frôlant l’indigestion après 110 heures de jeu, avant d’obtenir tous les jetons de decks. Mais est-ce que je garde un si bon souvenir de cette addiction passagère ?
Après les cartes en gros pixels, et après avoir upgradé mon PC, j’étais prêt pour un gros AAA. Ça tombe bien, Horizon Forbidden West Complete Edition est sorti sur PC en mars, et j’en ai eu plein les yeux en HDR Widescreen. Je pardonne même à Aloy de ne pas savoir se taire cinq minutes et de m’avoir spoilé la moitié des énigmes du jeu.
J’ai alterné avec le DLC d’Elden Ring bien entendu. J’imagine que d’autres seront dithyrambiques sur “la verticalité du titre” et “ses décors incroyables”, et je ne pourrais qu’être d’accord avec eux, mais je pense que tout a déjà été dit, en bien comme en mal. Mais mention spéciale quand même à ce cavalier qui devient invincible lors de ses sauts.
Par contre, petite révélation en avril avec un jeu pourtant assez mal reçu : Harold Halibut, qui m’a touché d’une manière inattendue. Cette histoire simple d’un agent d’entretien paumé et déconnecté des autres, entouré de gens qui l’ignorent gentiment, pour finalement trouver sa place dans l'inattendu. Peu de jeux vous font jouer quelqu’un d’autre que le héros de l’histoire, et il a trouvé un écho particulier en moi. Ce n’est certainement pas un jeu à conseiller à tout le monde (le rythme est assez lent), mais si vous êtes réceptif au message simple du jeu, c’est un indéniable candidat au GOTY du cœur.
Et paf, en mai, arrive l’autre Metroidvania. Beau, maniable, une carte dense remplie dans le moindre pixel de secrets derrière d’autres secrets, Animal Well arrive à secouer un genre engoncé dans ses petites pantoufles. Aucun combat, que des énigmes malignes, de l’observation, la possibilité de passer des pans de jeu avec un peu de skill sans que ça ne casse le jeu (on reviendra sur cette notion plus tard), et bien sûr tout le méta-jeu qui a titillé le fan de Noita en moi.
En mai également, et dans un autre registre, Duck Detective: The Secret Salami a été un petit bain frais avant de plonger dans le dur de cette fin d’année. Avec des mécaniques similaires à un Golden Idol choupi mais mettant un peu plus l’emphase sur la partie enquête, j’espère que le jeu a trouvé son public et amènera une suite au moins aussi ambitieuse. Petit prix, grand plaisir.
Le milieu d’année était donc prometteur, et puis j’ai lancé World of Goo 2, The Operator et Black Myth: Wukong. Rien de spécial à dire sur le premier sinon que c’est World of Goo et qu’on se demande toujours ce qui a motivé une suite si similaire après autant de temps. Le deuxième a été une petite déception que l’on peut lire ici, le troisième par contre m’a soufflé le chaud et le froid. Loin du gothique d’Elden Ring, la bande-annonce et l’intro du jeu m’ont tout de suite captivé. Encore plus après avoir vu certains passages en stream : un ennemi qui vous fige et vole votre fiole de soin au milieu d’un combat pour vous montrer à quel point vous êtes insignifiant pour lui, c’est l’humiliation ultime bien loin devant le boss final de Shadow of the Erdtree. Mais manette en main, les combats n’ont aucun feedback. L’exploration se fait sur des chemins très balisés. J’ai abandonné immédiatement. Très chaud d’y retoucher s’ils corrigent les impacts ou intègrent un mode histoire dans le futur.
Offert avec mon CPU, j’ai donc touché à Star Wars Outlaws. C’est toujours impressionnant de voir cette débauche de moyens incroyables, d’animations, de décors, de doublages, tout ça pour finir avec un jeu aussi fade. Scénario plat, mise en scène convenue, mécaniques d’infiltration pétées, exploration déjà vue – je propose un moratoire sur les phases de plateforme à base de peinture jaune à suivre –, j’y ai probablement mis plus d’heures qu’il en méritait. Il paraît que certains trucs ont été corrigés récemment ; je lui donnerai peut-être une seconde chance. Même si la créature censée être mignonne A DES PATTES DE TARENTULES SUR LA TÊTE.
