Connexion
Pour récupérer votre compte, veuillez saisir votre adresse email. Vous allez recevoir un email contenant une adresse pour récupérer votre compte.
Inscription
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation du site et de nous vendre votre âme pour un euro symbolique. Amusez vous, mais pliez vous à la charte.

Un Rédacteur Factornews vous demande :

ACTU

[Popcorn] Glass Onion

Nicaulas par Nicaulas,  email  @nicaulasfactor
 
Rian Johnson est un cinéaste qui aime férocement casser les jouets des autres, souvent avec un cynisme plaisant. On ne reviendra pas ici sur Star Wars VIII, tentative audacieuse de brûler 40 ans de lore que les fans avaient logiquement perçu comme un crachat au visage, mais que les non-fans comme moi adorent pour son iconoclasme (je défendrais ce film jusque dans ma tombe). Dans Knives Out, c’était la vieille aristocratie anglo-saxonne qui servait de cible : tous les personnages étaient odieux à l’exception de Marta (Ana de Armas), immigrée latino au centre de l’intrigue, et Benoît Blanc (Daniel Craig, visiblement très heureux de s’éloigner de James Bond), détective privé irrévérencieux et efficace.

Le film a certes relancé un genre suranné, le whodunnit, mais se moquait également beaucoup de deux des plus grosses séries de la décennie, The Crown et Downtown Abbey. Mais il s’inspirait beaucoup du Gosford Park de Robert Altman, le film à l’origine de la franchise Dowton Abbey, transformant un paisible manoir du Massachusetts en champ de bataille de la lutte des classes.

Cette résurrection d’un genre n’a pas vraiment enfanté de films à la hauteur : Kenneth Branagh continue à pondre des adaptations d’Agatha Christie molles du genou (Mort sur le Nil pour le dernier en date), et le tout récent See How They Run se moque des whodunnits chiants et prévisibles en étant lui-même un whodunnit chiant et prévisible, pour ne citer que deux d’entre eux. L’annonce d’un deuxième film mettant en scène Benoît Blanc, avec toujours Johnson à la réalisation, avait tout de la bonne idée, surtout avec le pognon de Netflix pour garantir un nouveau casting à la hauteur du premier.

Glass Onion, donc : en plein confinement à cause du Covid-19, une bande d’amis se retrouve sur une île grecque pour une murder party. L’hôte des lieux est Miles Bron (Edward Norton), un milliardaire copie carbone d’Elon Musk qui fait bénéficier de ses largesses ses plus anciennes connaissances et les invite régulièrement à ce genre de sauterie. Mais cette année, Benoît Blanc a lui aussi reçu une invitation, ainsi qu’Andi (Janelle Monae), ancienne associée de Bron qui s’est fait éjecter de l’entreprise façon Social Network. Bien évidemment, un vrai meurtre vient perturber la fausse murder party, l’occasion pour Blanc de résoudre un nouveau whodunnit.



Ou pas. Tout comme SWIII voulait tout cramer pour faire repartir la saga sur de nouvelles bases, Glass Onion prend un malin plaisir à faire exploser, figurativement et littéralement, le genre ressuscité par Knives Out. Soyez prévenus : si vous aviez aimé le premier, il y a un risque non négligeable que vous détestiez celui-ci. Bien sûr, il y a toujours le discours politique omniprésent, et tous les personnages sont plus détestables les uns que les autres. Même si leurs profils se sont modernisés : une ex-mannequin raciste, un twitcheur masculiniste ou encore une femme politique opportuniste. Et le film reprend, à partir de son deuxième acte, la thématique de la lutte des classes entre une femme racisée et des bourgeois.

Mais pour le whodunnit, vous pouvez vous brosser : Rian Johnson n’est pas là pour ça. Difficile d’expliquer comment et pourquoi sans dévoiler une grosse partie de l’intrigue, alors on va juste se contenter d’un petit exemple : au début du film, les personnages sont invités à la murder party en recevant une boîte dont les verrous sont des énigmes. Tandis qu’ils commencent à réfléchir à comment l’ouvrir, le film fait apparaître un perso qui résout les énigmes à leur place, les privant et nous privant du plaisir de la découverte. Tout le film est traversé par cette sensation que Johnson nous donne un nouveau jouet correspondant à ce qu’on attend d’une suite de Knives Out, pour nous le reprendre immédiatement des mains et le casser sous nos yeux.

Cela ne fait pas nécessairement de Glass Onion un mauvais film. D’ailleurs, le troisième acte s’avère particulièrement jouissif, s’attaquant férocement aux milliardaires à la Musk, au techno-bullshit de la Silicon Valley ou au concept absurde de la disruption. C'est même miraculeux que Netflix ait laissé se faire jusqu'au bout un film qui n'hésite pas à mordre la main qui le nourrit. Et puis, les décors et la photo sont superbes, le casting est impeccable, Daniel Craig s’en donne à nouveau à cœur joie, les dialogues sont ciselés et on s’amuse dans l’ensemble beaucoup. N’en attendez juste pas un nouveau Knives Out.
Rechercher sur Factornews