Pas très bien écrit, c’est le cas aussi de The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom. Ça n'aurait pas été un problème s’il n’y avait pas des dialogues interminables et redondants toutes les cinq minutes. Ce qui n’aurait pas non plus été un problème si les énigmes avaient été intelligentes ou qu’on ne pouvait pas quasiment toutes les résoudre avec le kit de base. On se fait doucement chier, pour rester poli, et les quelques fois où on essaie de s’amuser avec des echoes, on finit par casser le jeu. Et là j’en reviens à Animal Well où ces moments ont été prévus, car ici, on casse réellement le jeu : on déclenche des cinématiques avant d’en avoir vu d’autres, et on finit par revenir en arrière car on a zappé 25 % du contenu. Ça fera de chouettes moments à Speedons, mais le jeu passe complètement à côté de son concept. Ma prise chaude : s’il n’y avait pas eu Zelda dans le titre, il aurait été balayé d’un revers de main par la critique. C’est en tout cas à cause de sa parenté que je n’ai pas abandonné, à tort, après le deuxième donjon soporifique précédé d’une quête insipide similaire à la précédente, pour finalement m’avouer vaincu dans la dernière ligne droite.
Heureusement, le dernier opus du génial Joe Richardson est également sorti. Si vous ne connaissez pas, que vous êtes un peu sensible à l’humour absurde des Monty Python et que vous n'êtes pas allergiques aux point-and-click à l’ancienne, allez tout de suite acheter la trilogie dont Death of the Reprobate est le volet final.
Et enfin, mon GOTY : Rise of the Golden Idol. Un concept simple (des tableaux où il faut déduire et comprendre ce qu’il s’est passé) qui révèle le jeu le plus intelligent sorti cette année. Il arrive à créer ces petits moments “mais oui, mais c’est bien sûr !” très satisfaisants en vous donnant l’impression de ne jamais vous tenir la main pour arriver aux conclusions. Et cette suite arrive à se diversifier encore plus dans les choses à réaliser dans chaque tableau.
En VR, j'ai voulu être le Batman, mais Batman: Arkham Shadow m’a échappé des mains car indisponible sur PC et Quest 2. J’y ai joué un peu sur le casque du boulot et c’est un incroyable jeu, mais désolé, Meta, je ne vais pas repasser à la caisse pour un seul jeu, d’autant qu’il me reste d’autres perles à faire (The 7th Guest VR, Metro VR ou le remaster de The Wanderer, par exemple). Je croise les doigts très fort pour une sortie PC.
Dans les mentions plus que notables, le DLC d’Oxygen Not Included (The Frozen Planet) m’a accompagné toute l’année pour quelques dizaines d’heures, et Red Matter 2, acheté lors de soldes, un peu moins radical dans les énigmes que le premier, avec des scènes d’actions pas vraiment nécessaires, mais une expérience incroyable au demeurant.
Vous avez remarqué que j'aimais les jeux d'énigmes. C'est pourquoi j'ai caché trois clés Steam dans mes screenshots. Bonne chasse ! Et indiquez-le dans les commentaires quand vous en avez trouvé une. Je donnerai des indices dans trois jours !
Alors, pourquoi l’année des mauvais choix ? Parce que trop de temps passé sur des jeux pas mauvais, mais pas très bons non plus, alors que j’aurais pu toucher à Minishot Adventures, Lorelei and the Laser Eye, le remake de Silent Hill 2, Hellblade 2, Nine Sols, The Holy Gosh Darn, Mindcop ou même Pacific Drive. Je viens heureusement de me lancer dans S.T.A.L.K.E.R. 2, qui va bien remplir mes envies d’urbex en milieu hostile, et Spider-Man 2 arrive sur PC début d’année prochaine. Et promis, je corrigerai mes erreurs à coups de backlog bien trop rempli ! (Sauf si FF7 Rebirth débarque…)